Pentiment
#1
Déjà que je n'ai plus de temps pour lire, j'en ai encore moins pour jouer.

Pourtant je suis tombé sur des retours dithyrambiques concernant "Pentiment" de Obsidian Entertainment, jeu narratif, qui me fait méchamment de l’œil sur Steam, car ça a l'air fichtrement bien foutu et super bien documenté.

Des connaisseurs ?
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#2
J'ai fini le jeu et j'ai entamé une seconde partie.

De mon point de vue, le fait d'apprécier ou non Pentiment dépend beaucoup de ce que le joueur concerné valorise dans un jeu d'aventure.

Le jeu a de grandes qualités. Son style visuel adapte de façon créative et somptueuse le style artistique de l'époque (en particulier des illustrations trouvées dans les manuscrits). Le cadre est richement détaillé, l'atmosphère est de bonne qualité et il y a un nombre important de personnages développés. Les créateurs du jeu se sont manifestement beaucoup documentés sur l'époque où est située l'histoire. On peut personnaliser son héros en décidant de son passé (ce qui détermine les domaines dans lesquels il a des connaissances/compétences particulières en-dehors de sa profession d'artiste). L'histoire est intrigante, il y a des rebondissements et les décisions prises par le joueur ont des conséquences significatives. La durée de vie est tout à fait respectable.

De l'autre côté de la balance, face à toutes ces qualités, il n'y a qu'un seul réel point faible mais il ne sera pas négligeable pour certains joueurs : la difficulté est quasi-inexistante.

On est très loin des jeux d'aventure à l'ancienne de Sierra ou Lucasart, avec leurs puzzles compliqués et leurs objets à utiliser de façon tordue. Dans Pentiment, même si l'histoire est compliquée du point de vue du héros, le joueur ne rencontre quant à lui presque jamais le moindre obstacle. En-dehors de quelques points secondaires (certaines de nos actions peuvent avoir à long terme des conséquences négatives difficiles à anticiper), tout se résout au fond très facilement.

Personnellement, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'une expérience vraiment plaisante, mais qu'elle se rapproche davantage d'une histoire hautement interactive que d'un jeu.
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#3
Hé ! Merci pour ce retour détaillé Outremer ;-)
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#4
Maintenant que j'ai terminé ma deuxième partie, quelques mots supplémentaires :

"Pentiment" se dit "repentir" en français. C'est un terme qui s'applique à un tableau auquel le peintre a apporté des modifications subtantielles (par exemple pour ajouter, supprimer ou modifier certains éléments). Ce concept s'applique (de façon non-littérale) à certains éléments importants du scénario, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte.

Le scénario débute en 1518, dans une petite ville du Saint Empire Romain Germanique. Le monastère local est célèbre pour sa relique de Saint Maurice, mais aussi pour les manuscrits recopiés et richement illustrés par ses moines. Avec l'émergence de l'imprimerie, cette activité semble cependant condamnée à disparaître dans un avenir proche.

Nous incarnons un artiste compagnon nommé Andreas Maler, qui a été engagé par l'abbé pour travailler sur un ouvrage, et prévoit ensuite de regagner sa ville natale pour y devenir maître et se marier. Sans surprise (vu le cadre), un meurtre va avoir lieu et Andreas va se retrouver à enquêter dessus.

Il y a des dizaines de personnages avec lesquels interagir au cours du jeu. La grande majorité d'entre eux appartiennent à l'une des trois catégories suivantes : les moines et les nonnes, les artisans de la ville, et les paysans (petit détail créatif : le style d'écriture employé pour les dialogues varie selon la classe sociale et le métier de la personne qui s'exprime). Les personnages constituent un environnement très vivant : ils ont chacun leur personnalité, leurs désirs, leurs points de vue, leurs relations avec les autres et ainsi de suite.

Le cadre historique est mis en scène de façon atmosphérique, ce qui ne veut pas dire qu'il soit idéalisé : les éléments déplaisants - tels que la mortalité infantile et les nombreuses formes d'oppression - ne sont pas du tout glissés sous le tapis.

Même si le cadre est une petite ville, il reflète des phénomènes qui concernaient à l'époque de vastes régions du SERG, notamment l'émergence du protestantisme (les thèses de Luther datent de 1517) et les revendications paysannes (la ville est soumise à l'autorité de l'abbé du monastère, qui impose sans retenue des taxes, des corvées et des restrictions).

La religion joue un rôle important dans l'histoire, ce qui m'a semblé plutôt réaliste et approprié au cadre. Bien sûr, il s'agit majoritairement du christianisme, mais les croyances antérieures ne sont pas négligées.

Léger spoiler concernant la structure :

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Cette deuxième partie m'a permis de mesurer les conséquences possibles de nos divers choix. Ces changements ne modifient pas radicalement le déroulement général du scénario, mais ils peuvent avoir un impact significatif sur l'évolution de certains PNJs (la façon dont ils considèrent notre personnage, la tournure que prend leur existence, et parfois la durée de ladite existence). Comme ces personnages sont un élément essentiel de l'intérêt du jeu, ces conséquences ne laissent pas indifférent.

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