Au nord du désert, il n'y a rien (Outremer)
#31
Avec bien du retard, je réponds à ces deux commentaires.


(21/09/2016, 19:45)titipolo a écrit : Tu as posé un cadre, un univers, laisse le joueur travailler son imagination. 7 pages d'introduction, franchement c'est lourd, beaucoup trop lourd. En plus, tout n'est pas intéressant. Vire une grande partie de celle-ci. Comment veux tu que les joueurs accrochent si le prologue prend une telle proportion ? C'est décourageant.

J'ai moi-même été quelque peu assommé par la longueur de cette intro et du paragraphe 1 (au début, je m'attendais à ce que cela fasse 5-6 pages).

D'habitude, j'aurais sans doute fait moins long, mais - comme je le mentionnais précédemment - j'avais envie d'expérimenter un peu avec mon style.


Citation :Le fait d'envoyer au casse pipe d'autres personnages pour faire le sale boulot à se place me fait penser à une avh comme « Y ». Personnellement, je ne suis pas fan de ce type d'avh.

Je trouve que c'est un type d'histoire qui change un peu de l'ordinaire. Je n'en ferais pas une habitude, mais le mini-Yaz offre l'occasion d'expérimenter un peu.


Citation :même celui qui remplace le chef se blesse au cours de la mission qu'il doit réaliser au lors de l'affrontement contre son prédécesseur, cela m’étonnerait qu'il le soit encore au bout de trois ans.

Tu n'es pas le seul à m'avoir fait la remarque. D'un point de vue réaliste, il ne me semble cependant pas absurde qu'une blessure relativement sévère laisse des séquelles durables, surtout lorsqu'elle n'a été soignée que de façon assez primitive.



(27/11/2016, 14:27)gynogege a écrit : La structure répétitive du compte qui m'a d'emblée marqué et qui est particulièrement adaptée à cet univers africain/post-acopalyptique répond très intelligemment à la structure ludique qui fonctionne un peu comme un jeu d'arcade, par niveaux successifs, où là aussi la répétition et la progression sont le moteur du plaisir.

À noter que je ne suis pas du tout allé au bout de ce que permettait le principe de l'histoire. Mon idée d'origine était bien sûr de jouer sur la répétition de cette structure cyclique, mais aussi de mettre en place une complexité croissante (chaque cycle devant prendre en compte les conséquences des décisions prises lors de tous les cycles précédents). En fin de compte, j'ai dû nettement modérer mes ambitions. Même avec un nombre relativement modeste de choix à faire à chaque cycle, le nombre de possibilités aurait facilement pu excéder ce qu'on peut faire tenir en 50 paragraphes.


Citation :Là aussi le mélange entre croyances "primitives" et usage d'objets technologiques est admirablement utilisée comme un jeu, et surtout un jeu de pouvoir...

En m'appuyant sur le vieux principe "Toute technologie suffisamment avancée...", je voulais aussi instaurer un autre type de jeu avec le lecteur : à partir des indices et des bizarreries dispersés ici et là, deviner la nature réelle du cadre.

Bon, j'ai un peu trop laissé tomber la subtilité vers la fin, lorsque je commençais à craquer.



Merci beaucoup pour ces commentaires !
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#32
Retour rapide

J'ai bien aimé. Contrairement à la plupart, la longue intro ne m'a pas dérangé. Je préfère cette approche que celle de Ora Est Labora, où, comme je l'avais exprimé dans mon retour, la découverte progressive et allusive de l'univers court-circuite celle de l'intrigue, ce qui peut poser problème aux esprits pas très vifs comme le mien LOL Donc une bonne tartine dès le début, et on peu passer à la suite.

Il se trouve que je me suis récemment documenté sur cette région de l'Afrique, et qu'assez vite j'ai reconnu le nom déformé des villes et des autres lieux géographiques, et donc, j'ai vite compris qu'on était pas loin d'un monde post-apo. Donc avec cette intro et le titre, la perspective d'une aventure dans des territoires inconnus, au nord du désert, et où on découvre le passé de cet étrange univers semblait prometteuse. Mon premier ressentit était donc la déception quand j'ai vite compris que ce n'était pas vers ça que s'orientait l'aventure. Mais assez vite, j'ai finalement été pris au jeu à cette forme de conte, avec le côté répété de la situation, assez typique. Le tout est cohérent et logique. Mon seul échec était clairement de ma faute (j'avais oublié, au moment de choisir l'artefact de Magane, que j'avais donné le sceptre d'annulation à Bassiléna ...), mais le reste me semblait couler de source (Bassiléna est présentée comme n'étant pas une chasseresse ni une guerrière, mais son caractère et son charisme l'a présente comme toute indiquée pour une mission de négociation. Magane vient d'une région plus verdoyante, je ne vais pas l'envoyer chasser dans un coin désertique dont il n'a pas l'habitude ...)

Au final, ce qui en ressort, c'est quand même la frustration de ne pas avoir pu visiter cet univers un peu plus, mais en même temps, c'est clairement le ressentit que doit éprouver le personnage que nous incarnons. Sauf que lui en est délivré à la fin de l'aventure, alors même que nous nous séparons de lui. Si c'est un conte appelant à prendre conscience des méfaits de l'encroutement, et des regrets qui peuvent en découler, le message est passé LOL
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#33
Je n'ai pas aimé cette AVH. Non.
Je l'ai énormément aimé !

Dès les premières lignes, le style d'Outremer m'a envoûté : c'est immersif, sensoriel, avec un vocabulaire et des expressions qui rendent l'ensemble encore plus prenant. Et, cerise d'ivoire sur le masque de bois, l'introduction est longue, on peut donc en profiter plus longtemps. Mais il n'y a pas que l'écriture, il y a également la structure de cette introduction, le contraste finalement poilant entre chaque phase du récit destiné aux enfants et, tout de suite après, la relation de ce qui s'est vraiment passé, réalité souvent bien moins reluisante, voire bien plus prosaïque.
Le personnage incarné m'a plu aussi, sorte de voyageur infatigable, avide de découvrir le monde. Ajoutons à cela un petit côté Steampunk (mais oui) avec cet étrange chariot, ces fétiches, ces guerriers d'ivoire presque robotiques quelque part, ces fameuses hirondelles… Je parlais il y a peu d'Afrofuturisme dans un autre sujet, Outremer ne m'a pas attendu pour nous en proposer un exemple.

L'aventure en elle-même développe une structure assez particulière qui nous entraîne un instant loin de la brousse africaine pour les steppes enneigées russes car, en effet, on a une AVH "poupées russes" : une décision entraîne une suite d'évènements qui, trois ans plus tard, débouche sur un nouvelle décision qui entraînera une nouvelle suite d'évènements. Le défaut pourrait être une répétition certaine mais on est dans une mini-AVH, pas le temps donc d'en subir ce désagrément. 
Par contre, la relecture en souffre, inévitablement. On a l'impression que les chemins ou possibilités offerts sont peu nombreux, la sensation de "déjà vu" vient très vite. Autre défaut, le rôle passif que l'on tient : on reste majoritairement spectateur, on envoie les autres à l'aventure et c'est dommage, surtout pour un homme d'une trentaine d'années. A ce compte là, j'aurais proposé d'incarner un vieux sorcier, incapable de mener, physiquement, de tels exploits et utilisant donc les autres. Et cela aurait renforcé l'aspect roublard du personnage qu'on a dans l'introduction je pense.

Mais j'ai énormément aimé. Original, immersif, sensoriel, avec un background prenant (qu'on regrette de ne pas pouvoir mieux découvrir). Le style me plaît vraiment beaucoup, riche sans être lourdingue, fluide et immersif, avec des images vraiment bien trouvées (la brève allusion à nos nuits "convulsives, brûlantes et moites" avec une belle du village m'a fait penser à Madame rêve, la chanson d'Alain Bashung…). Et la structure est originale, atypique, sans être déconcertante ou trop complexe à appréhender. Le tout en format minimum (mais qui fait le maximum).
Une réussite.

PS : deux légers détails qui m'ont fait un peu tiquer...
- Les lances aux pointes d'acier qui donnent à leur détenteur une avance technologique. Le terme "technologique" m'a un peu gêné, j'aurais simplement écrit "un avantage certain" ou "une avance certaine" par exemple.
- Le vouvoiement entre certains personnages, à certains moments, qui m'a un peu surpris.
Anywhere out of the world
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#34
Coup de coeur pour mon fils de 9 ans et moi. Nous avons été surpris par la longueur narrative de cette "mini" AVH mais nous nous sommes installés dans l'histoire comme s'il s'agissait de contes à pénétrer. Le télescopage de l'ambiance africaine avec la technologie ancienne a distillé une plaisante magie dépaysante; le rôle ambigu de notre personnage, faible et puissant, investigateur et manipulateur, veillant sur le village et le fuyant, charlatan et véritable sorcier, sage enchainant les erreurs, nous a plongé dans ses turpitudes.
C'était rafraîchissant de ne pas être le protagoniste direct de l'histoire, de l'influencer à distance, et nous avons très vite commencé à pondérer les conséquences de nos choix en nous demandant comment éviter d'empirer la situation ou d'en perdre le contrôle. J'ai aussi aimé que l'aventure montre comment le pouvoir finit par corrompre les esprits les plus sincères, les intentions les plus pures.
Enfin, l'effet à la fois comique  et mystérieux des trois ans qui passent et rejouent les mêmes déjà-vus nous a amené à nous demander si un destin supérieur ne tirait pas les ficelles, et à chercher encore plus loin le sens de tout ça.
Très belles imbrications, qui ont réussi à se déployer en nous. La sauce a bien pris!

Merci pour cette AVH!

Seule critique: le mot voiture, innécessaire et décevant.

Enfin, en tant qu'écrivain, c'est une oeuvre à laquelle revenir, pour sa technique maîtrisée, pour son style subtil.
AVH: Les noyés,  La chute.

Jeu: Conflux
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#35
Pour moi cette AVH est un chef-d'oeuvre. J'espère qu'un éditeur (auhasard Alkonsot/Posidonia ?) aura la bonne idée de l'inclure dans un recueil, dans une version étendue pourquoi pas puisque Outremer avait l'air de vouloir faire quelque chose de plus long. Mais ton commentaire surtout me donne l'envie de l'imprimer pour mes enfants. Si seulement mon imprimante veut bien tenir (jen ai encore besoin pour les attestations de sortie).
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