[Métamorphoses 1] L'Homme aux Cent Visages
#1
Premier tome d'une série inachevée. Un aspect très négatif quand on sait que le scénario recèle bien des mystères que l'on ne peut comprendre qu'en lisant la suite. C'est d'autant plus dommageable quand on comprend que ce scénario accrocheur est l'un des rares points forts de la série Métamorphoses.

Nous interprétons un alchimiste de 90 ans à notre époque. Une pierre magique d'une puissance fabuleuse va nous transporter dans un monde imaginaire, Thulé, tout en se fondant dans notre être. Cette symbiose avec l'artefact lui permet de nous octroyer une magie bénéfique lors de dangers, voire de nous métamorphoser temporairement en une créature légendaire si l'on a de la chance. D'où le titre de la série. Mais un être démoniaque recherche cette Pierre de Féérie et va envoyer différents sbires monstrueux pour nous traquer et nous tuer. De notre côté, notre seul indice pour comprendre quel est notre rôle dans ce monde étrange est de rechercher un certain Homme aux Cent Visages.

Tout ce LDVELH consiste à marcher pendant plusieurs semaines à travers un pays inconnu, tout en affrontant les dangers naturels, bêtes sauvages et alliés de notre ennemi maléfique. On va donc traverser des paysages variés, comme toujours avec Gildas Sagot, soigneusement décrits, rencontrer des êtres étonnants mais aussi subir de longues périodes sans rien d'excitant à vivre.
Les points forts et faibles sont très faciles à recenser.

Qualités :

- un style irréprochable, non entaché par d'éventuelles maladresses de traduction puisque l'auteur est français. Les paragraphes sont longs, prennent soin de décrire l'aspect des créatures rencontrées, les sensations et sentiments du héros ainsi que les paysages traversés. Bonne immersion dans l'histoire, donc.

- un univers original : le monde de Thulé, s'il partage de nombreuses similitudes avec le notre, se démarque néanmoins par certains aspects. La jolie carte géographique aide évidemment à se le représenter et est une invitation à l'exploration. Quelques détails bienvenus comme les noms exotiques des différentes gemmes ou ceux de la faune et de la flore particulières ajoutent du crédit à cet univers. Le long passage avec Aardvark est à ce sujet très bon puisqu'on découvre peu à peu les civilisations qui y vivent, dans un dialogue assez vivant donnant de la sympathie envers notre interlocuteur bizarre.


Défauts :

- une linéarité insoutenable. A l'exception d'un unique choix de direction au niveau du fleuve, on ne visite les lieux prévus que dans un ordre déterminé. Un point noir que connaissent bien ceux ayant lu les Défis et sortilèges 5 à 8. Même à l'intérieur de chaque lieu, il n'y a que très peu de choix à effectuer, presque toutes les possibilités tactiques face aux adversaires sont tributaires d'un lancer de dés qui va déterminer si la magie de l'oeuf nous métamorphose, si elle nous donne une aide magique inférieure ou si on doit se débrouiller tout seul. Les paragraphes unidirectionnels sont légion et sans exagérer, on doit lancer les dés en fin de paragraphes pour connaître notre sort environ trois fois plus souvent que l'on a de décision à prendre.

- un cruel manque d'action et ce, malgré de nombreux combats obligatoires. Ceux-ci ne sont guère palpitants car ne dépendant que d'un ou deux lancers de dés déterminants. A part eux, nous n'avons droit qu'à de longs passages descriptifs au cours desquels on avale sans encombre des dizaines de kilomètres de terrain. Les interactions avec d'autres créatures intelligentes en deviennent ennuyeuses car on ne ressent aucun danger, nous sommes téléguidés et savons ne rien craindre puisque l'Oeuf de Féérie ne s'est pas manifesté comme il le fait toujours en cas de péril. La tout dernière partie chez les Oms est à ce sujet édifiante et d'un intérêt très faible.

- une jouabilité défaillante, tout ça à cause d'un système de règles mal pensé. Les combats se résolvent comme dans les Défis et Sortilèges et sont donc d'une complexité moyenne plus une petite règle sur les 6 que j'ai toujours oubliée. A ce niveau, pas de problème. Mais ces combats dans les règles de l'art seront très rares car c'est surtout le tests de Pouvoir qui prédominent.
Face à un danger, il faut maîtriser le pouvoir de l'Oeuf. En début d'aventure, on a grosso modo 1 chance 3 de se foirer et de devoir combattre à l'épée (mort quasi assurée), 1 chance sur 3 de recevoir une aide magique mesurée style réflexes accrus ou arme boostée (combat équilibré), 1 chance sur 3 d'être métamorphosé en un animal légendaire (victoire presque automatique). Je suis donc légitimement mort deux ou trois fois dans la première partie de l'aventure en étant exposé à la malchance.
L'aléatoire ne m'a jamais traumatisé, je l'accepte généralement avec fatalité s'il tourne en ma défaveur et me force à refermer prématurément mon livre. Mais ce système de règles comporte un point qui le rend inutilisable à terme. A chaque transformation réussie, on gagne 1 point de Pouvoir. Les tests pour accéder aux métamorphoses dépendent de notre Pouvoir. Il se crée donc un effet win to win, comme on dit dans les jeux de plateau, qui rend les tests toujours plus aisés pour celui qui les réussissent. On n'a alors plus peur de l'échec aux dés, on réussit à coup sûr nos transformations, on ne ressent plus le frisson du danger (déjà bien rare) et on termine l'aventure avec un héros cheaté. Pour ma part, j'ai conclu l'aventure en roue libre avec 11 points de Pouvoir (on commence à 1) et 30 points d'Endurance (on commence à 20) et ce, sans avoir jamais perdu 1 seul point d'Endurance. Lire sans jamais craindre la mort ou l'échec dans un livre-jeu, je déteste ça. D'autant plus qu'il n'existe aucun PFA direct en cas de mauvaise décision.

Vous l'aurez compris, les qualités littéraires de ce LDEVLH ne compensent pas du tout ses graves défauts. L'Homme aux Cent Visages est ennuyeux et pas du tout interactif.
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#2
Pour être honnête, le monde où se déroule la série ne m'a jamais paru bien captivant. Je ne nie pas qu'il soit quelquefois (mais certainement pas toujours) original, mais ça n'a pas été suffisant pour que son exploration m'intéresse.

En-dehors de cela, je suis tout à fait d'accord avec ton opinion.

A noter que la difficulté est bien plus déséquilibrée encore dans le deuxième tome, puisqu'on conserve le score du Pouvoir qu'on avait à la fin du premier. A moins d'une malchance persistante, les métamorphoses deviennent extrêmement faciles à réussir et elles sont presque toutes synonymes de victoire automatique (il n'est souvent même plus nécessaire de livrer un combat suivant les règles).
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#3
C'est bien ce qui me semblait de mes vieux souvenirs... Je vais donc repartir avec un personnage vierge pour voir si ça permet de maintenir un peu de tension.

Pour l'originalité, je pensais à la race d'Aardvark, aux noms des gemmes, à la relation avec les mystérieux Oms. Mais effectivement, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Rien à voir avec Dorgan ou celui désertique de la Huitième Porte.
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#4
(15/10/2012, 21:16)Fitz a écrit : Pour l'originalité, je pensais à la race d'Aardvark, aux noms des gemmes

C'est vrai, ce sont des choses qui ne sont pas dénuées d'intérêt. Mais c'est aussi ce genre de passages qui m'a parfois donné l'impression que Gildas Sagot avait plus envie d'écrire un roman qu'un LDVH.

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#5
(15/10/2012, 20:26)Fitz a écrit : Vous l'aurez compris, les qualités littéraires de ce LDEVLH ne compensent pas du tout ses graves défauts. L'Homme aux Cent Visages est ennuyeux et pas du tout interactif.

Bon ben, au placard.
Je ne connaissais pas cette série, mais ta critique me suggère que je n'est pas raté grand chose.
Tiens, d'ailleurs, si on organisait le Yaz des critiques d'ADVELH, je ne douterais pas te voir en première place...
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#6
C'est gentil.
En même temps, j'aime beaucoup lire les critiques des autres, je préfèrerais en lire plus!
Encore mieux, je préfèrerais transférer l'énergie que j'ai pour écrire ces critiques en énergie pour reprendre l'écriture d'AVH...
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#7
(18/10/2012, 22:33)Fitz a écrit : Encore mieux, je préfèrerais transférer l'énergie que j'ai pour écrire ces critiques en énergie pour reprendre l'écriture d'AVH...

Même si je trouve tes critiques très intéressantes, je préférerais aussi !

Il m'arrive également d'avoir ce problème, note bien. Je passe parfois un temps disproportionné à rédiger une critique ou autre chose du genre (pas forcément liée aux AVH), parce que c'est une manière de se livrer à l'écriture sans éprouver le stress qu'on éprouve souvent en écrivant de la fiction. Mais à long terme, évidemment, ce n'est pas du tout aussi satisfaisant.

Tout ça me fait d'ailleurs penser qu'il me reste moins de deux mois et demi si je veux écrire quelque chose pour le Yaz de cette année...

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#8
De mon côté, après avoir fait la critique de tous les Défis Fantastiques, de tous les Loups Solitaires, des quatre Sorcellerie et autre Dragon d'or, je n'ai plus l'energie pour en faire d'autres. Heureusement, j'ai toujours de l'énergie pour écrire mon avh.
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#9
(19/10/2012, 07:27)Jin a écrit : Heureusement, j'ai toujours de l'énergie pour écrire mon avh.

Ben qu'est-ce qu'on s'ennuirai, si il n'y a plus personne pour nous satisfaire. Pauvre lecteurs que nous sommes Sad
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#10
Oui Outremer, je m'étais fait un peu la même réflexion : moyen d'écrire sans contrainte ni stress.

Sinon, j'aimerais bien critiquer des AVH, je trouve qu'il en sort peu depuis 3 mois...

Fin du HS.
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#11
J'ai beaucoup aimé L'Homme aux 100 Visages.

L'intro m'avait pris aux trippes, je trouvais excellente l'idée de jouer un vieillard qui rajeunit, ainsi que la possibilité de se transformer. Et je n'attendais qu'une chose : élucider le mystère du méchant (j'aime élucider les mystères, faut pas s'étonner de ce que j'écris, après).
Le cliffhanger de fin de ce tome 1 était terrible.
Bref, j'avais hâte de lire la suite.

Le tome 2 a tout foutu en l'air par son vide cosmique. Tout était laissé en plan.
Du coup, ce tome 1 a perdu de sa valeur à mes yeux. Une promesse non tenue.
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#12
(26/10/2012, 17:21)JFM a écrit : L'intro m'avait pris aux trippes, je trouvais excellente l'idée de jouer un vieillard qui rajeunit, ainsi que la possibilité de se transformer.

C'est vrai que l'idée de base du scénario était d'une originalité appréciable. Mais cela met d'autant plus en valeur le fait que l'histoire elle-même n'a rien de bien inventif (quand elle ne paraît pas franchement creuse).
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#13
Je viens de refermer le livre (et de lire les remarques ci-dessus, un verre de whisky en main) (oui, je deviens alcoolique avec l'âge, et alors ?!). Fitz dit très précisément tout ce que j'avais à dire : linéarité presque caricaturale, système de règles original mais pas forcément efficace.

J'ajouterais :

- un défaut, le fait que le monde Thulé soit à ce point vide, si ce n'est de monstres, toujours un par lieu visité, ni plus, ni moins (y compris un cousin de Mickey version monstrueuse, voir illustration du 31). L'exploration du monde... vide, est une intro inutilement longue au tome 2. Le milieu de la carte est rendu peu visible à cause de l'encollage des pages, une légère marge blanche entre la page de gauche et celle de droite aurait évité cela.

- une qualité, un début qui claque (interpréter un alchimiste !) et le cliffhanger (orth non garantie) final, qui me rend curieux d'ouvrir le tome 2 Big Grin

J'aimais les illustrations de Philippe Mignon dans Le Seigneur des Anneaux, j'adhère moins dans les LDVEH. Un aspect trop... sec, sottement symétrique, un aspect photo-réaliste adulte au lieu du trait rond et naïf de Nicholson ou autres, un travail de dégradés de gris là où on a l'habitude du strict noir et blanc... mais la maîtrise graphique est impeccable et me fait baver d'envie !
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#14
Voilà le premier tome d'une série qui aurait du comporter 4 livres mais la série pour des raisons que j'ignore a été stoppé au deuxième tome.
Il s'agit donc d'une série inachevé ce qui est d'autant plus gênant que les tomes (enfin les 2 qui existent ) sont très liés entre eux et on ne pourra donc jamais savoir la fin de cette histoire.

L'Homme aux cent visages est LE livre qui m'a fait entrer dans l'univers des livres dont vous êtes le héros il y a longtemps. J'étais fasciné par ce livre à l'époque, mais il faut bien reconnaitre qu'il souffre de sérieuses lacunes.
D'abord la linéarité est ici poussé à l'extreme, il s'agit pratiquement d'un roman et plus d'un livre jeux, on a souvent aucun choix possible et des qu'il y a un choix ça se recoupe au bout de 2 ou 3 paragraphes maxi.

L'idée des métamorphoses du héros est bonne mais ce n'est pas très bien exploité, le système de jeu est pas terrible , en gros si on est favorisé par les dés au début on gagne de plus en plus de points de pouvoir permettant de se métamorphoser et on risque plus rien tout le long de l'aventure, sinon on risque vite de mourir car les combats sont durs. A ce sujet le système de combat est pas mal il ressemble beaucoup à celui de la série "Défis et sortilège" du même auteur. Il s'agit de combat au tour par tour ou chaque protagoniste à tour de rôle doit obtenir au maximum tel nombre avec les dés, selon le niveau de sa caractéristique "combat" pour blesser l'adversaire.

Le style de l'auteur est plaisant et le scénario commence bien, l'introduction est super et le début du livre aussi avec le débarquement du héros dans un monde inconnu, son voyage dans les montagnes, dans la tourmente puis le passage du marais de Taal avec son fameux combat contre l'hydre est un bon moment aussi. J'accroche beaucoup moins la fin par contre, c'est un peu obscur et guère passionnant.

Ah oui et un point fort de ce livre, ce sont les illustrations, elles sont superbes, très fines et très détaillées.

Au final un livre sympa mais vraiment trop linéaire pour être considéré comme un bon livre jeux, je pense que cette histoire aurait du sortir sous forme de roman plutôt.
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