Can You Brexit Without Breaking Britain?
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Can You Brexit Without Breaking Britain?

Livre-jeu en anglais, au format papier ou numérique, de 865 paragraphes.

Difficile de commenter ce livre-jeu qui s’avère être un ovni bien ambitieux. Je ne vais pas m’appesantir sur les auteurs que les connaisseurs de ldvelh connaissent bien : Dave Morris et Jamie Thomson. Les contributions des deux auteurs au genre sont multiples. Et pour ce qui est des collaborations, on retiendra le dernier opus de l’Épée de Légende, le Repaire des Morts-Vivants, et surtout la série Fabled Lands qu’on peut découvrir en français depuis peu. Mais ici, dans Can You Brexit, pas d’univers de fantasy, et c’est loin de Harkuna, de Legend et d’Orb que nous emmènent les deux auteurs, plus précisément en Grande-Bretagne, en 2017, dans la peau du premier ministre qui vient tout juste d’activer l’article 50 ouvrant la voie au départ du pays de l’Union Européenne d’ici deux ans.

Notre mission consiste à mener au mieux les négociations avec les institutions de l’UE, dans l’intérêt du RU, mais aussi du nôtre (après tout, nous incarnons un politicien). Pour cela nous avons deux ans.

Face à un tel synopsis, difficile d’imaginer à quoi s’attendre. L’utilisation du concept de livre interactif en dehors du cadre du divertissement pur n’a, à ma connaissance, jamais donné grand-chose de remarquable, que ce soit d’un point de vue des livres éducatifs, et rien à ma connaissance concernant des livres de vulgarisation à destination des adultes. Nous avons donc affaire ici à une œuvre unique et difficilement rattachable à ce qui existe. Déjà, soyons claire, il s’agit d’un ldvelh dans la grande tradition, que ce soit dans ses dimensions (865 paragraphes), et sa construction. Ainsi, nous avons une véritable feuille d’aventure, où nous tiendrons compte de nos caractéristiques et de la progression de notre quête.
Pour ce qui est des caractéristiques, nous en avons quatre. Elles ont une valeur située entre 1 et 100. Nous avons :
  • Authority : elle décrit le contrôle que nous avons sur notre propre parti. Vous êtes en effet menacer par ceux qui sont censés être vos soutiens : ceux qui s’opposent, ou sont trop tièdes, vis-à-vis de positions, et les ambitieux qui soutiennent vos positions, mais aimeraient les porter à votre place. L’Autorité vous permet de tenir en respect tout ce petit monde. Montrer vous faible, et vous aurez le droit à une belle batterie de couteaux dans le dos, combien même cela nuirait au pays et aux négociations.
  • Good Will : elle décrit l’état de vos relations avec les institutions de l’UE, notamment la Commission européenne, mais aussi de façon général, avec les 27 autres pays. Plus vous serez féroces en négociation, plus ce score diminuera.
  • Economy : comme son nom l’indique, c’est un indicateur de la santé économique du RU.
  • Popularity : elle décrit la façon dont l’electorat britannique vous perçoit. Très sensible aux propos de la presse, qui scrutera chacune de vos décision, et n’hésitera pas à tirer à boulet rouges si vous allez dans un sens qui lui déplait.

Autre point de notre FA, c’est une liste de 10 points auxquels vous serez confrontez durant les deux années qui suivent :
  1. la façon dont on aura convenu de mener les négociations,
  2. la situation des citoyens UE au RU et vice-versa
  3. les lois sur l’immigration
  4. la défense et la sécurité commune,
  5. les nouveaux accords commerciaux avec l’UE,
  6. les accords commerciaux avec les pays hors UE
  7. les droits de sortie,
  8. l’assurance maladie,
  9. la tenue de nouvelles élections générales,
  10. le possible tenu d’un second referendum.
Les deux années sont organisées en 4 semestres. Chaque semestre est divisé en deux partis : la première, où vous allez pouvoir vous documenter sur les éléments susmentionnés. La seconde où vous allez pouvoir vous confronter à 1 ou 2 des aspects parmi les 5 ou 6  qui seront négociés durant le semestre. En effet, vous n’allez pas pouvoir vous occuper de ces 10 points personnellement, et vous devrez en déléguer certains. Choisir lesquels est tout aussi crucial que la façon dont vous négocierez ceux que vous gérerez à bras le corps.

Ainsi, la première partie de chaque semestre, bien qu’optionnelle, est cruciale, car c’est là qu’on pourra recueillir les informations sur les différents sujets. Autant dire tout de suite que si on n’est pas un minimum intéressée par la politique. Cette phase de documentation revêt différentes formes selon les sujets : échanges avec des conseillers, rêves, dialogues avec votre dentiste, quand ce n’est pas avec dieu…  A en croire les explications données par Dave Morris sur son blog, il a initialement rédigé l'introduction, mais Jamie Thomson l'a en partie réécrites pour les rendre moins fastidieuses à lire, avec des éléments humoristiques, réorientant la narration vers quelque chose de plus divertissant. Ainsi, les échanges sont ponctués de mots d’esprit, de références (que je suis loin de toujours saisir), d’anecdotes. Heureusement j'ai envi de dire. Notre personnage, tout comme nos interlocuteurs ont une vraie personnalité, ce qui contribue à rendre un peu plus digeste une masse d’informations contradictoires. Durant cette phase, nos scores varieront très peu.

La seconde partie de chaque semestre est autrement plus passionnante. C’est concrètement là que nous prenons nos décisions, influençant les différentes caractéristiques significativement et la progression des 10 points problématiques. On notera que décider de travailler un des points ne conduira pas forcément à sa résolution immédiate, et que nombre de nos choix auront des conséquences au long terme. Pour gérer les aspects mécaniques, on retrouve le système de mots de code, qu’on a pu connaitre dans les Destins par exemple, et de cases à cocher associées aux paragraphes, comme dans Fabled Lands. La façon dont interagissent les différents points est donc cruciale, et c’est donc quelque chose de très complexe que nous sommes à résoudre. A chaque début de semestre, nous serons confrontés à une phase préliminaire où nous ferons face à des imprévus, dont certains sont la conséquence de nos actions passées. Là aussi nous auront la possibilité de faire des choix et d’influencer la progression de l’histoire.

Enfin, une fois les deux ans terminés, nous sommes confrontés à la partie finale, composée de deux phases successives. Sans trop en dire, la première concerne notre propre avenir politique, la seconde nous amène en 2021 et nous confronte aux résultats à moyen terme de nos négociations. On notera qu’arriver à la fin n’est pas garanti, dans la mesure où nous sommes sur un siège éjectable.

Autant dire qu’une telle mécanique est très complexe, comparable à celle de Fabled Lands. Et, de l’expérience que j’en ai eue, elle est parfaitement mise en œuvre. Pas de bugs, pas d’erreur de renvois, c’est vraiment nickel de ce point de vu. S’il y a des bugs, j’ai eu la chance de passer à côté. En fait, c’est un véritable travail d’orfèvres d’un point de vu litéractif. L’outil du livre interactif est parfaitement utilisé pour faire passer des connaissances sur un sujet complexe, à tel point qu’il constitue enfin la preuve qu’un livre-jeu peut être un excellent outil de formations.

Car, si la structure et l’organisation du livre est parfaite, le fond, de mon point de vue, suit plutôt bien. Le sujet est bien entendu polémique et fumeux, tant au RU qu’en France d’ailleurs. Les auteurs semblent assumer une position ‘Remain’, opposée au Brexit donc, Dave Morris allant même jusqu’à affirmer sur son blog être partisan d’un fédéralisme européen. Ainsi, le risque aurait été de poser les choses d’une façon trop partisane, voire méprisante vis-à-vis des partisans du ‘Leave’, on pourra se souvenir du débat public en France en 2005 lors du referendum sur le projet de constitution européenne par exemple. Mais ici, les auteurs évitent très bien cet écueil. La critique, souvent acerbe, cible essentiellement les politiciens (des deux partis) et la presse, pas le citoyen de base. Pas de mépris de classe et de positions hautaines hélas trop fréquentes quand les questions politiques en général, et sur l’UE en particulier sont posées. Il y a d’ailleurs aussi une forte critique de l’UE, notamment dans sa bureaucratie et la lourdeur de son fonctionnement, points faibles qui seront d’ailleurs notre principal levier pour mener les négociations à notre avantage. Bon, je vais quand même me permettre une petite critique politique. C'est que ce qui ressort de ce livre, c'est le gros problème politique selon moi, à savoir le détachement total des élites politiques des citoyens, et leur incapacité à incarner la volonté du peuple qu'elle sont sensées représenter. Et cet aspect est un peu évacué trop facilement, à coup de 'les gens veulent le beurre et l'argent du beurre' et autres points de vue qui voudraient que les décideurs doivent faire comprendre à leurs administrés, et pas l'inverse. Or ce sujet qui me semble être au cœur de la crise politique que connaissent les démocraties occidentales.

Pour faire un point sur mon parcours dans ce livre, j’ai pu arriver au bout de l’histoire du premier coup, avec une autorité et une popularité élevée. Le niveau économique est tout juste passable, et les relations avec l’UE sont plus orageuses que jamais, tant j’ai été un négociateur intraitable. J’ai par contre été bien aidé par la chance. En effet, le livre n’est pas exempt de hasard, avec l’utilisation de tirages à pile ou face. J’ai notamment échappé de justesse à la trahison d’un pire démagogue que moi. Pour ce qui est de l’économie, j’ai été amené par l’UE devant la cour internationale pour le litige quant au droit de sortie. Les auteurs ont ici invité le destin d’une façon amusante en nous proposant de choisir entre trois chansons aux titres signifiant la même chose : Time Will Tell, Lap of the Gods, et Que sera, sera. J’ai ici fait le bon choix, et éviter de justesse la ruine au pays.

Cette aventure est donc très intéressante à plus d’un titre. La construction est pour ainsi dire parfaite et exemplaire. Sa valeur en matière d’apport de connaissances est élevé, même si il faut relativiser au fait que ça ne concerne a priori pas le francophone de base comme cela pourrait intéresser un britannique évidemment, et qu’il faut un minimum s’intéresser à la politique bien entendu. Il reste que nombre d’aspects fonctionnels de l’UE concernent directement ceux qui habitent un pays qui en fait partie, c'est donc instructif de ce point de vue. A cela s’ajoute l’aspect politique-fiction. Je sais que les séries politiques comme House of Cards et Baron Noir ont le vent en poupe, même si je ne m’y suis jamais intéressé. L’aspect carrière politique personnelle, bien que secondaire finalement, en demeure pas moins bien géré, et peut donc à lui seul intéresser un lecteur-joueur.
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#2
Megara ne serait pas sur le coup pour une traduction ?
Tu m'as intéressé, là. Franchement, je pensais que c'était un objet commercial imaginé par les deux auteurs pour surfer sur la vague nostalgique des livres-jeux. Mais de ce que tu dis ça a l'air beaucoup plus ambitieux. Je note...
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#3
Pour Megara, je ne suis pas au courant. L’intérêt d'une traduction est quand même à relativiser. Même si le livre est très bon en soit, le fait qu'il traite d'un sujet qui n’intéresse pas tout le monde, à savoir la politique, qui plus est d'un autre pays, je ne suis pas certain de l’intérêt de l'avoir en français. De plus le livre fait énormément de référence à des œuvres anglophones, relativement méconnue chez les francophones. Par exemple, dans Can You Brexit le président des US s'appelle Windrip, c'est l'alter-ego de Trump. Windrip est un personnage venu d'une dystopie politique écrite en 1930, Impossible Ici. Je ne connaissais pas ce livre. Je doutais même qu'il soit traduit, jusqu'à ce que j'apprenne qu'il l'a été par... Raymond Queneau  Eek ! , que le monde est petit (cf. numéro 2 de la Feuille d'Aventure pour ceux qui ne savent pas pourquoi).

Par contre, l’œuvre est tout sauf opportuniste. Elle a visiblement nécessité un travail considérable. D'abord, de la documentation sur le sujet qui est complexe. Puis un travail d'imagination pour inscrire ces connaissances dans un cadre un minimum divertissant. Et enfin un travail de conception, de tests, de peaufinage pour fournir une mécanique parfaitement huilée et fonctionnelle. C'est non seulement une œuvre ambitieuse, mais qui s'est donné les moyens de son ambition. Dommage qu'aucun éditeur ne les ai suivi, et que Can You Bexit ne semble pas intéresser les gens en dehors de ceux qui suivent déjà Dave Morris sur internet.
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#4
Très original, le coup des chansons !

L'opinion des auteurs transparaît-elle nettement dans leur évaluation des conséquences de tel choix politique ?
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#5
Putin t con g cru ksété un bot [Image: lol.gif]
сыграем !
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#6
Comme tu dis, Salla, de toutes façons ceux qui s'y intéressent sont ceux qui connaissent déjà Dave Morris et Jamie Thomson, donc pourquoi pas une traduction ? C'est vrai que le sujet peut paraître britanno-centré, mais vu que le sujet c'est aussi un peu l'Europe il me semble qu'il y a un intérêt plus large. Après, les références il faut voir dans quelle mesure c'est vraiment pénalisant.
Mais on parle d'une oeuvre ambitieuse de deux géants du ldvelh, donc je pense que les fans seront au rendez-vous.
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#7
@Dagonides : la grille de lecture des auteurs influe les possibilités, certainement. Maintenant, le fait qu'ils laissent des portes ouvertes à différentes conclusion me semblent un gage d'un effort de ne pas se cloisonner dans leur conviction. D'ailleurs, je n'ai pas le sentiment qu'il y ai une bonne fin. A voir avec d'autres retours de gens ayant fait d'autres parcours.

@Gynogege : oui, je suis d'accord, une traduction ne fera pas de mal. Je souhaitais juste signaler que le travail de traduction à effectuer doit être plus colossal que celui à fournir pour un Fabled Lands, qui constitue déjà quelque chose d'énorme. Et je ne suis pas certain que l’intérêt soit le même. Après, si un traducteur et éditeur produisent une version française, j'en serais très ravis, et les soutiendrais en achetant le livre.

@Caïthness : lol, n'efface pas le sujet stp :p
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#8
J'aurai bien aimé quelque chose se passant dans un univers HF, par exemple une lutte pour conquérir un royaume avec ses affrontements militaires mais surtout ses intrigues diplomatiques avec alliances et trahisons. Et pourquoi pas ensuite à une échelle plus large, une fois au pouvoir, non seulement pour le conserver en interne mais vis-à-vis des royaumes voisins qui peuvent être nos alliés pu ennemis (et qui nous ont peut-être aidé ou mis des bâtons dans les roues pour notre accession au pouvoir). Avec les notions d'échanges de marchandises...
On pourrait sans arrière-pensée incarner un souverain éclairé, soucieux du bien-être général. Car il ne faut pas se leurrer, en politique contemporaine il n'est que question de cynisme et d'intérêts personnels/lobbyistes.
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#9
J'avoue que l'idée d'une traduction par Alkonost m'avait traversé l'esprit, en raison des auteurs (= Fabled Lands) et du sujet très intéressant et original. Mais j'ai vite mis cette idée de côté car beaucoup de références échappent aux non britanniques.
Finissons déjà la saga FL  Rolleyes.
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#10
Le sujet traité est plus intéressant que d'habitude et mérite de la considération de la part des lecteurs de ldvelh Smile
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#11
J'ai récemment pu découvrir ce livre-jeu fort original.

Ma première tentative s'est achevée abruptement lorsque je me suis fait dégager par mon propre parti (en laissant beaucoup de pain sur la planche à mon successeur, vu mes scores pitoyables en Économie et Bonne Volonté).

La deuxième fois, je suis arrivé jusqu'au bout. Mes scores étaient moyens partout, à l'exception de ma Popularité qui était faible (comme le fait observer le paragraphe de fin auquel je me suis retrouvé, ce n'est pas bien grave tant que je garde le soutien de ma base). La chance a été de mon côté, car c'est à pile ou face que s'est joué mon maintien comme premier ministre.

La deuxième partie était considérablement plus rapide, car il n'était plus nécessaire de lire les nombreux paragraphes consacrés à informer le lecteur des nombreux et complexes enjeux du Brexit.

Ces paragraphes d'informations sont quelque chose d'assez unique dans les livres-jeux. Ils occupent nettement plus de la moitié du livre (qui n'est pas mince). Les auteurs ont fait un gros boulot de documentation et ça se voit. En même temps, ils ont trouvé des astuces narratives pour éviter que la digestion de toutes ces information soit trop lourde : tout ça est présenté sous la forme de conversations variées et distrayantes (quelques réunions classiques avec des ministres/conseillers, mais aussi des discussions bien plus informelles, et même un passage où le personnage principal prie Dieu de lui indiquer comment écraser ses adversaires en organisant une élection anticipée). De manière générale, la narration et les dialogues sont sympas : ils ont des éléments comiques, mais sans sombrer dans l'excès.

Il y a certainement bien des références qui parlent davantage à un lecteur britannique. Parmi les personnages, outre Trump et Merkel, j'ai reconnu Nigel Farage et Boris Johnson, mais c'est à peu près tout (je présume que le leader du Labour est Corbyn, mais comme je ne sais pour ainsi dire rien à son sujet...).




(24/05/2018, 16:01)Salla a écrit :  Bon, je vais quand même me permettre une petite critique politique. C'est que ce qui ressort de ce livre, c'est le gros problème politique selon moi, à savoir le détachement total des élites politiques des citoyens, et leur incapacité à incarner la volonté du peuple qu'elle sont sensées représenter. Et cet aspect est un peu évacué trop facilement, à coup de 'les gens veulent le beurre et l'argent du beurre' et autres points de vue qui voudraient que les décideurs doivent faire comprendre à leurs administrés, et pas l'inverse.

Ce n'est pas totalement faux. Le livre avance quelquefois l'idée que l'électeur moyen n'est pas qualifié pour juger de choses si complexes et que les représentants devraient avoir le courage de résister à la pression populaire afin d'agir pour le mieux. Ce raisonnement contient une part de vérité, mais on ne peut pas le suivre à fond sans faire disparaître la démocratie (quand bien même il serait possible de trouver des politiciens parfaitement honnêtes et altruistes).

Cependant, je pense que le livre exagère le trait par son atmosphère intentionnellement cynique : on joue un politicien et on se soucie avant tout de notre carrière. C'est sans doute pour le mieux : trop se pencher sur la crise de la démocratie moderne aurait pu paraître moralisateur et n'aurait pas apporté grand-chose au livre, dont l'intérêt ludique est surtout de prendre des décisions stratégiques.
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