Rendez-vous au 1

Version complète : Question technique d'écriture : "continuer au"
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Hello à tous,

j'ai une question :

- quand vous écrivez un texte qui contient l'information A + C et que vous avez un autre texte qui contient B + C

est-ce que vous scinder en
 A -> continuer au 123->  C
 B -> continuer au 123->  C

ce qui a pour effet de générer 2 paragraphes avec un choix unique, de donner l'impression au lecteur qu'il va sur une "case" commune, mais aussi de stimuler l'interaction 

ou est-ce que vous écrivez tel que décrit , ce qui a pour effet de préserver un choix aux paragraphes, mais en termes d'écriture est pénible

Autrement dit, visuellement :

[Image: continuer.png]

??
Bon... étant donné l'expectative explicite de vos réponses, je vais aller au bout de ma pensée :

Côté écriture, c'est quand même largement plus simple de faire la solution 2 (à droite) en utilisant des choix uniques "continuer au"

La question est le ressenti côté lecteur : Moi, je ne sais pas.

Je pense que le fait de cliquer par petits paragraphes qui se suivent, sans autre choix, est aussi un héritage des donjons où on tourne en rond: les paragraphes sont des pièces dans lesquelles on peut revenir, et nécessairement à un moment des pièces qui se succèdent.
Ca évite aussi des grands texte-placard et permet un rythme plus soutenu.

Mais dans le cadre stricte d'une narration : je ne sais pas.

La question se pose parce que techniquement je peux faire en sorte que tous les choix "continuer" soient automatiquement réintégrés en fin du paragraphe précédent, et donc éliminés, sans que le lecteur voit la manip.

Oui, mais si c'est bien (je ne le sais toujours pas) en première lecture, en terme de rejouabilité, le lecteur ne verra pas qu'il est "presque" déjà passé par là ...

Donc, pour combler mon ignorance, un partage de vos intuitions serait bienvenu , quitte à définir un protocole de test pour en finir avec une ignorance partagée Smile


Mon avis (et je sais déjà qui est contre) est qu'il vaut mieux alors faire un faux choix pour maintenir une attitude côté lecteur , exemple exagéré : "rdv au 15 en sifflotant"/ "rdv au 15 en grommelant" ( ca ne change rien? Oui ! on s'en fiche ! on joue le rôle !" ), au lieu d'un "continuer au 15"
J'ajoute qu'en arrivant au 15, il peut y avoir une mention "si vous êtes arrivé en grommelant, ajoutez 1 pt en agressivité"

bref, la question est : côté lecteur est-ce que le non-choix est désagréable ou simplement culturellement accepté comme une nécessité technique ?

Smile
Pour être franc, il m'a fallu un moment pour bien comprendre la question...  Mrgreen

Je dirais qu'en général, quand j'impose des paragraphes qui se suivent sans proposer aucun choix, ce sont de gros paragraphes, qui doivent être coupés sous peine d'être trop lourds. Par exemple, dans le premier volume de ma trilogie sur Shamanka, quand Olmec explique à Ronan l'histoire de son peuple et de Méroé, cela s'étale sur deux paragraphes conséquents qui se suivent. Pareil quand on s'installe à la cour de Méroé et qu'on découvre ceux qui nous entourent et notre nouvel univers. Ce sont des paragraphes longs, explicatifs, qui nécessitent une coupure.
En général, j'essaie de les insérer après un passage mouvementé ou de sérieux combats, ça donne au lecteur l'impression d'une pause, de reprendre son souffle. Comme dans Retour à Griseguilde après avoir délivré Marala de la Tour des Dieux où l'on fuit en ballon et où on bavarde un moment avec les autres avant d'entamer la dernière partie du voyage. Par contre, les petits paragraphes sans choix, j'évite, je fais tout pour les fusionner au maximum.

En tant que lecteur, je dirais que les paragraphes qui se suivent sans choix, ça va un moment mais pas trop. Sinon, j'ai l'impression d'un roman et plus d'une AVH, j'ai l'impression de ne plus avoir de prise sur l'histoire, de ne plus choisir et qu'on m'impose le récit. Après, ayant la double casquette lecteur/auteur, je peux aussi comprendre que l'auteur, des fois, n'a pas le choix...
Mais d'une manière générale, pour moi, le lecteur ne doit justement rien percevoir de ce qui est "technique". La technique, c'est le domaine de l'auteur, c'est la face immergée de l'iceberg. Un peu comme le maquillage : pour être réussi, il ne doit pas se voir...
(19/04/2022, 07:07)Voyageur Solitaire a écrit : [ -> ]Je dirais qu'en général, quand j'impose des paragraphes qui se suivent sans proposer aucun choix, ce sont de gros paragraphes, qui doivent être coupés sous peine d'être trop lourds. (...)
En général, j'essaie de les insérer après un passage mouvementé ou de sérieux combats, ça donne au lecteur l'impression d'une pause, de reprendre son souffle. (...)
Par contre, les petits paragraphes sans choix, j'évite, je fais tout pour les fusionner au maximum. (...)
En tant que lecteur, je dirais que les paragraphes qui se suivent sans choix, ça va un moment mais pas trop. Sinon, j'ai l'impression d'un roman et plus d'une AVH, j'ai l'impression de ne plus avoir de prise sur l'histoire, de ne plus choisir et qu'on m'impose le récit.
Complètement d'accord avec toutes ces remarques. Je rajouterai juste une petite suggestion : si on doit scinder en 2 un gros paragraphe, il faut essayer de le faire judicieusement, en le mettant par exemple à un endroit où il y a un petit cliffhanger, pour créer un peu de suspense, relancer l'intérêt du lecteur, et lui donner envie de lire la suite. Ci-dessous 2 exemples (un peu caricaturaux) pour illustrer mon propos.
Exemple 1 :
- il ne nous reste plus qu'un seul espoir, déclare le mage.
- lequel ? demandez-vous.
Rendez-vous au XXX.
Exemple 2 :
La première semaine de la traversée se passe sans encombre, mais soudain des voiles noirs apparaissent à l'horizon...
Rendez-vous au XXX.
Après, l'écriture peut être une aide aussi : si le paragraphe à scinder est vraiment long, l'auteur doit s'efforcer de le raccourcir, de l'alléger au maximum, en évitant fioritures et détails inutiles. Mais c'est pas évident si on est un auteur à la Tolkien ou à la Clark Ashton Smith, amateur de phrases amples, chargées et de descriptions détaillées... Je dirais que là, c'est le vocabulaire qui prend toute son importance : utiliser des mots justes, évocateurs, pour en dire le plus avec le moins de mots possibles.
Citation :je peux aussi comprendre que l'auteur, des fois, n'a pas le choix...


C'est très intéressant, parce que je pense que l'auteur tombe souvent sur ce problème . Ce qui signifie que ta façon d'écrire ne te confronte pas tant que ça au problème.

De mon point de vue, structurellement, dés que tu donnes la possibilité au lecteur de "fouiller" un endroit, ça se fini obligatoirement par un choix unique
exemple :

On imagine que en A le lecteur peut rester dans la pièce pour fouiller ou partir en B
idem A1, A2 , A3
obligatoirement en A3 il y a un choix unique

blanc = §
bleu = choix


[Image: continuer001.png]



Citation :Sinon, j'ai l'impression d'un roman et plus d'une AVH, j'ai l'impression de ne plus avoir de prise sur l'histoire, de ne plus choisir et qu'on m'impose le récit.


On est parfaitement d'accord.
Sauf que, à faire le tour de tous les fictions interactives, visual novel, jeu otome et autres nouvelles adaptations des fondamentaux des AVH , je remarque que ça clic à tout va, presque phrase par phrase, comme si on enchainait des "continuer"
Personnellement je trouve ça insupportable, mais, je dois bien accepter que c'est "une façon de lire" de plus en plus courante qui vient certainement d'une adaptation à la lecture sur mobile, une perte du plaisir de lire, et la difficulté d'écrire un vrai texte.
Et donc, il se pourrait qu'on ne soit pas beaucoup à partager ce sentiment d'un récit linéaire et que pour tous les autres, le simple fait de "continuer/clic" suffise à générer un sentiment de liberté (j'exagère car cette idée est effrayante)

J'ouvrirai un post sur un sujet de fond la-dessus Smile



Citation :je fais tout pour les fusionner au maximum.


Ok aussi. Sauf que je trouve qu'en termes d'écriture, c'est vite le bord... d'avoir des copier-coller de § en doublon . Mais oui. Tu as raison. Je réfléchis à une automatisation, sous condition, du raccord d'un § à choix unique dans son § précédent du point de vue du lecteur... pas certain que ce soit une solution, on verra
 


Citation :Complètement d'accord avec toutes ces remarques. Je rajouterai juste une petite suggestion : si on doit scinder en 2 un gros paragraphe, il faut essayer de le faire judicieusement, en le mettant par exemple à un endroit où il y a un petit cliffhanger, pour créer un peu de suspense, relancer l'intérêt du lecteur, et lui donner envie de lire la suite. Ci-dessous 2 exemples (un peu caricaturaux) pour illustrer mon propos.


Oui ! Triple oui ! Et merci pour cette astuce évidente à laquelle je n'avais absolument pas pensé !
C'est peut-être ça la solution : une alerte quand l'auteur écrit "continuer" ou "retourner" l'invitant à considérer une autre formulation !
dès que tu donnes la possibilité au lecteur de "fouiller" un endroit, ça se fini obligatoirement par un choix unique

Oui et non.
Je prends un exemple avec ma prochaine AVH. 
On peut passer un moment dans une salle de jeu et, à l'arrivée, on a le choix entre trois jeux différents. Pour les deux premiers, on peut jouer et, quand on a terminé, on peut (si ce n'est déjà fait) passer à l'un des autres jeux. Mais pour le troisième jeu, la partie se révèle assez longue et du coup, quand on a terminé, on réalise que le jour s'achève et qu'il faut partir. 

On peut avoir le même principe avec ton exemple de fouiller une pièce :
On peut regarder dans le fond de la pièce/dans l'alcôve/dans la cheminée.
Si on regarde dans le fond de la pièce, on trouve tel objet et, si ce n'est déjà fait, on peut regarder dans l'alcôve ou la cheminée. Si on regarde dans l'alcôve, on ne trouve rien et on se voit proposer, si ce n'est déjà fait, de regarder dans le fond ou dans la cheminée. Si on regarde dans la cheminée, on découvre un passage secret pas très engageant qui s'enfonce dans l'obscurité. Et là, on peut proposer soit de l'emprunter, soit de ressortir de la pièce.

Par contre, à l'écriture, faut pas se mélanger les pinceaux et surtout ne pas oublier de préciser "si ce n'est déjà fait" quand on propose les choix.
Je vois, effectivement .

au lieu d'une sorte de linéarité ascendante à la "plus d'info ?" , tu proposes tous les choix d’emblée ce qui permet au lecteur d'aller au bout, ou pas, et dans l'ordre qu'il veut

Ainsi le lecteur peut aller sur A2 ou A3 dans l'ordre qu'il veut, ce qui élimine les choix uniques visuellement, car techniquement ca fini par un seul choix.

Le "si vous n'y êtes pas déjà allé" est très malin ! Smile

ce qui donnerait ça

[Image: continuer002.png]
Effectivement, je propose tous les choix d'emblée, généralement dans un de ces paragraphes "communs" (où se rejoignent tous les itinéraires précédents). Cela permet souvent de proposer trois, voire quatre choix suivant l'histoire.
Et en général, sur ces nombreux choix, je m'arrange pour qu'il y en soit un qui débouche sur autre chose, comme avec le passage secret de la cheminée dans mon exemple précédent. Ou alors, un des choix te fait rater quelque chose (comme mon exemple de la salle de jeu où, si tu te joins à la partie de cartes, celle-ci dure si longtemps qu'à la fin, c'est le soir, la maison va fermer et donc, tu ne peux pas essayer les autres choix).

Je trouve que c'est très stimulant pour le lecteur au niveau re-jouabilité, ça donne envie de découvrir ce à côté de quoi on est passé.
Et aussi, ça peut introduire un passage "caché" : on ne rencontrera cette personne, on ne découvrira cet objet, que si on fait impérativement tel choix en premier par rapport aux autres. Sinon, si on fait d'autres choix avant, c'est raté, la personne est partie ou l'objet a été trouvé par un autre.
Après, comme je l'ai dit, niveau écriture, faut pas s'emmêler les pinceaux...
Il y a une astuce similaire dans Cœur de glace. Dans un complexe avec plusieurs étages, on peut utiliser différents services, mais si on ne choisit pas d’aller voir le médecin en premier, on ne peut plus aller le voir après car ses horaires de travail sont passés. J’avais trouvé ça plutôt malin.
C'est surtout réaliste et ça renforce la cohérence de l'univers je trouve : le lecteur n'évolue pas dans un monde figé, qui attend son bon vouloir. Autour de lui, les gens vivent également, le temps passe, le monde tourne. Dans mon exemple, si la partie de cartes dure longtemps, il est normal qu'à la fin, le lecteur n'ait plus le temps de faire autre chose.

On peut imaginer la même chose pour une bibliothèque avec, à l'entrée, trois livres disponibles. Il peut y en avoir un plus important que les autres et quand le héros a fini de le consulter, la bibliothèque va fermer, il lui faut partir et il n'a pas la possibilité de lire les deux autres.
Ah oui ! très bon le coup de "t'as 4 choix mais il y en a un qui n'est possible que maintenant " !
Qui peut se renverser en "si tu commences par A2 ou A3, tu n'auras pas le temps de A1"

jolie " pattern " ! (en l’occurrence A1 n'est accessible qu'une fois sans qu'on ait besoin d'indiquer des conditions genre "si vous avez lu A2 ou A3 , A1 n'est plus là", c'est structurel)

[Image: contiuer003.png?a]
Comme je suis en plein dans la réécriture de Loup*Ardent, je suis assez régulièrement confronté aux différents problèmes évoqués. Pour les structures en A+C et B+C, cela dépend de la continuité logique. L'information de A change-t-elle en lien avec C ou bien cela n'a-t-il pas d'incidence. Fais-je référence à A ou à B de manière exclusive dans le paragraphe suivant ou proche ? En fonction des réponses, j'utiliserai la schéma 1 ou le schéma 2. Je pense surtout que le plus important, c'est de ne pas avoir l'impression — ou plutôt d'essayer d'en minimiser l'impression (avec Loup*Ardent et sa structure en chapitre, c'est rigoureusement impossible) — d'arriver à un paragraphe qui ne soit pas un carrefour (mais cela finira par se voir avec les relectures, évidemment). J'essaie dans mon écriture avant tout de privilégier la continuité logique pour le lecteur ; si je peux m'épargner un paragraphe, tant mieux ; si un paragraphe supplémentaire est nécessaire, écrivons-le. Ensuite, bien souvent, comme il a déjà été souligné, l'arrivée au paragraphe suivant peut engendrer une différence (Ajoutez 1 point au total d’Habileté de Loup*Ardent ou N'ajoutez pas 1 point au total d’Habileté de Loup*Ardent).

Surtout, pour éviter les tunnels — que je déteste — j'essaie d'agencer l'aventure pour qu'il y ait toujours des choix, ou des retours ou des paragraphes offrant un indice supplémentaire : paragraphe tunnel (si vous venez du, si vous avez l'indice X, aller au... puis revenez ici). J'estime que les tunnels — sauf exception — sont une sorte d'arnaque ludique. Quand je vois que j'enchaîne les paragraphes sans choix, outre le fait de gonfler artificiellement le nombre de paragraphes, j'ai le sentiment que l'on essaie de me vendre une action, un choix, alors que je me fais juste balader. Je préfère — et de loin — trois pages de texte à trois paragraphes d'une page (ce qui revient absolument au même).
Donc j'essaie surtout de ne pas me retrouver coincé avec des configurations comme ceux de ton exemple.

Pour le coup de la pièce, j'en ai mis deux ou trois en place avec plusieurs choix. Notamment le fait de pouvoir quitter la pièce. Mais à un moment, un choix nous fera quitter la pièce avec un autre numéro. Idem avec passer devant la pièce (y entrer : numéro 200), puis repasser plus tard devant (et hop, numéro 300), ce qui permet de créer des variations en fonction des choix effectués sans pour autant choisir un chemin. On peut bien sûr cumuler tout ça. Maintenant, cela n'échappera pas à un lecteur perspicace qui se doutera qu'il y a anguille sous roche. C'est à cela que je travaille en ce moment — éviter de mettre la puce à l'oreille pour concevoir des effets semi-labyrinthiques dans les choix de paragraphe.