La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...)
#76
Je suis d'accord avec Gynogege sur ce point : une AVH qui dérange un peu, qui va défriser le brushing de la ménagère de moins de 50 ans, ça a du bon.

Certes, il faut qu'une AVH reste du divertissement, du dépaysement et de l'évasion. Mais cela ne doit pas l'empêcher d'être sombre, violente, voire dérangeante. On peut divertir le lecteur et aussi le faire sortir de sa zone de confort, le déranger avec des choix pas très moraux, en lui faisant incarner un "salaud" (pirate, voleur), en le mettant dans des situations inhabituelles, qu'il ne connaitra pas dans sa vie de tous les jours mais que l'AVH lui permet (sans tomber dans les excès non plus).

Et de ce côté-là, la Fantasy offre un large éventail je pense, avec des mondes païens, flamboyants, voire sauvages. C'est pourquoi il faut sortir de ce Med-Fan gentillet avec de preux paladins sans tâche, de vertueuses et chastes princesses accompagnées de leurs pages fidèles, de gracieux elfes qui jouent de la harpe et des nains grognons mais gentils qui boivent de la bière... C'était bon pour le lectorat "jeunesse" de nos LDVH mais aujourd'hui, on peut proposer autre chose et c'est ce que j'ai tenté d'infuser dans mes propres AVH.

La personne qui lit du "tête de gondole" n'est pas ma cible personnellement. Je ne cherche pas à plaire (même si les feedbacks positifs me font plaisir bien sûr) : j'offre mon style, mon univers, mes personnages, au lecteur de vouloir me suivre ou pas. M'adapter au lecteur, à ses goûts ou attentes, ce serait calculs, tricheries et me renier. Du "commercial" quelque part si j'ose dire. Il m'est arrivé pour mes deux premières AVH de rectifier, d'édulcorer, parce que je me disais que "ça allait un peu fort" et que ça pouvait déranger. Mais plus maintenant. Avec ma trilogie sur Shamanka, j'ai franchi une étape dans ce domaine et je vais poursuivre.
Anywhere out of the world
Répondre
#77
... je relance avec un regard en constante évolution et une question à la fin.

Contexte : Alors que je suis en train d'écrire une nouvelle petite scénette AVH , je me suis posé la question de l'orientation du style, des choix, des difficultés etc. avec, sous-jacent, la question de s'adapter à un public.

J'ai regardé avec attention les live sur les AVH par rolisteTV, quelques présentations de BD dont vous êtes le héros, parcouru des sites indépendants
, et suis aller faire un tour sur les histoires interactives Hentai aussi ...
A cela s'ajoute que par mon métier, j'ai une vision des learning game, scenarisation d'apprentissage etc.
Je suis allé aussi voir les visualisations de isaacpante
J'ai vu aussi la présence marquée des escape-Book dans les rayons des librairies

et tout cela me laisse dans une grande perplexité ... notamment sur l'évolution au fil des année du curseur , Héros vs Joueur , Histoire vs jeux , voire mini-jeux fallacieux

et donc une question : existe-t-il à votre connaissance des travaux universitaires sur la structuration d'une AVH ? Leur évolution ?

Ce qui m'amène à une 2e question : pouvez-vous me résumer l'évolution des AVH sur les 5/10 dernières années selon vous ?
Sachant que mon avis est : les nouveautés AVH "pures" préservent un public fidèle, mais n'en gagne pas. D'autres types de jeux (vidéo en particulier) piochent dans la culture des AVH pour gagner en consistance et conquérir un public.

Je ne sais pas si ces 2 questions sont à propos dans ce thread, mais bon ...

https://www.quefaitesvous.com
Répondre
#78
Ta question mérite une thèse (ou une souscription Smile )
Je vais donner mon avis très simplement:
- l'AVH ne doit pas chercher à concurrencer le jeu video (RPG game) parce que ce dernier a des possibilités que l'AVH n'a pas;
- le goût pour l'AVH est indissociable du goût pour la lecture, donc le public visé ce sont ceux qui lisent encore des livres;
C'est un avis personnel qui peut être sujet à débat.
Répondre
#79
Pour ce qui est des AVH et des jeux vidéo, étant auteur des premières et assez fan des seconds...

A son avantage, le jeu peut offrir une beauté certaine, une ambiance, une immersion assez incroyable. Les graphismes d'aujourd'hui sont surprenants, la musique de certains jeux est composée par de grands artistes, les bruitages sont immersifs... Un jeu comme Ghost of Tsushima vous transporte réellement au Japon médiéval tout comme Red Dead Redemption vous transporte au Far West des cowboys. Les jeux d'aujourd'hui ont des scénarios riches, élaborés, des histoires complexes, des personnages charismatiques. Des franchises comme GTA ou Assassin's Creed ont imposé leurs univers, leurs personnages. Moi-même, je le reconnais, mon rêve ultime serait par exemple de voir un jour l'univers de Shamanka en jeu-vidéo, de voir Olmec, Ronan et les autres s'animer, de les entendre parler, les voir vivre... Voir l'univers que j'ai imaginé prendre vie, en trois dimensions, en couleurs et en musique.

Cependant...
Le jeu vous impose, comme le cinéma d'ailleurs, sa vision (celle du concepteur en fait). Pour un film, même si le réalisateur est le plus fidèle possible à un livre par exemple, il nous impose quand-même sa vision, avec ses acteurs et leur physique. C'est pareil pour le jeu : même dans un jeu où l'on peut créer son personnage dans les moindres détails, le reste, aussi somptueux soit-il, vous est imposé par le concepteur. Si vous prenez Skyrim, dont le succès ne se dément pas plus de 10 ans après, le jeu nous impose un univers certes esthétiquement splendide mais que chacun aurait peut-être vu autrement si on lui avait simplement raconté l'histoire.
Et c'est là que j'en viens à l'AVH...
C'est à dire à l'imagination. Vous prenez une description de paysage et vous la proposez à cinq lecteurs. Même si vous avez employé les mêmes mots, le même paragraphe à chacun, chacun le ressentira, le visualisera, différemment. Chaque lecteur a sa sensibilité, son ressenti, son imagination et dix lecteurs verront de dix façons différentes une même scène. C'est le pouvoir des mots. Même si, par exemple, je décris soigneusement Ronan à nos dix lecteurs, en disant qu'il a 37 ans, qu'il mesure 1,67 m, qu'il est un peu corpulent mais solide et musclé, avec le teint clair, les yeux gris et les cheveux blonds presque cendrés... Même si je précise qu'il a un nez vigoureux, un collier de barbe blonde et les joues pleines... Et que je demande à nos dix lecteurs de me le dessiner... J'aurai (même s'il y aura un air familier entre chaque dessin) dix versions différentes. Et ça marche pour tout, paysages, sons, odeurs, scènes, personnages... Dans une AVH, chacun met ce qu'il veut en fait. Chacun va percevoir l'histoire, le monde, les personnages, à travers le prisme de sa propre perception, de sa propre sensibilité.

Et ça, le jeu-vidéo ne l'offre pas. Ghost of Tsushima est somptueux, magnifique, immersif. Mais moi, je n'aurai pas vu le héros comme ça, ou tel personnage comme ça... Les concepteurs m'imposent leur vision, aussi réussie soit-elle. Peter Jackson est resté très fidèle à Tolkien pour sa trilogie mais n'empêche qu'en lisant le livre, on peut avoir une autre vision que celle qu'il nous donne, on peut imaginer Aragorn avec d'autres traits que ceux de Vigo Mortensen ou Arwen avec d'autres traits que ceux de Liv Tyler.
C'est ça pour moi l'atout majeur de l'AVH, du livre : stimuler notre imagination, nous laisser percevoir le monde, l'histoire, les personnages, aussi précisément décrits qu'ils soient, comme nous le voulons. On ne s'approprie pas un jeu-vidéo, on accepte de le suivre, de jouer le jeu (c'est le cas de le dire !). On peut s'approprier une AVH, un livre.
Anywhere out of the world
Répondre
#80
Bon ok ... On y va Smile


Citation :Ghost of Tsushima

Ok, je vais le trouver et essayer


Citation :Red Dead Redemption


Mes étudiants m'ont dit que c'est une merveille, j'attends une bonne promo steam et que mes gamins dégagent de mon ordi Wink

Je pense aussi à Witcher 2 ou 3 , ou fallout 2 ou vegas, ou la série bioshock
Oui, j'ai aussi poncé skyrim en long large et travers.


Citation :Cependant...

eh ben oui ...


Citation :le prisme de sa propre perception


Le gap entre ce que cherche à exprimer, et surtout partager, l'auteur et la perception du lecteur ... L'imagination: la clef. On rejoint ce que dit @gynogege : un gout pour la lecture.
Oui sur tout. Oui et encore oui.


Citation :le jeu-vidéo ne l'offre pas


Eh ben non, c'est de l'imagination prête à emporter. Ils font du cinéma en utilisant les codes du JDR.


Citation :aussi précisément décrits qu'ils soient


Nous y sommes. C'est le point de bascule je pense, peut-être même d'un désaccord (et c'est une bonne chose Smile) .

Je caricature: Je pense qu'il y a trop d'adjectifs et de descriptions "précises" dans les AVH que j'ai l'occasion de lire . Ou, tout du moins , pas là où il faudrait à mon goût: trop sur les décors, pas assez sur les psychologies & comportements.
Quand je lis le 1er paragraphe de @flam sur un contexte asiatique: ben oui, c'est bien très écrit. Ben oui, ça donne envie. Oui mais à qui ? Ben à moi, certes, mais pas à un gamin de 15 ans selon moi !
Je pense que les AVH doivent aller vers du "easy reading" , j'exagère bien évidemment, car ce serait trahir le fait qu'une AVH est avant tout une œuvre littéraire. Mais j'ai l'impression d'une sorte de compensation, de fuite en avant vers le littéraire, alors qu'il faudrait aller sur le psychologique & sociologique, je le crois.
Quand je lis, sur les conseils de @grattepapier
http://litteraction.fr/livre-jeu/plongee-en-enfer
http://litteraction.fr/livre-jeu/une-nuit-l-appart
http://litteraction.fr/livre-jeu/la-deche
http://litteraction.fr/livre-jeu/la-derniere-tentation-de-frere-edgar


Que des perles contemporaines !
Je crois que les AVH doivent aller vers des allégories de la modernité: Ex extrême: Une jeune elfe traverse un quartier de nains et se fait  harceler "Oh sale TePu qu'est ce que tu fous là avec tes oreilles pointues? T'as à peine 50 ans!  Viens voir une vraie teub ! "
Je pense au film "bright" avec W.SMith , peu importe votre avis sur le film, je médite l'intention de modernité.

Maintenant, je sais que je dois être humble, porter mon ignorance et mon manque de culture AVH, ce qui fait de moi peut-être bien un Troll. tant pis. Smile

mais,

Sans aller jusqu'au jeux vidéo , ma réflexion sur Histoire vs Jeux était sur un autre plan  : 

Peut-être y a t-il une différence importante entre "interactif" et "ludique". C'est , au moment où j'écris, le fond de ma réflexion et de ma question.
Je commence à soupçonner que cette différence est très importante, voire primordiale.

Je pense que les AVH ne doivent pas céder au ludique et garder cette ligne de démarcation stricte: Ce n'est pas un jeu: assume tes choix! . Une AVH est pour un lecteur, pas un joueur. Le couperet est dans l'âme.
Par contre, je pense qu'une AVH doit être en mesure, pas ses apparats, d'aller draguer les joueurs, non pas dans le jeu, mais dans les codes du jeu, la récompense. Et ça, les auteurs, ils n'aiment pas, ils ont l'impression de se prostituer, de perdre leur âme justement.

Je me suis trompé dans mon appel à AVH sur le thème baston. Le cahier des charges était bon ... pour les années 90/2000. Gouré de décennie. le prochain sera mieux, genre : vous êtes libres, mais tout personnage doit être sexualisé et  décrit, selon les codes Manga...

Bref, pour finir,
je reste persuadé que, avant tout, les auteurs d'AVH, en herbe ou confirmés, ont besoin d'un outil puissant et adapté. Il faut faire le photoshop&co des AVH là où tout les auteurs bricolent avec "paint". Il faut que d'un coup d'oeil je vois les paragraphes où le lecteur a la "clef en argent". etc. Il faut un outil où les auteurs n'ont plus à faire appel à des compétences structurelles qu'ils n'ont pas, ou pas forcément. C'est un défi, voire une profession de foi.
(Je mesure aussi l'importance des illustrations, sur un public ( ou des générations) avec une culture littéraire en carton, ils ont besoin de voir ce qu'ils lisent...)

Quoi qu'il en soit, je pense que vous avez tous assez d'expérience pour amener plus loin le concept d'AVH.

Vous voulez relancer les AVH ? je vous suggère le prochain thème des mini-yaz : "Potter secret : ceci explique cela". spinoff, fanart transmédia etc.





Citation :C'est ça pour moi l'atout majeur de l'AVH, du livre : stimuler notre imagination, nous laisser percevoir le monde, l'histoire, les personnages, aussi précisément décrits qu'ils soient, comme nous le voulons. On ne s'approprie pas un jeu-vidéo, on accepte de le suivre, de jouer le jeu (c'est le cas de le dire !). On peut s'approprier une AVH, un livre.


Simplement oui.
Mais ce n'est plus suffisant, je le crois.

https://www.quefaitesvous.com
Répondre
#81
Personnellement, je ne pense pas que le but des auteurs ici soit de séduire un public de 15 ans. Dans mon cas c'est un passe-temps et j'écris quelque chose qui me plait. Aucune chance que je fasse une histoire sur les tribulations d'une secrétaire au bureau :p Là où je partage ton point de vue, c'est qu'à mon humble avis je trouve que dans beaucoup de cas les paragraphes sont trop longs. Quand on est dans le 400-500 mots, ça me donne pas envie de rejouer l'AVH à plusieurs reprises. Sinon je commence à lire en diagonale ce que j'ai déjà lu et je perd l'intérêt. C'est la force des AVH dites classiques à mn avis, le niveau de re-jouabilité.
Répondre
#82
Je ne cherche pas non plus à plaire à un lectorat quelconque.
Comme je l'ai dit par ailleurs, j'écris pour moi avant tout, pour mon plaisir. Je donne ce que j'ai en moi et les lecteurs l'apprécient ou pas. Faire le contraire, m'adapter à un certain lectorat, là ce serait me prostituer, me renier. Ce serait calcul, tricherie.
Je propose et ça plaît ou pas. Jusqu'ici, ça plaît semble-t-il et, je vais pas jouer les hypocrites, ça me fait plaisir. Mais si demain ça ne plaisait plus, je continuerais pour moi.

Les paragraphes trop longs, je me suis calmé, j'essaie de faire plus court, plus sobre. Trouver les mots justes suffit plutôt que d'en écrire des tonnes. Après, fondamentalement, si c'est bien écrit, si l'histoire est intéressante et que certains passages exigent que ce soit long, ça ne me dérange pas.
Anywhere out of the world
Répondre
#83
Je suis à la fois d'accord et pas d'accord, ledahu. Et bien au contraire Smile
Bon, je comprends ce que tu veux dire sur les descriptions. Je n'ai pas toujours été fan de grandes descriptions de paysages, même si je suis assez admiratif de ceux qui savent le faire. Même dans la littérature classique, j'ai toujours préféré les romans où on était au plus près de la pensée des personnages. Jusqu'à la nausée parfois (j'ai déjà cité dans d'autres sujets: Un tueur sur la route de James Ellroy, Les lois de l'Attraction de Brett Easton Ellis, Le Démon de Hubert Selby Jr...)
Ce n'est pas un hasard si je cite des auteurs américains, parce qu'ils ont vraiment cassé le le roman classique en y introduisant le langage parlé, la plus grande révolution littéraire du XXème siècle. Bref, tout ce que tu racontes, ce sont des débats qui ont déjà eu lieu. Je ne dis pas que c'est tranché, mais les outils existent. Le monde du ldvelh s'est construit d'abord sur le style de la littérature classique, parce que c'est ce que lisent les enfants, c'est aussi le style de Tolkien, c'est souvent le style privilégié en science-fiction. De manière générale, le roman "moderne" n'a pas forcément un écho extraordinaire. Et utiliser le langage parlé, comme tu le suggères, ça peut paraître très simple mais c'est extrêmement casse-gueule. Ca peut vite devenir bête, vulgaire et gratuit. Mais quand c'est réussi j'adore, j'avoue (et une Nuit à l'appart c'est une tuerie) !
Pour moi l'exemple archétypal c'est "Demande à la poussière" de John Fante. Un style simple, direct, qui coule de source. Un chef-d'oeuvre pour moi. Eh bien je ne pense pas que ce soit facile de pondre ça, loin de là.
Parce que le problème de la "psychologie" c'est de ne pas tomber dans la complaisance vis-à-vis du lecteur, chose que je déteste personnellement. Je ne suis pas là pour lui renvoyer juste l'image de son quotidien, à la limite je suis là pour faire exploser l'image qu'il a de son quotidien, même si c'est un peu prétentieux. Et c'est ce que j'aime dans les AVH de fifre (Une journée à l'hosto, je te conseille aussi...)
Répondre
#84
Je ne suis pas là pour lui renvoyer juste l'image de son quotidien, à la limite je suis là pour faire exploser l'image qu'il a de son quotidien...

Pas mieux.
Anywhere out of the world
Répondre
#85
Hello,

je prendrai le temps d'une réponse plus fournie un peu plus tard, mais, vite fait,



Citation :Personnellement, je ne pense pas que le but des auteurs ici soit de séduire un public de 15 ans.


Oui, j'ai bien compris, et c'est tout à votre honneur, doublé d'un gage de qualité, que les différents auteurs ne se plient qu'à la satisfaction de leur plume.
Permettez-moi simplement de rappeler 2 points :
- Le sujet de ce thread est "la fin des éditeurs de littérature interactive"
- Quel âge aviez-vous quand vous avez découvert les AVH ?


Citation :C'est la force des AVH dites classiques à mn avis, le niveau de re-jouabilité

Tout à fait d'accord sur la longueur des paragraphes.
Et l'aspect rejouabilité avait aussi été évoqué par @Voyageur et nous sommes tous d'accord sur cet aspect, je crois.
Mais les contre-mesures possibles génèrent immédiatement des désaccords : Créer des "faux" choix prétextes pour casser les paragraphes trop longs sans les altérer , par exemple. Ou donner des pistes de relecture au lecteur à la fin de l'AVH pour qu'il recommence ce qu'il a manqué.



Citation :Je ne suis pas là pour lui renvoyer juste l'image de son quotidien, à la limite je suis là pour faire exploser l'image qu'il a de son quotidien


C'est effectivement très bien formulé. Sauf que :
- Un "Flat" romancier de fiction pourrait dire la même chose, selon moi. Il n'y a pas de spécificité AVH dans cette formulation. Peut-être ajouter "le choix" ? "je suis là pour "lui faire choisir" d'exploser son quotidien" ? Smile
- Mon propos est sur les points d'ancrage dans le quotidien contemporain pour faire monter dans le train.
Pour rebondir sur le très bon 1er paragraphe récent de @flam , mon avis est que ce n'est pas tordre l'histoire que de , en 2 phrases éparses et 3 adjectifs, souligner que le 1er personnage central est une femme dans un contexte et une culture machiste & guerrière. Ca mange pas de pain. Ce n'est pas compliqué. Et tout de suite on raccorde à des "problématiques" du quotidien contemporain, ou tout du moins l'évoquer.


Citation :Ca peut vite devenir bête, vulgaire et gratuit.


Oui. Mais sans aller jusque là , un simple pas du soutenu au délié sans allez au fleuri à tomber dans la gadoue rendrait, peut-être , parfois, certains dialogues plus digestes ou simplement accessibles.
Certes, mon exemple précédent était un chouillat enlevé, voire gras, j'ai failli l'effacer mais c'était 1h20 du mat ... 

En fait, grâce à nos échanges, j'avance dans ma recherche de l'essence d'une AVH, de ses fondamentaux irréductibles.

Une anecdote pour l'exprimer : Dans le cadre d'expériences de learning game collaboratif, des élèves ont eu des comportements qu'ils n'ont pas en classe, avec succès. Leader par exemple.

Aussi, je crois qu'un des piliers de l'AVH est peut-être ici: permettre au lecteur de faire des choix qu'il ne fait pas dans son quotidien.
Après tout, une AVH c'est un JDR et l'auteur, le MJ.

Ce qui m'amène à cette perplexité : Dans mes lectures d'AVH, je suis bien plus souvent étonné des conséquences des choix, que de la variété des choix.

C'est le sens du mot "psychologie" que j'utilisais : permettre à différente "psychologie" de lecteurs de trouver leur compte, à jouer des héros pas forcément héroïques.

Et cette perplexité du soir: peut-être que le mot "héros" est un abus de langage sur lequel il faut revenir. Si le lecteur n'est ni un héros, ni un joueur, ni une marionnette de l'auteur, mais alors quoi ?
Ma réponse intuitive: Il est juste "pas lui-même"
Le lecteur n'est pas un héros, il est juste non-lui et rien d'autre
Et cela change tout !

Smile Smile Smile

https://www.quefaitesvous.com
Répondre
#86
C'est vrai que le terme Héros a peut-être pris un coup de vieux avec les AVH...
On a aujourd'hui des AVH où les conséquences de certains choix ou les choix eux-mêmes ne sont pas forcément "héroïques" : donner la possibilité au lecteur de tout laisser tomber et de se barrer avec le trésor qu'il vient de trouver, de ne pas intervenir et de passer son chemin alors qu'un type sans défense se fait agresser par une bande de voleurs un peu plus loin (m'en bat les couilles...), de refuser de venir en aide à la zoulie princesse qui s'est faite enlever par le méchant sorcier, d'être un boucanier, d'incarner un voleur, un assassin...

Toutes choses que les LDVH classiques ne pouvaient proposer vu le lectorat visé et pour une publication estampillée "jeunesse". Le lecteur se devait d'être héroïque, jusqu'à l'archétype incarné par Loup Solitaire, preux défenseur sans tâche de son royaume, de la veuve et de l'orphelin, de tous les gentils contre tous les méchants, grand, blond, ami de la paix et de la justice, n'en jetez plus...

Le lecteur n'est pas un héros, il est juste non-lui et rien d'autre
J'aime beaucoup la formule mais oui mais non...
Oui, on lui propose d'être un autre dans le sens où il va pouvoir faire des choses qui, dans la vraie vie, lui sont impossibles pour X raisons.
Non, dans le sens où ça reste quand-même lui, avec sa personnalité, son caractère, sa sensibilité.
C'est un numéro d'équilibriste : permettre au lecteur d'être un autre tout en lui permettant de s'incarner dans ce personnage, de s'y identifier. Sinon, très vite, il se voit simplement comme celui qui anime un autre, qui n'est pas lui. C'est ce que j'ai ressenti avec Loup Solitaire dont ni le physique, ni les idéaux "chevaleresques" ne m'ont fait penser, à aucun moment, que c'était moi.
On en revient au débat héros anonyme/héros défini.
Anywhere out of the world
Répondre
#87
@gynogege : bon, je constate qu'on a les mêmes livres de chevet :-) J'admire aussi ces auteurs américains qui ont, en effet, insufflés quelque chose de neuf et de vibrant dans leur roman. On parlait sur un autre post de Steinbeck qui pour moi arrive à faire la synthèse entre les descriptions évocatrices, les dialogues rythmés et l'approche psychologique incroyable des personnages. Il y a une histoire de musicalité aussi, de rythme et puis un rapport plus décomplexé à la littérature (alors que nous devons faire avec un héritage classique, parfois pesant et assez sentencieux).
Tu as peut-être lu (je le conseille vraiment) "L’Homme qui marchait sur la lune" de Howard McCord, livre déroutant, au style ciselé, épuré même. Et cela rejoint l'extraordinaire "Demande à la poussière", le genre de bouquin qui parait se diffuser en vous, vous imprégner littéralement, vous marquer d'une empreinte indélébile.
J'y vois là un véritable tour de force. Réussir à saisir l'essentiel par les mots choisis, transmettre quelque chose d'incroyablement dense, puissant et universel sans emphase. Une sorte de poésie simple, originelle, primitive presque et qui se suffit à elle même.
Je pense aussi que c'est très compliqué à faire et ça demande un énorme travail de parcimonie, de justesse. En tant que musicien, je sais qu'il est facile de jouer l’esbroufe et d'épater la galerie par des plans alambiqués, des phrasés techniques, rapides (souvent appris et travaillés mécaniquement) qui ne servent la plupart du temps à rien d'autre que créer une barrière artificielle, au mieux, se cacher derrière un paravent factice. Mais faire naitre l'émotion avec quelques notes, se restreindre à cet effort, prendre le risque de la nudité ou de la frugalité demande une maitrise parfaite et une sorte d'équilibre, d'harmonie, d'acceptation. C'est une prise de risque aussi, c'est se découvrir souvent. Steve Lukather (le guitariste de Toto) a dit un truc du genre : "pour arrêter de vouloir jouer au virtuose, il faut l'avoir été". Ça signifie que ces auteurs (dont John Fante, mais j'ai aussi envie d'y inclure Jack London, surtout dans Martin Eden), possédaient je crois un très gros bagage technique (et une culture littéraire complète) mais avaient digéré tout ça pour parvenir à débroussailler le superflu, ne conserver que l'émotion pure.
Répondre
#88
Je rejoins complètement ! Et je note "l'homme qui marchait sur a lune" Smile
Répondre
#89
Je continue mon voyage dans le passé que j'ai loupé pour comprendre le présent, et, dans mes pérégrinations autour des AVH et leurs évolutions diverses, j'en suis là :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Visual_novel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_vid%C3%A9o_otome

Vous vous positionnez comment par rapport à ce genre ? (hors coté p*rn)

Pour ma part, je pense que tout cela vient de l'objet "smartphone" : lecture plus difficile + facilité du support visuel/audio

par contre, cela génère une dépendance forte de la qualité de l'écrit à la qualité de l'illustration, je trouve, alors qu'il n'est déjà pas simple d'être à la fois bon narrateur et bon architecte d'une AVH... ce qui rend un travail amateur nettement plus compliqué.

Vous avez déjà essayé ?

https://www.quefaitesvous.com
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)