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Ayant fini plus tôt que prévu, nous avons tenté un Contrée de l'Horreur, qui s'est avéré beaucoup plus long que les Chevaliers. Partie curieuse : nos personnages se sont assez bien boostés, n'ont quasiment eu aucun combat à livrer et ont été généralement chanceux avec régularité, mais on perdu à cause de la piste de victoire d'Azatoth qui a fait un speed run. J'apprécie les simplifications apportées par rapport à HàA, mais j'ai trouvé quand même la partie "encore" trop longue, surtout après celle des Chevaliers qui était rapide. Pourtant, je commençais enfin à être un peu plus à l'aise au niveau des règles et à prévoir mes coups à l'avance. Mais globalement, le jeu me paraît toujours un peu lourd à gérer, même si Skarn veillait à ce que ça tourne vite...
Pour les Contrées, deux erreurs de la VF sur les fiches de personnages à noter :
Le soldat ne peut être ni retardé ni détenu sauf s'il choisit de l'être (dans la traduction actuelle, il est marqué qu'il ne peut ni être retardé, ni être retardé).
Le pouvoir du marin ne s'applique effectivement que sur la case où il est, pas sur toutes les cases de mer.
Une fois de plus, nous étions un petit groupe d'investigateurs à nous dresser seuls contre je ne sais plus quel Grand Ancien. Il y avait un soldat baraqué, un trompettiste de jazz, une espionne possiblement russe, un marin dont le torse nu exposé aux embruns suscitait l'extase de ses compagnons, et Patrick Balkany.
J'étais l'espionne et son pouvoir spécial (qui permettait de relancer deux dés au lieu d'un en casquant un indice) n'a fait que mettre en valeur mon extrême malchance aux dés au cours de cette soirée. Ma capacité à rater des tests a longuement fait fi des probabilités.
De manière générale, nous n'avons guère été performants. Il y a eu un moment où presque tous les portails étaient ouverts sur le plateau et j'ai regretté - un peu tard - de ne pas avoir repris Akachi. Quand à notre première mission (tuer un monstre mythique), nous ne l'avons accomplie que juste avant que le Grand Ancien se réveille et nous avale en guise d'apéritifs.
Les individus mal intentionnés affirmeraient peut-être que Balkany - qui s'est retiré en cours de partie dans une luxueuse clinique privée en prétextant un malaise subit - a vendu l'humanité au Grand Ancien. Heureusement, il ne reste plus d'individus mal intentionnés sur cette Terre, ni qui que ce soit d'autre d'ailleurs.
Ah mais c'est plutôt normal d'avoir perdu, faut pas jouer le jeu de base avec Patrick Balkany, le jeu de base n'a pas été conçu pour.
Balkany c'est un perso de l'extension "Défoncer des Portes Ouvertes" donc il est très mal calibré pour fermer des portails.
C'est également l'extension où la carte
Rejoindre l'équipe gagnante sera réimprimée. Ainsi que le
Messager, plus connu sous le nom d'Alain Juppé (on parle d'un allié que vous pouvez sacrifier pour éviter d'être éliminé du jeu).
Sinon, les dés sont l'ennemi. Ils nous haïssent. Ils veulent notre peau. Ils complotent dans l'ombre pour amener notre perte. Ils sont l'incarnation du chaos primaire et destructeur, des millions de Stormbringer en plastique, bois, métal dévorant notre âme en échange de l'illusion du pouvoir mais trahissant systématiquement au pire moment.
Remarque qu'a Robinson on a pas été très chanceux non plus en explorant la plage... Comme quoi les probabilités c'est du flan.
Un pigeon, ça a quelque chose d’émouvant. Ca avale tout en comptant sur la chance pour que ce soit du bon grain. Et avec du bagout, de l’entregent et de la cervelle – trois choses dont moi, Patrick B., je ne manque pas – les pigeons peuvent te pondre des œufs en or.
Des pigeons, j’en tenais trois et des beaux : un soldat avec le QI d’un hareng, un astronome mûr pour la maison de retraite et une chamane accro aux champignons. Avec eux, ce qui était beau, c’est qu’il n’y avait pas besoin de se fatiguer à inventer des trucs compliqués. Un jour où j’avais bu trop de whisky, j’ai trouvé rigolo de faire porter une caisse de fruits exotiques au soldat en affirmant que ça lui serait très utile. Après avoir dessaoûlé, je me suis dit qu’il allait forcément réaliser que je me foutais de sa gueule. Mais non ! Ce couillon m’a envoyé un message de remerciement en expliquant qu’il avait réussi à vendre tous ces fruits contre un dollar qui lui manquait pour acheter je ne sais trop quoi. Quant à l’astronome… hé hé, j’y reviendrai plus tard.
Le problème, avec les pigeons, c’est qu’il faut de la patience pour qu’ils rapportent bien. Mes associés ne veulent pas comprendre ça. Avec eux, c’est toujours « Oui, Patrick, on aime beaucoup ce que tu fais, mais pourquoi est-ce qu’on ne peut pas détruire le monde tout de suite ? » ou encore « Non, Patrick, on ne peut pas ouvrir nos portails maléfiques dans des endroits plus discrets ! ». Et il faut négocier pendant trois plombes pour qu’ils acceptent de changer quoi que ce soit.
Tout ça me prenait tellement de temps que je ne pouvais plus rester en contact fréquent avec mes pigeons. Il allait peut-être tout de même éventuellement leur venir l’idée de se dire que mon comportement avait quelque chose de louche, donc j’ai pris les devants : je leur ai envoyé Isa pour leur dire que j’étais mort, volatilisé, qu’il n’y avait pas de corps à examiner, pas de témoin de la disparition et que ce n’était pas la peine d’enquêter. Ils ont tout avalé. Des pigeons de compétition, je vous dit ! Isa est restée en contact avec eux pour éviter qu’ils ne fassent n’importe quoi.
Ayant désormais les coudées franches, je suis allé voir Yog et je lui ai dit franchement : « Yog, tu déconnes plein pot. Tes grands rituels qui durent des semaines, tes passages vers des mondes où les gens sont des cônes, tes monstres moches et nuls, tout ça ne vaut pas un clou. Ce qu’il faut, c’est de la sub-ti-li-té ! » Il a fallu du temps, mais j’ai réussi à le convaincre de me laisser aux commandes.
Au cours de ces négociations, j’étais tout de même revenu sur Terre quelques fois pour me tenir informé et me détendre un peu. La malchance m’a fait plusieurs fois croiser la route de mes pigeons, dont une fois dans un sauna de Helsinki, où j’ai cru que j’étais grillé. Mais je les avais vraiment bien choisi : l’astronome était incroyablement bigleux, la chamane perpétuellement défoncée et le soldat insondablement bête. Ils n’ont jamais réalisé que c’était moi et pas juste un type qui me ressemblait beaucoup.
Je n’ai pas traîné pour lancer ma grande manœuvre. J’ai fait croire à mes pigeons qu’il leur restait juste une dernière petite chose assez simple pour arrêter les plans de Yog, mais qu’il ne fallait surtout pas traîner. Ils sont tombés dans le panneau sans la plus petite difficulté. Terrifiés à l’idée de manquer de temps, le soldat et la chamane n’ont pas hésité à conclure des pactes maléfiques pour aller un peu plus vite en besogne. C’est pas beau, ça ? En un clin d’œil, ils se mettaient entièrement à la merci de mes associés. Isa a aussi conclu un pacte pour les encourager, mais le sien était du pipeau sans conséquence, bien sûr.
L’astronome n’en a pas fait autant, mais ça n’avait aucune importance. Bien plus tôt, ce vieux croulant avait accepté une « eau bénite » que je lui avais envoyée. Il s’en est bêtement aspergé et cela l’a placé sous l’emprise d’une puissante « bénédiction ». Il s’est étonné par la suite de voir qu’elle ne disparaissait pas. Hé hé hé, tu m’étonnes !
Bref, maintenant que les pions sont à nous, lla phase deux du plan de mes associés ne devrait rencontrer aucune opposition lorsqu’elle débutera bientôt. Sous ma supervision et contre une juste rémunération, bien sûr.
Ah ! ce Patrick… Qu’aurait-on fait sans lui ?
Mon astronome, en tout cas, rien. Jusqu’à ce qu’il récupère son flacon d’eau bénite en suppliant comme un mendiant le député des Hauts-de-Seine politicien de San Francisco, il s’était distingué par une inutilité qui n’était pas sans rappeler la déchéance de son alter ego joué par Lyzi au cours de sa première partie, foirant son rituel, perdant son sort, s’égarant dans une obscure ville texane au point d’être retardé…
Une fois béni, toutefois, il aura su se montrer d’une efficacité raisonnable, participant à la résolution des mystères et à la fermeture des portails, et aidant plusieurs fois ses camarades à garder leur santé mentale, grâce à un sort fort utile, et qu’il aura réussi à garder toute la partie — tout comme sa bénédiction. Cette dernière m’a sauvé la mise tellement de fois, tant les dés s’acharnaient à ne pas me donner plus de 4, que j’ai essayé de négocier avec Skarn pour la ramener chez moi et l’encadrer. Allez savoir pourquoi, il n’a pas voulu.
Un perso mort, trois liés à un sombre pacte et un dernier perdu dans le temps et l’espace… Je crois que c’est ce qu’on appelle une victoire à la Pyrrhus. En même temps, c’est tout à fait dans l’esprit lovecraftien !
Je suggère que vous mettiez dorénavant le nom du jeu à chaque fois. Cela pourrait m'éviter de croire que vous avez joué à Pigeon Vole.
@Outremer : j'ai ajouté une nouvelle partie à celle existante de ma Critique de Coeur de Glace sur la Taverne, pour présenter l'édition Megara. On en parle pas mal aussi dans les sujets discussion, ça bouge.
J'ai une question à te poser, un point de détail:
Sais-tu pourquoi il n'est plus proposé de créer un perso de toute pièce en choisissant ses compétences ? Merci.
(04/09/2015, 07:21)VIC a écrit : [ -> ]Je suggère que vous mettiez dorénavant le nom du jeu à chaque fois. Cela pourrait m'éviter de croire que vous avez joué à Pigeon Vole.
Tu n'as pas tort, je dérapais vers le sombre domaine des "private jokes".
C'était une partie des "Contrées de l'Horreur" que nous avons gagné in extremis, après avoir conclu un nombre assez inquiétant de sombres pactes. "Patrick B." est le petit nom que nous avons donné au politicien, qui a disparu en cours de partie dans des circonstances assez louches...
Citation :@Outremer : j'ai ajouté une nouvelle partie à celle existante de ma Critique de Coeur de Glace sur la Taverne, pour présenter l'édition Megara. On en parle pas mal aussi dans les sujets discussion, ça bouge.
Merci de me le signaler, je vais jeter un coup d'oeil.
Citation :J'ai une question à te poser, un point de détail:
Sais-tu pourquoi il n'est plus proposé de créer un perso de toute pièce en choisissant ses compétences ? Merci.
Un choix éditorial, j'imagine. Je n'étais pas au courant avant de recevoir mon exemplaire.
@Outremer : merci ! Curieux, ce Patrick B. me dit quelque chose... Voyons voir, un Patrick B qui fait de la politique. Ah, j'y suis :
c'est Patrick Bouchitey : il est acteur comme les politiciens. Ou alors c'est Patrick Bruel : il est acteur et grand bluffeur au poker comme les politiciens.
Curieux, je ne savais pas que l'un ou l'autre était député dans les Hauts-de-Seine.
Les Hauts-de-Seine aussi ça me dit quelque chose... ça doit être un nouveau portail de l'extension...
@Aragorn : tu es donc maintenant implanté en région parisienne. J'espère que le groupe te chouchoute pour rendre ton acclimatation plus facile. Amuse-toi bien.
@tous : bonne idée d'avoir renommé le sujet.
Un acteur très certainement.
Un qui aime jouer les grands ducs.
Pas un mot sur la guerre sino-canadienne que nous n'avons pas manqué de provoquer en susurrant des mots étranges à l'oreille de l'empereur nippon et en débarquant à Vancouver avec assez de kérosène et de dynamite pour réduire la ville en cendres ?
Ni sur le tremblement de terre qui a rayé de la carte les pyramides, et, très certainement, la plupart des grandes villes d'Égypte du même coup ?
Au bien sur les prêtres de Yog-Sothoth auxquels nous avons abandonné Sidney sans le moindre remord, les shamans fous à qui nous avons laissé tout l'Ouest de l'Afrique, et tous les monstres un peu partout dont nous avons ignoré les exactions avec la plus grande satisfaction ?
Voilà un rapport partial et chauvin bien digne
d'un habitant de Levallois d'un redneck américain.
Ma mémoire est floue. Je n'avais pas pris de notes (mais Jehan si, donc on compte sur lui) et une partie des fêtes de fin d'année se sont intercalées depuis.
Il y avait Patrick Balkany. Avec un couteau rituel et auréolé de flammes.
Il y avait un repris de justice et un scientifique fou. Une lance couverte de sang. Une mer de cadavres plus ou moins humains dans les rues de Londres.
Il y avait la conseillère spirituelle de la famille Bettencourt (celle qui expliquait à Madame que l'idéal pour son karma, c'était une généreuse donation à Patrick). Avec un fusil à pompe et une épée rituelle. Constamment en transe mystique.
Il y avait un aventurier gueule cassée. Après chacune de ses visites à l'île de Pâques, les étoiles reculaient.
Il y avait une actrice. Belle. Folle. Une grotesque idole de pierre. Un calendrier solaire.
Nous étions les gentils.
Enfin, il paraît.
J’ai jeté mes notes. Comme la partie a été interrompue, faute de temps, je trouvais que ça ne valait pas tellement le coup de revenir dessus.
C’est dommage, car le début était très intéressant. Ça aurait fait un beau roman résumé.
(Les Contrées de l'Horreur, 5 tours avant l'apocalypse)
La nuit était descendue sur le monde entier. De l'autre côté du portail flamboyant de couleurs impossibles, il était déjà possible de deviner des formes dont la monstruosité était un défi jeté à l'imagination humaine.
Dressée face à cette faille qui se creusait dans la réalité, la chamane s'efforçait d'achever le rituel désespéré qu'elle avait entamé avec ses compagnons, seul espoir d'échapper à cet avenir de destruction absolue. Elle épuisait ses forces, ses connaissances, sa volonté... et ce n'était pas suffisant. Peut-être sa maîtrise des arcanes s'était-elle amoindrie sous l'influence corruptrice de la civilisation. Peut-être était-ce l'influence du sombre pacte qu'elle avait été obligée de conclure et qui, elle en avait le pressentiment croissant, souillerait tôt ou tard ses mains du sang d'un de ses alliés. Peut-être la tâche qu'elle s'était assignée était-elle simplement trop difficile pour n'importe quel être humain. Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait pas achever le rituel.
Mais peut-être pouvait-elle donner une chance à ses compagnons de le faire, songea-t-elle en abandonnant toute retenue dans l'usage de ses pouvoirs.
- Je ne... mourrai... pas en vain !
Il y eut une immense explosion ésotérique dans laquelle se désintégrèrent la voix, la pensée et l'existence d'Akachi Onyele.
Le rituel était aux trois quarts accompli.