Rendez-vous au 1

Version complète : La relecture finale
Vous consultez actuellement la version basse qualité d’un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Nous avons abordé plusieurs parties de la construction d'une AVH dans cette section.
Aujourd'hui, si nous nous penchions sur la dernière étape, la relecture finale ?

Ultime vérification avant mise à disposition, correction des fautes d'orthographe et de français, vérification des différents choix et de leurs concordances, retouches... Comment abordez-vous cette phase, amis auteurs ? Est-ce une simple formalité ou bien plus ?

Pour ma part, la relecture finale est quasiment toujours un cauchemar : c'est souvent à ce moment là, en relisant, que me viennent de nouvelles idées, l'envie de retoucher, rectifier un passage, de changer un nom... Comme en plus je ne suis jamais satisfait, j'ai tendance à voir, lors de la relecture, les défauts uniquement et de passer à côté des qualités. Tant et si bien que la relecture est rarement finale en ce qui me concerne. Il m'arrive de reprendre des passages entiers, de réécrire des paragraphes entiers, de rajouter ou d'enlever... Et très souvent, mon AVH vraiment terminée est bien différente de celle d'avant la relecture.
Est-ce pareil pour vous ? Ou êtes-vous du genre à vraiment seulement relire, sans rien retoucher ou presque (si c'est le cas, je sais pas comment vous faites...) ?
Citation :Ou êtes-vous du genre à vraiment seulement relire, sans rien retoucher ou presque (si c'est le cas, je sais pas comment vous faites...) ?


D'un point de vue d'informaticien, le mieux c'est de ne rien toucher et de demander aux autres de tester. Comme ça, ce sont les autres qui font le boulot Smile

D'un point de vue littéraire, en 1ere étape je n'écris pas trop dans les détails, restant sur la suite structurelle des événements. Je fais cela justement parce que je sais qu'en lecture "finale", je vais pas arrêter de modifier des phrases. Donc je fais exprès de poser en 1er jet des § appauvris.

Par contre, effectivement, je ne touche plus à la structure ou très rarement.

Enfin, quand je suis satisfait, je fais lire à mon épouse.
Et pis je refais tout ...
Wink Smile Smile



Citation :un cauchemar

je valide...
Point délicat en effet. En ce qui me concerne, si je peux, je faire relire par quelqu'un d'autre. Bruenor a relu Le Manuel de la Ligue Communale, l'Epreuve des Clans et le Trônde d'Arion, Merlinpinpin avait relu Disruption. Pour la Vierge des Vents c'est l'équipe d'Alko Venturus qui relit.
Cela dit, il faut être honnête: en dehors de la Vierge des Vents justement aucun de mes textes ne pourrait être publié par un éditeur en l'état. L'intérêt des Yaz et mini-Yaz c'est aussi de faire partie du processus créatif pour moi, je n'ai pas l'objectif d'y présenter un produit "fini".
Avec la future publication de "Dirsuption", je suis plus proche de ce qu'on peut appeler "relecture finale". Là aussi, je suis aidé par d'autres personnes. Oui, il y a la tentation de rajouter des éléments. De toutes façons, chaque fois que je me relis j'ai envie de changer des trucs. Un texte reste vivant.
D'un point de vue littéraire, en 1ere étape je n'écris pas trop dans les détails, restant sur la suite structurelle des événements. Je fais cela justement parce que je sais qu'en lecture "finale", je vais pas arrêter de modifier des phrases. Donc je fais exprès de poser en 1er jet des § appauvris.

Pareil : je pose action, décors, personnages en les décrivant au minimum et c'est lors de la relecture finale que je détaille, précise, affine, retouche... Par contre, une fois que c'est fini, je suis tout à fait capable de revenir sur ce passage un quart-d'heure après et de tout chambouler. J'ai beau savoir que le mieux est l'ennemi du bien, ça m'arrive souvent. Infernal.
Par contre, ces derniers temps, j'ai plus tendance à enlever, à retirer, à faire plus sobre lorsque je relis. Less is better...

@ Gynogege : il m'est arrivé aussi de reprendre des AVH "terminées", surtout après les feedback, pour les enrichir ou retoucher. Par contre, je ne fais jamais lire mes AVH à quelqu'un, ou alors juste un passage.
Je distingue trois choses dans mes relectures :

- La qualité du français, des tournures, etc : c'est en général pas le plus difficile.

- La cohérence de l'intrigue : je peux me rendre compte que j'aurais dû proposer tel autre choix, que certaines actions des personnages ne sont pas logiques, que j'aurais pu simplifier... Quand ça affecte un simple paragraphe, ça va. Si c'est une série de paragraphes, ça devient vite l'horreur.

- Le test du livre pour voir s'il est finissable relativement facilement : ça me permet de mesurer si la multiplication des paragraphes crée une difficulté cachée, insoupçonnée lors de l'écriture et de trouver les mécanismes pour la corriger.

J'essaie de travailler en amont pour éviter que ces deux derniers points ne prennent trop la tête.
En-dehors du fait que je retouche des passages entiers, le plus difficile lors de ma relecture finale, ce sont ce que j'appelle les "paragraphes communs" : plusieurs itinéraires différents se rejoignent sur un gros paragraphe avant de repartir à nouveau. Et là, il faut bien vérifier que tout concorde sur ce paragraphe, éviter de parler d'un PNJ, d'un objet, d'un évènement qui ne serait pas présent dans l'un des itinéraires qui mènent ici... C'est souvent là que je m'arrache les cheveux. Des fois, pour un PNJ, pour juste un fait anodin, je suis obligé de copier le fameux paragraphe commun en changeant juste une ligne...
Je ne fais pas de véritable relecture entre le moment où j'achève d'écrire le dernier paragraphe et celui où je balance l'AVH sur Internet. À ce stade, je n'ai plus le degré d'attention nécessaire pour procéder à un examen efficace et j'ai encore moins la patience de différer le moment de la publication. Ma relecture se fera plus tard, avec le bénéfice des commentaires reçus et du temps que j'ai eu pour réfléchir.

À noter qu'il m'arrive de toute façon rarement d'apporter des changements vraiment significatifs à une aventure achevée. Dans le "Pensionnat des Ombres", j'ai modifié (quelques semaines après la publication) le contenu d'un passage dont l'atmosphère ne me paraissait pas satisfaisante, mais j'ai conservé la structure à l'identique. Dans le "Pensionnat" et "Au cœur d'un cercle", plusieurs années après la publication initiale, j'ai rajouté un nombre substantiel de paragraphes pour épaissir des passages qui me paraissaient offrir trop peu d'options. Mais c'est tout ce qui me vient à l'esprit. J'ai passé pas mal de temps sur la relecture de "Fleurir", mais il s'agissait seulement d'y apporter des corrections stylistiques (et j'avais un relecteur dont l'aide s'est montrée très précieuse).
J'essaye d'aller aussi loin que possible dans la relecture, mais je commence à me freiner sur ce sujet, car ça peut devenir, à force d'insister, contre-productif. A vouloir peaufiner des corrections stylistiques (genre chasser à tout prix les répétitions), on en arrive à perdre l'intention originelle, et de passer de quelque chose peut-être imparfait mais spontané et vivant à un texte certes expurgé, mais plus fade et sans aspérités. Et plus je relis, plus je ne vois que les défauts (ma motivation en prenant un coup, sans compter la fatigue et la lassitude qui altèrent le jugement), alors que le lecteur, lui survolera souvent rapidement l'ensemble sans forcément s'attarder sur chaque détail.

Comme Gynogege, je pense qu'il faut aussi faire la différence entre AVH proposées sur Litteraction dans le cadre des concours (ou pas) et un projet d’édition digne de ce nom qui doit faire intervenir des personnes dont c'est le métier ou la fonction de relire/corriger.

Un petit truc que j'utilise depuis peu et qui m'aide assez niveau rythme, style, répétitions c'est de transformer mon fichier en pdf, l'ouvrir avec Edge par exemple, et de lancer la lecture automatique à haute voix. C'est loin d'être parfait, mais d'entendre son texte lu par une autre personne permet d'identifier (je trouve) plus facilement des tournures bancales, des répétitions ou des tics d'écriture, et de manière plus générale se rendre compte si l'ensemble est fluide, cohérent ou dysharmonieux.
(23/05/2022, 23:03)Outremer a écrit : [ -> ]Je ne fais pas de véritable relecture entre le moment où j'achève d'écrire le dernier paragraphe et celui où je balance l'AVH sur Internet. À ce stade, je n'ai plus le degré d'attention nécessaire pour procéder à un examen efficace et j'ai encore moins la patience de différer le moment de la publication. Ma relecture se fera plus tard, avec le bénéfice des commentaires reçus et du temps que j'ai eu pour réfléchir.

Pareil pour moi. Je trouve que c'est déjà un tel soulagement d'arriver enfin à finir une AVH que dès qu'elle est complète et fonctionnelle, je la mets en ligne. Sinon, il y a le risque d'être éternellement insatisfait, de douter, de tout réécrire pour un résultat pas forcément meilleur. Et c'est la crise de nerfs assurée. :-)

Il faut mieux s'arrêter, prendre du recul, et laisser les autres vous faire des retours (le Forum RDV1 est fait pour ça...). Cela permet souvent de relativiser certains points qu'on pense être des défauts mais qui passent comme une lettre à la poste auprès des lecteurs, et au contraire de découvrir d'autres points dont on avait jamais soupçonné la faiblesse.

En revanche, une fois l'AVH en ligne, je m'autorise à mettre à jour régulièrement le fichier qui est en ligne, notamment si on me remonte des coquilles ou des erreurs de renvoi, ou si j'ai de nouvelles idées de paragraphes pour rajouter des petits bouts d'histoire à certains endroits. Et je relis régulièrement des passages au hasard pour traquer les fautes, les coquilles, et les répétitions.

Ce n'est pas facile, mais je pense qu'il faut accepter qu'on propose une œuvre forcément imparfaite et que la version qu'on propose ne sera toujours que provisoire/temporaire. Un roman est une œuvre vivante, il n'y aura jamais de version définitive. Dans l'histoire de la littérature (notamment au XIXe siècle et XXe aussi), il y a de nombreux exemples d'auteurs ayant proposé dans le temps plusieurs versions d'un même roman, voire modifiant leur roman à chaque réédition.
@ Gwalchmei : 
Et plus je relis, plus je ne voix que les défauts (ma motivation en prenant un coup, sans compter la fatigue et la lassitude qui altèrent le jugement)
Tout à fait ça en ce qui me concerne... Un cauchemar je vous dis...

Je suis assez d'accord sur l'idée, qui semble partagée par beaucoup, qu'une AVH n'est jamais vraiment terminée et peut être retouchée. Moi-même, j'ai repris Retour à Griseguilde après publication sur Litteraction, la faisant passer de 400 à 450 paragraphes et j'ai réaménagé Les tambours de Shamanka de fond en comble à deux reprises. Il n'y a qu'Alshaya que je n'ai jamais retouchée. C'est d'autant plus vicieux que j'ai été "prisonnier" de Shamanka tout au long de l'écriture de la trilogie : comme j'ai créé des "passerelles" entre les trois volumes, je suis revenu parfois sur des personnages, des lieux, des évènements des tomes précédents, ce qui m'a donné de nouvelles idées, de nouvelles évolutions, pour des histoires terminées depuis longtemps.

Je pense que ça peut d'ailleurs être un défaut de ce choix, une trilogie ou une saga se déroulant dans le même espace-temps : au fur et à mesure qu'on avance, il y a des références aux tomes précédents et inévitablement, on réfléchit à nouveau sur ce qu'on a écrit au début, avec parfois des envies de changer, d'améliorer. Pour moi, en tous cas, le cordon est difficile à couper : Les Tambours de Shamanka date d'il y a six ans et j'ai toujours des idées, des améliorations sur Ronan, Olmec, Méroé...
(24/05/2022, 14:36)Voyageur Solitaire a écrit : [ -> ]@ Gwalchmei :
Et plus je relis, plus je ne voix que les défauts (ma motivation en prenant un coup, sans compter la fatigue et la lassitude qui altèrent le jugement)
Tout à fait ça en ce qui me concerne... Un cauchemar je vous dis...
Là, je vois par exemple que j'ai mal orthographié "vois" / "voixLOL LOL LOL
Voyageur Solitaire a écrit :En-dehors du fait que je retouche des passages entiers, le plus difficile lors de ma relecture finale, ce sont ce que j'appelle les "paragraphes communs" : plusieurs itinéraires différents se rejoignent sur un gros paragraphe avant de repartir à nouveau. Et là, il faut bien vérifier que tout concorde sur ce paragraphe, éviter de parler d'un PNJ, d'un objet, d'un évènement qui ne serait pas présent dans l'un des itinéraires qui mènent ici... C'est souvent là que je m'arrache les cheveux.

Les paragraphes convergents, je trouve que c'est tout le sel de ce type d'écriture. Wink
Les auteurs des années 80 avaient pour solution des paragraphes communs lapidaires. Nous mettons la barre plus haut, désormais.


Outremer a écrit :Je ne fais pas de véritable relecture entre le moment où j'achève d'écrire le dernier paragraphe et celui où je balance l'AVH sur Internet. À ce stade, je n'ai plus le degré d'attention nécessaire pour procéder à un examen efficace et j'ai encore moins la patience de différer le moment de la publication. Ma relecture se fera plus tard, avec le bénéfice des commentaires reçus et du temps que j'ai eu pour réfléchir.

C'est ça, de sortir ses AVH le 31 décembre à 23h58. Tongue


Voyageur Solitaire a écrit :Il n'y a qu'Alshaya que je n'ai jamais retouchée. C'est d'autant plus vicieux que j'ai été "prisonnier" de Shamanka tout au long de l'écriture de la trilogie : comme j'ai créé des "passerelles" entre les trois volumes, je suis revenu parfois sur des personnages, des lieux, des évènements des tomes précédents, ce qui m'a donné de nouvelles idées, de nouvelles évolutions, pour des histoires terminées depuis longtemps.

On voit tout le mérite qu'a eu Steve Jackson à l'époque avec Sorcellerie.