[YAZ 2021] Le rire de Gorulga
#16
Mes respects en retour Sunk.
Tout d'abord, c'est cool de te revoir parmi nous, je suis heureux que les esprits des chemins et les gardiens des intersections t'aient remis sur notre route.

Alors franchement... Je garderais l'arborescence déjà établie.
Déjà, ta première AVH chamanique avait été un succès, pourquoi changer une équipe qui gagne ?
Deuxièmement, pour un retour après une longue absence, c'est plus facile de s'y remettre je pense avec une arborescence déjà prête.
Donc, à moins d'avoir eu entre-temps une toute nouvelle idée, pourquoi tout chambouler ? Eventuellement, une retouche ici ou là, pourquoi pas...

Comme je l'ai écris dans le sujet "Jamais satisfait ?", j'ai souvent tendance à tout effacer et repartir à zéro, débordant d'enthousiasme et empli d'énergie avec une réécriture de la mort qui tue, cette fois je le tiens mon Nobel de l'AVH... Pour que tout retombe très vite... Le mieux est parfois l'ennemi du bien, on l'oublie trop souvent.

Alors, tu n'es peut-être pas comme moi mais comme tu me poses directement la question : de par mon expérience personnelle, sauf si entretemps tu as eu une méga-géniale-idée qui change tout, autant rester sur ce qui était prévu. Quitte à quelques légers aménagements ici ou là.

Prends soin de toi.
Anywhere out of the world
Répondre
#17
MErci mon pote Smile

Pas de nouvelle idée géniale, juste une story d'il y a 11 ans qui sur papier, était ma foi assez sympa, je pense, mais putain 480 sections à taper quoi !!
Vais voir si je peux tronquer des chemins (peut être facultatifs et/ou superflus).
Je vais suivre les sages conseils d'un grand voyageur.
Pour info je n'ai pas lu ta trilogie, je me plonge dans mon arborescence, revoir certains trucs et ensuite j'essaierais d'attaquer la lecture de tes avh, je ne veux pas être influencé malgré moi ni "voler" inconsciemment" tes idées et visions (chamaniques ?!).

Prends soin de toi aussi et de tes proches Wink
lorsque chantent les cigales, sois sûr d'avoir des glaçons au congel... Proverbe provençal amateur de pastaga
Répondre
#18
Cette aventure m'a fait penser à la Forteresse d'Alamuth (déjà un bon point!). L'objectif est de se rendre dans une lointaine forteresse ennemie et d'en rencontrer le maître, la différence étant qu'on n'y va pas pour discuter mais pour le tuer. La partie voyage est très longue, avec une multitude de chemins, de rencontres, d'objets et de renseignements à glaner. On évolue dans plusieurs paysages.
Il faut entrer dans la Forteresse de Maliki par la ruse et une fois dans la place, l'explorer pendant un certain temps avant la rencontre finale.

Voyageur Solitaire privilégie comme d'habitude l'ambiance, les descriptions, le cadre et les personnages à l'action ou aux rebondissements. Les paragraphes sont longs, les personnages secondaires à l'héroïne très nombreux, à se perdre parfois dans les noms. A ce propos, le parti pris de ne pas faire noter de codes ou d'objets mais de demander au lecteur s'il a connu telle ou telle péripétie ou fait telle rencontre a ses limites. Au fil des relectures, on ne sait plus forcément si c'est cette fois-là ou lors d'un essai antérieur qu'on a obtenu le cas de figure demandé... Je ne pense pas que ça ferait sortir du récit si les objets ou informations capitales à noter étaient inscrites en gras ou en italiques dans le texte.

La structure privilégie aussi l'histoire au jeu. C'est à dire qu'un choix enverra sur une piste sensiblement identique à l'autre choix, mais qui va différer sur un détail minime, sans conséquence en termes ludiques. De nombreuses fois, on a le profil suivant :
1) blablablablablabla. Avez-vous rencontré Ronan? Oui, rendez-vous au 2. Non, rendez-vous au 3.
2) bloblo blublublublublublu. Rendez-vous au 4.
3) blibli   blublublublublublu. Rendez-vous au 4.
Je ne suis pas friand car ça gonfle artificiellement le nombre de paragraphes et rend moins claires les relectures si, comme moi, on note les paragraphes déjà parcourus. Et si l'AVH est un jour éditée, ça grossit inutilement le livre.

Ceci dit, l'histoire n'est vraiment pas linéaire. J'ai beaucoup apprécié de pouvoir explorer de nouvelles voies, apportant chacune des rencontres intéressantes. Idem pour la forteresse où il existe plein de manières intéressantes d'aborder le grand final. Je crois d'ailleurs que Maliki est mon passage préféré. Evidemment, les paysages traversés dans la nature sont joliment décrits, avec une faune particulièrement bigarrée. Mais la partie infiltration est bien maîtrisée, plus nerveuse aussi que le voyage qui souffre de quelques longueurs (le passage à Méroé, la rencontre avec Talmunjin...) La danse du serpent est vraiment fascinante et le duo de choc à la fin avec Ronan bien sympa.
Quant à jouer une reine noire féministe, indépendante et lesbienne, c'est ma foi original. Le trait est parfois un chouilla forcé mais globalement, j'ai trouvé le personnage crédible et intéressant.

Si cette AVH m'a plus emballé que les deux précédentes de la trilogie, c'est aussi car l'aspect ludique m'a plus captivé.
Au début, j'ai pesté contre les combats trop meurtriers et sans beaucoup de guérison possible, un travers déjà rencontré dans les deux premiers. J'ai longtemps pensé que le but était d'éviter au maximum les combats (comme dans la Forteresse d'Alamuth si l'on joue la règle du Jugement de Dieu) et qu'il fallait traquer les rares endroits où l'on pouvait trouver des potions.
A mon second essai, j'ai perdu car je n'avais tué aucun maître-assassin. C'était effrayant car les chemins me paraissaient multiples et ces assassins pas faciles à trouver. De plus, les combattre faisait dangereusement baisser les PV. Mais c'était excitant aussi car ça avait un côté "Sept Serpents".
D'ailleurs, je n'ai trouvé qu'un assassin sur l'île du lac et l'assassin aveugle. Je me demande bien où l'on peut croiser le troisième...

J'ai gagné l'aventure à mon 6ème essai. Et surprise, je n'ai fait au total qu'un seul combat. En dépit de ce que je pensais fortement, qu'il fallait un total de PV très élevé pour réussir, il existe donc au moins un chemin peu dangereux. Une difficulté assez bien dosée donc, même s'il faut éviter d'avoir des scores trop bas dans certaines caractéristiques comme Volonté et Furtivité.
Dommage que la toute dernière séquence contre le boss soit si vite expédiée (celle précédente de l'assassin à l'arbalète était bien plus trépidante).
Mais au final, cette quête africaine connaît un épilogue réussi.
Répondre
#19
Merci Fitz pour ce retour détaillé.

Le fait de se perdre un peu dans les noms, c'est quelque chose auquel je n'ai pas pensé... Je crois que ça vient du fait que moi, en tant que créateur de cet univers, je sais bien sûr qui est qui et que j'oublie de me mettre à la place du lecteur. C'est noté.

L'histoire peu linéaire, ça fait partie de ma signature, j'aime proposer une grande rejouabilité (même si, comme tu l'as souligné, certains passages diffèrent peu parfois). Encore plus ici où l'on effectue un long voyage depuis le sud de Shamanka en traversant la région du lac Muru, Méroé, les plaines et enfin la région des Grandes Collines. Sur un si vaste espace, il fallait proposer de nombreux chemins.
J'ai personnellement peu aimé le passage de Maliki dans le sens où je me suis perdu moi-même en tant qu'auteur dans cette foutue forteresse... Je veux dire qu'au départ, j'avais dessiné à part un véritable plan du château avec les différents trajets qu'on peut emprunter et très vite, ça ne collait pas forcément, c'était un peu bordélique... Mais au final, j'ai trouvé que cet aspect labyrinthique renforçait l'atmosphère des lieux. En plus du Jardin des Plaisirs et de sa porte à combinaison, j'ai donc rajouté quantité de couloirs et de pièces, de souterrains (où l'on peut croiser le fameux serpent de la danse) aux chambres d'embaumement en passant par la tour où l'on peut être assiégé. Au départ, le jardin était obligatoire, mais il y a au final un ou deux chemins pour l'éviter ou du moins y accéder sans passer par la porte à combinaison.

Le personnage principal ? Un peu poussé, j'en conviens mais j'assume. Comme un lecteur l'avait signalé dans une critique des Tambours de Shamanka, il y a parfois un côté très Howardien dans mes AVH, avec des personnages un peu extrêmes, un peu "too much" si je puis dire. Je me suis bien amusé en tous cas à imaginer cette fière et farouche souveraine Amazone, qui au fil de son aventure, revient un peu sur ses préjugés à l'encontre des hommes.
Faire intervenir Timkat et Ronan était prévu depuis toujours, afin de boucler la boucle. Chronologiquement, ces trois là pouvaient se rencontrer, c'était trop tentant, ça permettait de savoir ce que le guerrier nordique et le jeune nomade du désert étaient devenus et d'établir un lien, une "passerelle" entre les trois opus. J'ai fait la part belle à Ronan étant donné le gros faible que j'ai pour lui.
Quant à Kolonaki, il existe plusieurs fins différentes à son sujet et même une où il parvient à s'enfuir et où notre aventure s'achève en queue de poisson : on a certes brisé son culte et la confrérie des assassins mais il est toujours vivant et il risque de revenir un jour prendre sa revanche.
La Danse du Serpent a été réécrite trois fois avant que j'en sois satisfait. Je voulais une atmosphère à la fois sensuelle, païenne et surtout malsaine, presque révoltante. J'aurais pu mettre une danseuse bien sûr mais cela aurait été tellement attendu et aurait trop rappelé une certaine scène du film Conan le barbare... J'ai donc préféré y mettre un homme, l'occasion de créer Yusuf le danseur, le "démon de la danse". Un passage pas facile à écrire donc mais dont je suis très content au final, comme la scène d'orgie du campement des voleurs dans Alshaya.

Les trois assassins ? Influence de La vengeance du ninja et des Sept serpents bien sûr. Pour le reste, l'AVH est très inspirée du film Conan le barbare de 1982 avec cette secte, ce culte qui étend progressivement son influence sur tout Shamanka. Le passage du sacrifice nocturne sur la Colline des Singes surtout, avec ces files de pèlerins en robe à capuchon, tenant un cierge allumé et qui montent vers la colline en chantant par une nuit d'orage. Là, j'avais clairement certaines images du film en tête. C'est le jeu vidéo Assassin's creed Odyssey qui, avec son culte de Kosmos aux adeptes masqués, m'a donné l'idée de faire porter aux fidèles de Gorulga un masque d'ivoire à l'effigie du gorille. Les masques sont d'ailleurs très présents dans cet opus : ceux des fidèles de Gorulga, ceux que portent les embaumeurs dans les chambres d'embaumement de Maliki, ceux des adeptes du culte du Serpent...

Voilà, voilà.
Merci encore pour ce retour Fitz.
Si mon AVH t'a fait passer un agréable moment d'évasion et de dépaysement, j'en suis très content.

ATTENTION : ENORME SPOILER ! (je trouve plus l'icône spoiler...)
- Le premier assassin est bel et bien celui qui nous attaque au village de pêcheurs du lac Muru.
- Le second, dans l'ordre chronologique, est le tueur aveugle, que l'on peut rencontrer en route pour Maliki, avec son jeune serviteur. Si on ne le rencontre pas, on peut le retrouver à Maliki et l'affronter dans la Chambre des Ténèbres.
- Le troisième se rencontre la nuit du fameux sacrifice sur la Colline des Singes. Il ne faut pas avoir le médaillon qui permet d'assister à la cérémonie. On s'éloigne alors des pèlerins et c'est là qu'il surgit pour nous tuer. Il assiste à la cérémonie, il nous a entendu nous faire refouler par le gardien, a compris qui on est et il se lance à notre poursuite alors qu'on regagne le village où on avait fait halte pour la nuit. Si on ne le rencontre pas, on peut le retrouver à Maliki, nous attaquant à l'arbalète, embusqué derrière une colonne.
- Peut-on réussir l'AVH sans intercepter aucun des trois ? Oui, mais avec un seul et unique itinéraire, bien précis, où il faut avoir rencontré et sauvé Golgota, l'homme-buffle, qui vient alors à notre aide avec son clan tandis qu'on est assiégé avec Ronan dans la tour du jardin.
Anywhere out of the world
Répondre
#20
Bravo VS pour cette aventure, j'adore ton style. Ton texte est percutant, avec ces descriptions pleines de vie, la nature exubérante, les corps huilés, le caractère indomptable de l'héroïne, tous les personnages que l'on croise. Shamanka est un univers complet et riche. J'ai joué les tambours de Shamanka, puis je me suis plongé dans le Rire de Gorulga. L'action débute beaucoup plus rapidement que dans le premier tome ; c'est quelque chose qui m'a plu. J'ai aussi aimé revoir Ronan (désolé pour le spoiler), Méroé, le voyage, la forteresse, ...
Côté gameplay, les choix sont proposés sont très bien ficelés, avec des décisions qui parfois se répercutent tout au long de l'aventure, alors bravo pour l’arborescence de cette histoire. Sinon, je ne suis pas un grand fan du hasard dans l'attribution des valeurs de départ, alors j'ai triché un peu et me suis accordé 40 PV et 8 pour le reste. Avec ces valeurs c'était très bien balancé.
Je pense que ça aurait été super d'assister à la renaissance de Gorulga, avec une rencontre épique en finale.
Je suis un peu tatillon sur la présentation, je pense qu'au minimum le texte devrait être justifié, et peut-être aussi à quelques reprises j'ai eu l'impression qu'il y avait un abus des points de suspension, mais là on est dans les micro-détails.
Voilà, c'est pas mal mes impressions à chaud, vraiment une excellente aventure dans ce magnifique royaume de Shamanka !
Répondre
#21
Merci Flam pour ce retour !

D'un point de vue technique, les points de suspension, j'ai effectivement tendance à en abuser. Dans mes descriptions, j'utilise souvent une suite de phrases sans verbe, séparées par des points de suspension. A modérer donc. Au niveau des paragraphes, pour moi, ils sont normalement justifiés ou alors, j'ai merdé lors de la mise en page finale, c'est possible.

Pour Ronan, bien que ce soit Alshaya, le deuxième tome de la trilogie, qui soit mon préféré, j'ai un gros faible pour ce personnage. Dès le départ, j'avais l'idée de réunir les trois héros que l'on incarne dans ce dernier opus, d'en faire un trio à l'assaut de la forteresse. Mais comme certains l'ont judicieusement remarqué, à la base, c'est l'aventure d'Edenrun la reine noire, pas celle de Ronan, Timkat et Edenrun. J'ai accordé une grande place à Ronan par faiblesse, à tort peut-être. Après, il a vécu à Shamanka, a été plusieurs mois un des seigneurs de Méroé (plus ou moins contraint), a connu pas mal de monde et assisté à la chute de Méroé... A partir du moment où je le faisais intervenir, je ne pouvais pas lui donner un rôle effacé. Pour Timkat, c'était plus logique qu'il soit moins présent (on peut même ne pas le rencontrer) : c'est un solitaire, originaire du désert de Talishan, qui connaît finalement peu Shamanka et, même si son périple à travers les Montagnes Rouges dans le second tome a été bien rempli, il est resté à l'écart de la plupart des grands évènements qui ont secoué Shamanka.

Enfin, pour Gorulga et une éventuelle "renaissance", cela dépend avant tout si dans ce monde, les dieux existent bel et bien... C'est surtout son culte qui tente de renaître, à travers ses fidèles fanatisés et masqués se répandant à travers Shamanka. Même dans la scène où Kolonaki invoque Gorulga et où la statue du dieu-gorille s'anime, on ne sait pas si c'est vraiment le dieu qui intervient ou si ce n'est qu'un golem animé par magie. A chacun son opinion.

Merci pour ta lecture Flam.
Si mon AVH t'a fait passer un bon moment d'évasion et de dépaysement, j'en suis très content.
Anywhere out of the world
Répondre
#22
Je dois dire que cette AVH démarre très très bien... grosse ambiance !
Un petit point quand même: plusieurs fois je lis comme description "un homme noir". or, sachant qu'on joue une femme noir dans un univers peuplé presque intégralement de personnes noires de peau, je trouve la précision bizarre (alors que dans Shamanka au contraire c'était logique de préciser).
Répondre
#23
Ah, c'est un petit défaut récurrent, remarqué par d'autres...
C'est ma vision globale de cet univers que j'ai créé qui est en cause. Shamanka ne comporte pas que des individus noirs : il y a une majorité noire bien sûr mais aussi les seigneurs blancs de Méroé, les métis, les nomades du désert de Talishan ou de l'Enkil... Mais ça, le lecteur ne le sait pas forcément et c'est vrai que dans les régions qu'on découvre ici, quasiment seuls les noirs sont présents, la précision n'est donc pas vraiment utile.
A rectifier pour la version "livre".

Bonne lecture !
Anywhere out of the world
Répondre
#24
Oui, effectivement je comprends la complexité de l'univers. Mais comme tu le dis, on sent qu'ici la "normalité" du point de vue du personnage c'est le noir.
Je faisais la remarque justement en espérant que ça te serait utile pour la version livre.
Répondre
#25
j'ai joué cette AVH dans le cadre du Yaz : ce détail a son importance car, de moi-même, je n'aurais pas commencé la trilogie par le troisième tome sans avoir joué les deux premiers afin de bien m'imprégner du monde qui m'entoure et de toute sa réalité et sa profondeur
je me doute que toi, Voyageur Solitaire, tu as bien pensé aux néophytes comme moi lors de sa rédaction, mais tu ne peux logiquement pas tout rappeler, expliquer, mettre en exergue sans que ce soit au détriment de l'aventure
comme j'ai collectionné les échecs (stats basses, manque de chance, choix idiots...) (mais je suis opiniâtre), j'ai pu passer par différents chemins, ce qui a ajouté à ma confusion des noms, des lieux...
MAIS
je me suis amusé tout du long ! style franchement prenant, voire lyrique au détour d'une description, combats engagés et exigeants, on est happé par l'histoire et on insiste !
même si je suis obligatoirement passé à côté de pleins de choses, je me dois de te remercier pour ce travail excellent, Voyageur Solitaire, et pour toutes ces heures de plaisir à la lecture de ton AVH
sois sûr que je reprendrai ma découverte de ce monde par le début, pour enfin m'y plonger vraiment
Le trolley part, minou !
Répondre
#26
Merci à toi pour ce retour !

Evidemment, tu as soulevé un problème difficile à résoudre. J'ai fait en sorte que chacun des trois opus puisse être lu de manière indépendante, mais il est certain qu'en faisant ainsi, on perd une bonne partie de l'immersion. Il y a des références, des noms, des lieux et des personnages liés aux autres tomes (surtout dans ce dernier où l'on retrouve les deux héros que l'on incarnait dans les deux tomes précédents, Timkat et Ronan). Alors bien sûr, par exemple, quand on découvre Méroé, je m'arrange pour signaler brièvement que c'était une cité dominée par des seigneurs blancs et qui s'est effondrée suite à la révolte des peuples noirs, après la mort du dernier roi, Olmec. Mais bien sûr, ce n'est pas comme quand on a fait le premier tome, qu'on a côtoyé Olmec, qu'on a vécu à Méroé et qu'on l'a vu livrée aux flammes et aux émeutes...

Merci donc d'avoir fait l'effort d'aller jusqu'au bout. Je suis content que ça t'ai plu quand-même.
Si mon AVH t'a fait passer un bon moment d'évasion et de dépaysement, j'en suis très content.
Anywhere out of the world
Répondre
#27
Bon, je continue ma lecture et j'aime beaucoup. Il y a dans ce volume une certaine forme de "classicisme" qui tranche un peu avec l'aspect plus contemplatif des autres. On reconnaît la patte et l'univers de Voyageur Solitaire, avec une teinte légèrement différente ce qui n'est pas désagréable.

Je reviens sur le distingo noir/blanc pour te donner mon ressenti. Désolé d'insister, c'est délicat mais c'est vrai que ça me perturbe un peu même si ce n'est pas non plus un problème catastrophique. Je vais essayer d'expliquer mon point de vue:
tenter d'imaginer ce que peut être le ressenti d'une personne à la peau noire dans l'univers de Shamanka, à une époque indéfinie mais qui semble coïncider avec notre Antiquité classique. Ma première idée aurait été d'inverser complètement, cad de signaler les personnages à la peau blanche, mais pas ceux à la peau noire, sachant que l'héroïne est noire. C'est peut-être un peu extrême, sachant que dans des textes médiévaux on peut parfaitement trouver des références à la teinte de la peau, quand bien même l'existence de peuples noirs avait été largement oubliée; Ainsi on pouvait vanter la blancheur de la peau d'une dame, qui était souvent synonyme de beauté. Par analogie, on peut parfaitement comprendre que l'héroîne utilise l'expression "la peau noire comme l'ébène" ou "comme la nuit" pour des personnages qui auraient un teint de peau extraordinaire. On peut imaginer aussi de parler de "reflets bleus", expression parfois utilisée pour une peau très noire.
En revanche, signaler juste qu'un personnage ou un groupe a la "peau noire" me semble tomber un peu à plat dans le contexte. Un autre passage qui m'a perturbé parle d'un "personnage à la peau claire mais de race noire". Ce n'est pas que le terme de "race" me choque (même si je ne crois pas aux races dans l'espèce humaine, mais c'est un autre sujet...), mais je trouve que c'est un peu inadapté dans le contexte, même si on comprend bien sûr ce que tu veux dire. A ma connaissance, la notion de "race" chez les humains ne s'est développée qu'au XIXème siècle en occident. Sinon on préférera parler de peuple ou d'ethnie. Ma référence, même si elle est limitée, ce sont "les guerres puniques" de Tite-Live. Il est évident qu'Hannibal a parmi ses soldats des hommes noirs de peau, lui-même est sans doute très foncé de peau. A aucun moment il me semble Tite-Live ne fait référence à la notion de "race", ni même à la couleur de peau. Donc, dans ce cas figure, personnellement j'aurais utilisé une expression du genre "issue d'un peuple noir" qui montre qu'il y a effectivement une notion de la distinction entre les peuples et que celle-ci n'est en fait pas liée à la couleur de la peau mais à une composante ethnique plus subtile.
Pour faire rapide, la plupart des "noirs" africains sont les descendants d'une ethnie d'Afrique de l'Ouest que Jared Diamond appelle les bantous, même si le terme est peut-être abusif. il n'en demeure pas moins qu'en Afrique du Sud un peuple différent, que les européens ont apelé "Hottentos" a aussi la peau noire, de même que les peuples pygmées. "Race noire" fait en général référence aux caractéristiques ethniques du peuple "bantou", ce n'est donc pas complètement dénué de sens et pas limité à la couleur de la peau non plus.

Bref, désolé encore de revenir sur ce point. J'imagine que tu en connais largement autant que moi sur le sujet, j'espère juste que ça peut t'aider dans des choix pas faciles.
Répondre
#28
Tentative de réponse...

Si l'on calque Shamanka sur notre monde, c'est un univers qui serait majoritairement l'Afrique Australe (Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe, Botswana) avec également une bonne part d'Ethiopie, surtout pour les Montagnes Rouges du second opus, inspirées des montagnes du Simien et des monastères perchés du Tigray en Ethiopie. On rajoutera le Rwanda pour la région des Grandes Collines du troisième opus et le sud du Sahara pour le désert de Talishan. Dans cet univers, les seigneurs blancs de Méroé seraient des grecs ou des romains. "Blancs" donc, mais quand-même le teint mat et les cheveux noirs majoritairement, à quelques exceptions près comme le seigneur Opet qui est roux. Ronan, lui, serait germanique ou scandinave, comme peut l'indiquer son teint très clair et surtout sa barbe et ses cheveux blonds, presque cendrés, et ses yeux gris. D'ailleurs, c'est une chose que ceux qui le rencontrent notent en priorité dans le premier opus. Mélycinte le baladin lui dit qu'avec des cheveux pareils, il ne doit pas être un seigneur de Méroé bien que blanc et d'autres interlocuteurs parlent de ses "cheveux d'or", inhabituels visiblement. Même chose pour Danaé, au teint laiteux et aux cheveux blonds (c'est d'ailleurs peut-être une des raisons pour lesquelles Ronan a un faible pour elle, parce qu'elle vient des mêmes régions que lui). Si on prend Timkat, héros du second opus, c'est un nomade du désert de Talishan, on pourrait donc le rapprocher du type "oriental" ou Touareg. Edenrun, héroïne du dernier volume, est elle noire.

Voilà pour l'univers si on tente de le calquer sur le nôtre.
Après, il faut avoir conscience que c'est un univers plus cosmopolite qu'il n'y paraît... Si, à Méroé, pendant des siècles, les maîtres blancs sont restés entre eux, il y a fini par y avoir des unions (discrètes) entre blancs et noirs, donnant une nouvelle classe, les métis (le seigneur Jazer est amoureux de Niobé, une esclave noire qui est enceinte de lui et on rencontre aussi Akemani, le spadassin métis). Autrefois, des caravanes marchandes venues d'autres royaumes sont venues commercer à Méroé et même avec les tribus noires et là aussi, il y a eu des unions. Les différents clans et tribus noires elles-mêmes ont parfois conclu des mariages entre fils et filles de chefs pour sceller des alliances.
Tout ça pour dire que, contrairement à l'impression que l'on peut avoir dans le premier tome, la séparation des "races" ou ethnies n'est pas si monolithique à Shamanka. On y trouve des blancs, des métis, des noirs et, au sein même de ces ethnies, de nombreuses variantes, couleurs de peau ou caractéristiques. C'est pourquoi j'ai précisé, si (et trop) souvent, que telle ou telle personne qu'on rencontre est noire, alors que ça paraît évident vu l'univers et le contexte. Il faudrait que je précise en fait qu'elle fait partie de telle ou telle ethnie, de telle ou telle tribu ou peuplade. Mais là, le risque est de perdre un peu le lecteur au milieu de tous ces noms qu'il ne connaît pas... C'est évident pour moi qui ait créé cet univers, avec son histoire, sa chronologie, ses races, son bestiaire, sa mythologie, ses personnages... Pas pour le lecteur qui n'a pas connaissance de tout ce background.
Pour terminer, précisons que les seuls à ne pas s'être mélangés aux autres sont les montagnards Yezids qui vivent isolés dans les Montagnes Rouges et ne se mêlent pas aux autres (on rencontre Vinshko, un des leurs, dans les deux premiers volumes) et les Inbutis (pygmées) comme Taïta, le scribe du second opus. Et puis bien sûr, pour des raisons génétiques cette fois, les Avars (hommes-lions), les Ankas (hommes-buffles) et les Edriss (hommes-hyènes).

Sinon, je suis content que ce dernier tome te plaise. Il y a beaucoup de choses dedans car il achève la trilogie, il permet de savoir ce qu'est devenu Shamanka 10 ans après la chute de Méroé et aussi ce que sont devenus les deux autres héros, Ronan et Timkat ainsi que d'autres personnages des précédents volumes.
Bonne lecture !
Anywhere out of the world
Répondre
#29
Merci pour les précisions. C'est effectivement plus compliqué que ce que j'imaginais et je comprends mieux la difficulté du truc. Du fait que Méroé est une cité qui a existé, je localisais l'univers de Shamanka de façon quasi-historique du côté de l'Ethiopie et du Soudan. Je comprends que ce monde est en fait vraiment à part, c'est la référence qui m'a trompé.
Répondre
#30
Shamanka est majoritairement inspiré de l'Afrique Australe et de l'Ethiopie, plus le Rwanda pour la région des Grandes Collines.

Pour les noms, je reconnais que j'ai surtout cherché la sonorité avant tout. Si Lobengula, Lalibela, Méroé, Timkat, désignent des personnages ou lieux africains, Kolonaki par exemple est le nom d'un quartier d'Athènes, Danaé est un nom grec également, Edenrun est inspiré d'un mot turc, Taïta est égyptien, Enoshk est inspiré d'un nom biblique... C'est la sonorité qui a guidé mon choix pour tel ou tel nom, du moment que ça faisait "africain" et "fantasy" tout à la fois. Après, sur les conseils d'Ashimbabbar, j'ai essayé de garder une même sonorité pour chaque groupe. Par exemple, pour les Avars, la dominante de la lettre K : Kosh, Kessali, Keshan, Keluka... Pour les peuples noirs, la dominante du A : Lobengula, Lalibela, Bélisa, Gorulga, Yama... Mais encore une fois, c'est la sonorité qui prime.
Et surtout, même si j'ai soigneusement décrit Shamanka, ça reste un univers Fantasy, chacun peut le visualiser comme il le ressent.

Pour Maliki, j'étais parti sur le mot grec Malaka mais j'en avais marre du A. J'ai donc gardé le mot initial en changeant le A en I (J'avais bien pensé au U mais la forteresse de Maloku, ça faisait pas sérieux...).
Anywhere out of the world
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)