[m-yaz 2017] Louna Véga sur la fréquence radieuse (Sukumvit) - Version imprimable +- Rendez-vous au 1 (https://rdv1.dnsalias.net/forum) +-- Forum : Le coin des écrivains (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-10.html) +--- Forum : Les AVH (Aventures dont vous êtes le héros) (https://rdv1.dnsalias.net/forum/forum-11.html) +--- Sujet : [m-yaz 2017] Louna Véga sur la fréquence radieuse (Sukumvit) (/thread-3039.html) Pages :
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RE: Louna Véga sur la fréquence radieuse (Sukumvit) - Jehan - 29/08/2017 [Révélations à suivre.]
Sukumvit ayant précisé qu’à l’origine, son A.V.H. devait être une nouvelle, j’ai choisi une approche originale : privilégier systématiquement le choix qui apporte le plus à la narration. Pas celui que me paraissait logique ou bon pour mon personnage, non, celui qui enrichissait le plus l’histoire : se travestir, se mettre en danger aux toilettes… Résultat : j’ai terminé Louna Véga sur la fréquence radieuse en une seule tentative. Les occasions de quitter irrémédiablement le bon chemin sont pourtant multiples. Comme dans Tan Noz, le récit est très linéaire, mais contrairement à ce dernier, les écarts ne pardonnent pas : c’est un pur one-true-path. Le plaisir du jeu consiste donc à trouver le bon chemin en profitant de l’histoire, et quand elle est aussi prenante, ça ne me gêne pas de recommencer… même si, en l’occurrence, je n’ai pas eu à le faire. Petite remarque avant de continuer : pourquoi n’y a-t-il pas de liens cliquables dans le P.D.F. ? C’est quand même beaucoup plus pratique. Revenons à l’histoire… Elle est prenante. L’univers est intrigant… Quel est le mystérieux projet du professeur et du garçon sans visage ? Qu’est-ce que la Municipalité (et pourquoi cette majuscule) ? J’ai découvert un jeu de rôle nommé Kult, tout récemment, et j’avais l’impression d’évoluer dans cet univers : désespéré, glauque, sale… C’est bien construit, c’est bien décrit, ça fait son effet. Mais le plus important est évidemment le personnage principal, celui qu’on incarne : Maïa Véga. Sa personnalité est très bien décrite et exerce une certaine fascination sur le lecteur — à quelques bémols près : par exemple, j’ai trouvé que le dégoût qu’elle éprouvait pour la société et les êtres humains était par moments un peu lourd. Le texte insiste peut-être trop dessus. J’ai aussi beaucoup aimé le fait qu’elle ne soit pas infaillible, que le récit ne cherche pas à en faire une Mary Sue, seul être lucide sur une Terre peuplée d’esclaves de leur condition humaine… J’ai ainsi apprécié que ses certitudes d’adolescente qui croit tout connaître de la vie soient mises à mal par certains passages : quand elle découvre que Delphine fait partie des Golems, par exemple, ou bien quand le texte nous met dans la tête du professeur, nous faisant réaliser à quel point lui et sa fille sont proches dans leur façon de penser (par exemple leur incapacité à s’intéresser aux autres). Il est savoureux de constater que Maïa a beaucoup plus en commun qu’elle ne le croit avec cet être qu’elle méprise. Une autre remarque, en passant : l’avertissement préliminaire indique que Louna Véga est la première d’une série d’aventures consacrées à la folie. Toutefois, je n’ai pas véritablement ressenti de folie dans cette histoire. Du dérangeant, du fantastique, mais de la folie, pas tellement. Les personnages ont beau être très en marge de la société, ils gardent les pieds sur terre. Mais cela ne m’a pas gêné outre mesure. J’ai trouvé la narration bien construite, la découverte des différents éléments se faisant petit à petit et tenant en haleine. Un exemple, la métaphore de la bougie : « Vous ignorez pourquoi, mais parfois vous avez l’impression de n’être qu’une bougie, avec juste assez de cire pour tenir quelques années. » À ce moment, au tout début du récit, cela n’est qu’une (très) jolie métaphore, mais au fur et à mesure que l’histoire se découvre, cela prend un tout autre sens. Cet aspect prédictif se retrouve à d’autres moments, comme lorsque Maïa se travestit en homme : l’impression que lui donne son reflet dans la glace fait penser au professeur… ce qui prend un sens réjouissant lorsque vient la révélation sur son père. Enfin, j’ai beaucoup aimé toute la symbolique autour de Spoutnik, de la sphère, des bips, et toutes les analogies faites autour. Cela crée vraiment une atmosphère de mystère, cela donne corps à un univers qu’on a très envie d’arpenter. C’est très bien fait, à mes yeux. J’ai eu un petit peu plus de mal avec le style, en revanche. En fait, c’est bizarre… D’un côté, je le trouve bon, voire très bon, mais de l’autre, il y a certaines choses qui me gênent. Commençons par le bon : l’intro est très belle, et l’enchaînement avec le premier paragraphe (« Vous êtes Maïa Véga ») est excellent. Le conte raconté par le garçon sans visage est joli. Mais le texte abuse parfois des métaphores et des figures de style, au point d’en devenir confus. Certaines tournures sont très jolies, vraiment, mais d’autres m’ont laissé perplexe. « Saigner de l’aurore », « gouttes de silence », « un pollen luxuriant »… Ces phrases (et d’autres) m’ont paru un peu maladroites. Je pense qu’un petit peu plus de sobriété aurait favorisé l’A.V.H., car en plus, le style est parfois volontairement obscur, tout en sous-entendus, et peut perdre le lecteur qui n’arrive pas à fournir l’effort intellectuel suffisant (c’est souvent mon cas). Par exemple : « Il pouvait vraiment les tuer toutes les deux. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait pu le laisser devenir si proche sans éprouver d’angoisse. » Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu’il y a derrière cette phrase : le fait qu’il puisse la tuer, elle et sa fille, la rassure ? Pourquoi pas, mais rien ne revient par la suite sur cette étrange assertion, du coup je ne sais pas quoi en penser. Autre exemple (promis, c’est le dernier), la parataxe (répétition de phrases courtes sans lien syntaxique entre elles) : « Ce noir, ce rouge… Son visage d’homme. Inverser. Tout inverser. » Qu’est-ce que cela signifie… ? Pour terminer, j’ai repéré quelques fautes (désolé, je ne les note plus au fil de mes lectures, c’est trop fastidieux) ainsi que quelques répétitions. Exemple (j’ai menti !) : « (…) Vous retrouvez avec plaisir la confiance que vous donne ce changement d’apparence. Se sentir dans la peau d’un homme vous donne davantage de confiance en vous (…). » Mais malgré ces petits défauts, Louna Véga sur la fréquence radieuse reste une de mes lectures préférées de ces mini-Yaz. Je suis curieux de découvrir la suite, désormais. RE: Louna Véga sur la fréquence radieuse (Sukumvit) - Sukumvit - 09/10/2017 Je te remercie pour ce retour très intéressant. Tu me fais découvrir certains liens que je n'avais pas vu. Pour le style, le côté too much est dû simplement au fait que j'ai en gros placé tout le contenu du premier jet sans faire presque aucun travail de coupe, parce que j'ai en général besoin de beaucoup de temps pour prendre de la distance et distinguer ce qui est bon de ce qui l'est moins, et comme l'objectif est de le remettre sous forme de nouvelle après cette version cohérente au niveau de l'intrigue, j'ai prévu de le faire à ce moment-là. Pour la suite, la série aura quatre tomes, et effectivement le 2 approfondira certains points obscurs de l'intrigue de Louna Véga. Dans le 2 on en saura un peu plus sur la Municipalité, ce qu'elle compte faire avec la fréquence radieuse, et sur les Golems. On interprétera cette fois-ci un agent de pompes funèbres qui se trouvera être malgré lui un objet de désir convoité par beaucoup. Mais je ne peux pas trop en dire car cela serait impossible de ne pas trop spoiler. Cela s’appellera "cercueil avant l'heure". |