[48] L'Arpenteur de la Lune
#31
(26/02/2012, 16:52)VIC a écrit : => mais qu'est-ce que font ces foutues clés réparties aux 4 coins du labyrinthe? Si à chaque fois que Zagor veut ouvrir son coffre, il doit se taper des kilomètres de donjon pour récupérer les 3 clés, faut avouer que ce n'est pas crédible.

Zagor glisse une de ses cartes le long de chaque serrure pour faire glisser les loquets. Wink
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#32
Demi-critique (car je n'en suis qu'à la moitié de ma relecture, après avoir bouclé l'enquête à Port Noir) : les impression que j'avais eu, ado, se confirment.

Demi-teinte. Une écriture maîtrisée mais des liens entre situations un peu lâches, d'excellentes scènes (l'asile de Kauder-Welsh... la quête des éléments de Notura... surtout, surtout, Conrad Zaar) mais courtes, résolues chacune en quelques paragraphes, et collées entre elles façon patchwork. Certains épisodes viennent sans qu'on sache pourquoi (Argolis l'enchaînée... le village hanté par les Zombies de la Peste...). Les scènes d'action manquent de tonus, dommage car par ailleurs on repère des qualités littéraires (des questions oratoires pour se jouer du lecteur, par ex.) Une intrigue plutôt floue, on se saisit mal du personnage et du contexte (histoire / géographie). Pour éviter cela, l'intro aurait dû être + détaillée, à la manière de La Créature venue du Chaos.

Frustration : au début, les actions les plus logiques au regard des faits font rater des objets ou tomber dans des pièges tendus par Gruul. Pour s'en sortir, il faut laisser crever le commanditaire, jouer les pilleurs, prendre des décisions illogiques. Le héros qu'on incarne est plus proche du premier communiant ingénu que du chasseur de primes rusé : les choix et le texte nous poussent à tomber dans tous les pièges, jamais aucun indice ou instinct ne nous met en garde !

La VF : bof,traduit au kilomètre sans se relire. Le monstre des égouts est tantôt "L'Horreur" tantôt "Les Horreurs"... les objets à trouver au 200 des « flacons » de Notura alors qu'un seul est vraiment in vitro... un véhicule qui est manifestement un coche ou une diligence est appelé carriole... le message codé de Belthegor n'est pas adapté en français (merci à CEBA pour l'avoir fait)... les noms des Talents Spéciaux sont assez moyennement rendus en VF...
Un sacré paquet d'illustrations manquantes, dont une carte !

Stephen Hand tente de donner un tour moins enfantin aux DF, avec un livre qui multiplie les clins d'oeil à des mythes du cinéma et à ses propres anciens livres, les bons ingrédients sont réunis mais le soufflé ne prend pas forcément.

Restera tout de même... une sacrée ambiance, quelques scènes marquantes, un imaginaire qui change agréablement du médiéval-fantastique standard, le non-OTP qui permet des relectures, un retournement final concernant notre personnage, une impression de quelque chose de différent de nombre des autres DF, impression qui suffit à placer malgré tout ce livre dans les bons titres de la série.
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#33
(06/10/2013, 08:40)Dagonides a écrit : Traduction : bof, le gars a traduit au kilomètre sans se relire. Le monstre des égouts est tantôt "L'Horreur" tantôt "Les Horreurs", les éléments de Notura sont appelés au 200 des "flacons" de Notura alors qu'un seul se présente sous cette forme, un véhicule qui est manifestement un coche ou une diligence est appelé carriole, le message codé pour le don de Belthegor n'est pas adapté en français (merci à CEBA pourl'avoir fait), les noms des Talents Spéciaux sont assez moyennement rendus en VF.

Oui. Mais comme je le disais autre part, on croise également un "vieux guerrier blanchi sous le harnois".

Et ça, ça n'a pas de prix !!
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#34
Martigan, pour rester dans les qualités de l'ouvrage, un PFA rare :

Citation :338
Vous gisez sur le sol [...]. « Tsss, tss, fait Hogg, déçu. J'aurais cru avoir affaire à plus forte partie ! C'est toi, oui on nous, le héros de cette histoire ? »
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#35
Etant en train de me refaire les DF 15 ans après les avoir découverts au collège, j'ai bien des surprises. La plus grosse des 20 livres que j'ai lus est Stephan Hand.
En fait, j'ignore pour quelle raison, mais plus jeune j'avais catégorisé jeune SH dans les auteurs subtils.
Je suis donc tombé de haut, en découvrant du gros rouge qui tache à tous les niveaux, mais à côté Ian Livingstone est un enfant de cœur. En ce qui concerne l'arpenteur de la lune, on explique le wtfisme de cette aventure par la limitation des §, mais non. Car plus que l'absence totale de cohérence, ce qui est fascinant c'est l'absence totale de volonté de créer une cohérence. (presque une / paragraphe dans la vengeance des démons, je rejoins l'avis d'Ashimbabbar là-dessus : c'est encore au-delà du nanar pour moi). Clairement, écrire un ldvelh cohérent n'est pas ce qu'il l'a préoccupé ? Mais alors, qu'a-t-il essayé de faire ? On peut comme Ashim juste voir ça comme de la paresse intellectuelle, mais j'ai essayé de comprendre.  
Dans l'interview de lui disponible en français, SH considère à demi-mot que sa démarche était très prétentieuse à l'époque. On comprend aussi qu'il a détesté assez vite ses deux patrons. Il est - mais cela n'engage que moi - plus probable que, blasé d'un manque de reconnaissance et étant satisfait de ses deux 1er livres (les fleurs qu'il se lance dans l'interview !), il se soit contenté d'aller à l'essentiel et ait bâclé ce livre.
Autant je considère ses deux précédents comme des échecs par manque de cohérence, L'arpenteur de la lune est au contraire l'un des ldvelh les plus réussis et funs à jouer (alors qu'il conserve les mêmes défauts !). Est-ce parce que SH a vraiment enfin assumé sa méthode ?
Je me suis souvenu que l'arpenteur de la lune était un des ldvelh que j'avais le plus le petit, et je crois même que c'est lui qui a le plus influencé mes débuts d'auteur.

En gros, la méthode Hand, c'est :
1/ Fuck la cohérence de l'ensemble, on s'en fiche.
2/ L'important, c'est que chaque élément pris à part soit ultra-fun (pas cohérent ni lié au reste, juste fun) : c'est à dire constamment surprenant et délirant, et ce de manière progressive si possible. Certains passages de la légende des guerriers fantômes, on est quasiment dans le cartoon. Étonner à tout prix, que les pièges soient tous plus fous et incongrus les uns que les autres.
3/ L'ambiance n'est pas créée par le style, mais par une surcharge d'éléments qui sature le lecteur jusqu'à ce qu'il finisse par laisser tomber son cerveau et accepte tout sans rechigner. A la sulfateuse. Préférer une ambiance baroque pour cette méthode, car plus adaptée.
4/ § les plus courts et synthétiques possibles. Il faut que ce soit hyper rythmé, et les § doivent s'enchaîner avec fluidité sans temps mort. Fluidité est le maître mot : on s'en fout de faire du beau, de l'inspirant, il faut que le lecteur passe du haut au bas de la page sans même y réfléchir. C'est très important (et d'ailleurs c'est un des éléments qui pèchent dans la vengeance des démons) : le lecteur doit être pris dans un tel tourbillon (voir point précédent) qu'il n'a pas le temps de réfléchir à la cohérence de ce qu'il lit ! Et comme les lecteurs aiment l'action, et que cela rend le style plus accessible et reposant... strike.
5/ Il faut des embranchement tout le temps et partout : un § sur 2 doit se finir par un choix (ou l'emploi d'un objet ou capacité). C'est juste l'essence même du ldvelh. C'est un crédit qu'il faut apporte à SH : lui il aime profondément le ldvelh, et tout ce qui fait sa spécificité.
6/ Il utilise beaucoup la non-linéarité, et il a raison puisque avec de § courts et des pièges partout, ça augmente à fond la tension et le rythme.
7/ L'unité de base du DF, c'est le piège. Saturer l'aventure de pièges, partout partout partout, si possibles peu mortels (un PFA, on sait qu'on est mort, donc pas de tension).


Tous ces éléments combinés, dû je pense à un relâchement dans la motivation de SH et une radicalisation de sa méthode, font que malgré son niveau de 1 incohérence / § à peu près, un style très concis et classique si ce n'est sa fluidité, l'arpenteur de la lune marche très bien est c'est l'un des meilleurs DF, le plus amusant des 20 que j'ai lus, le seul que j'ai dévoré d'une traite avec gourmandise (alors qu'après la lecture des deux précédents de SH, je ne m'attendais vraiment à rien).

Retrouver ce livre qui m'a fait tant rêver petit a donc été un vrai retour aux sources, je me suis rappelé pourquoi c'était si marrant d'écrire des ldvelh il y a dix ans quand j'ai commencé. Un bon préparatif si jamais il y a une suite avec posidonia. Du gros rouge qui tâche.
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