Sculpteur de héros (Sukumvit)
#16
Merci pour vos retours, c'est très gentil. Désolé, j'ai mis du temps à répondre, mais je me battais sur d'autres fronts.

Désolé Soleil Resplendissant, j'ai cru que ton pseudo était une référence à Babar l'éléphant.

Bon, visiblement j'avais un peu sous-estimé l'efficacité du deuxième monde. Très bien, je suis content.

J'ai lu assez peu de Stephen King parce que c'est trop inégal, mais j'avais bien aimé Marche ou crève et celui qui se passait dans un aéroport où des passagers se retrouvaient coincés après le déroulement normal du temps. J'ai vu le film Ring (le japonais), et c'est vrai que j'avais beaucoup apprécié, je m'étais dit : voilà un histoire à la fois intrigante, intéressante et flippante. D'ailleurs très récemment il y a eu it follows qui est sorti en salle et qui valait vraiment le coup dans le genre dérangeant tout en restant très classe.

Pour Le dôme égloïde, l'intérêt c'est surtout l'univers et l'histoire, qui sont très sympas. A cette époque (c'est la première aventure avec une ambition vraiment sérieuse que j'ai écrite), je pensais que faire une histoire qui soit très très imaginative suffisait à faire un bon ldvelh. J'ai compris après que c'était plus compliqué que cela. D'autre part, je pense effectivement que l'aventure pêche par un excès de non-linéarité, ce n'était pas nécessaire à ce point là.
Mon principal regret est d'avoir été un peu rapide sur la fin, parce que mine de rien c'est une histoire qui dit beaucoup de choses, mais de manière peut être trop peu explicite.

C'est vrai qu'il y a des petits problèmes de style dans le texte et les dialogues de L'eau de la Nuit, qui sont dus je pense au fait que je ne me sens pas du tout à l'aise dans le style épique, ce qui donne un côté assez forcé et pas très naturel.

Je dois effectivement avouer que de toutes les aventures que j'ai pu lire sur Litteraction, Labyrinthe est largement ma préférée (ainsi que la 2ème série Xhoromag de Oiseau), elle m'a vraiment donné des frissons. Il est donc fort possible qu'il y ait eu une influence inconsciente, même si j'avais eu l'idée bien avant. Lorsque j'avais 18 ans, j'étais embauché dix heures par semaine pour nettoyer le parking souterrain d'une grande surface pas loin de chez moi, et dans ce lieu très glauque à certaines heures (avec des chauve-souris en prime), il me semblait parfois entendre des bruits de pas résonner, je n'ai jamais su d'où ce bruit pouvait venir. Je travaillais également l'été aux archives d'un centre financier d'une grande banque, et je m'ennuyais tellement que j'avais imaginé un ldvelh construit comme un donjon, où un simple archiviste dans une banque entendait des bruits de pas et de chauve-souris le poursuivre en permanence, et tentait de s'enfuir, une nuit, sachant que la banque s'était vidée de tous les travailleurs. Il arpentait les différents services, poursuivi par cette menace invisible. Cette idée m'est revenue en travaillant pour Héros.

J'aime beaucoup Vidéodrome, mais Cronenberg a selon moi réalisé des films tous de même plus profonds. Celui-ci me fait penser à ExistenZ, très bon, très imaginatif, mais n'arrive pas à s'extirper de ce côté série B glauque. Le Festin Nu ou Faux Semblant par contre, confinent vraiment au génie selon moi.
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#17
J'avais déjà lu "L'étreinte immortelle" il y a un certain temps (j'avais bien aimé) et j'ai lu "Le deuxième monde" dans le cadre du Yaz. Il me restait donc à tenter les deux autres.

A présent que c'est fait, je pense que tu as eu raison de présenter au concours "Le deuxième monde", qui est indiscutablement la meilleure des quatre.


Celle qui m'a le moins branché est "Le dôme égloïde". Le fait d'incarner un robot intelligent dans un monde post-humanité est très intéressant, mais je n'ai pas trouvé que le potentiel de l'idée était bien exploité. Lorsqu'on met en scène un héros non-humain, il me paraît essentiel de bien mettre en valeur ses différences (en matière de motivation, de raisonnement, d'émotions...) avec un être humain. Là, ça n'est pas vraiment le cas : le héros n'a au fond rien de bien spécial et sa personnalité est assez transparente. La nature robotique de la civilisation égloïde est en fin de compte superflue : ils pourraient aussi bien être des êtres humains ayant succédé à une race disparue de reptiles intelligents, ça ne changerait pas grand-chose.


"L'eau de la nuit" m'a davantage plu. J'ai apprécié d'incarner une héroïne brutale, qui adore se battre et que l'aventure récompense généralement lorsqu'elle emploie des méthodes agressives et directes (je ne trouve pas que ce concept colle très bien avec la caractéristique "féminine", mais j'imagine que ça peut se discuter).

Le système de création de personnage et de combat n'est pas mal du tout. Il a l'élégance de la simplicité, tout en laissant une part appréciable au choix du joueur.

Le déroulement de l'aventure n'est pas bouleversant (il est difficile de caser des rebondissements à la pelle dans une aventure de 160 paragraphes), mais il est correct. Le seul reproche que je lui ferais est qu'on affronte un peu trop souvent les mêmes adversaires (automates, vautours...).

A en juger par le premier message de ce sujet, il y avait une intention de subvertir l'héroic fantasy classique. Je dois avouer que je n'ai pas vraiment vu en quoi l'oeuvre s'affranchissait des conventions du genre. L'atmosphère générale et le personnage principal ont une certaine fraîcheur qui leur évite la banalité, mais ça ne veut pas dire que l'aventure en elle-même ne soit pas classique. La crise existentielle que peut connaître l'héroïne au 160 semble viser l'originalité, mais elle sort un peu trop de nulle part pour avoir cet effet.


Pour conclure et en même temps continuer notre débat sur la qualité stylistique, je ne peux pas m'empêcher de te demander ce que tu penses, avec le recul, du style qu'on trouve dans cette aventure-là.

Un petit exemple, au tout début de l'aventure :

Citation :Le royaume de Lomar n'a rien d'exceptionnel. C'est un grand espace plat, composé à un tiers de landes et de forêts, à un tiers de prairies et à un tiers de quatre lacs immenses. Comme il est situé dans le nord, son climat est très froid et la personnalité de ses habitants s'en ressent. En effet, la chaleur humaine est de loin ce qui ne caractérise pas les lomariens.

Est-ce que tu es vraiment absolument sûr d'avoir mis dans cette description toutes tes tripes vibrantes pour faire rêver le lecteur avec de la vie, du souffle, de la poésie et du lyrisme ?


Je demande ça pour un ami, qui raconte banalement des histoires avec un joli petit style posé bien parfait. Tongue
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#18
Merci.

Le dôme égloïde, je suis pas trop d'accord mais je manque un peu de recul sur celle-là. Je ne me souviens absolument pas comment j'ai eu cette idée là ni ce que j'ai vraiment voulu faire. A l'époque, j'étais très simple : j'imaginais toutes sortes de robots, des sphères volantes et je me disais ouahh le trip ! j'étais dans une logique de pure divertissement, et je pensais que le simple fait d'avoir bcp d'imagination suffisait à écrire une bonne avh.

Pour l'eau de la nuit, ce que je pense du style de cette aventure là, c'est disons ce qui a provoqué mon choix de la mettre en dernière dans la liste lol (sauf le passage que tu cites, car c'est un chef d'oeuvre absolu, on sent tout le pouvoir de la ponctuation dans la langue française lol). Cela dit, ta petite boutade me fait bcp de bien parce que quasiment tous les retours que j'ai eu depuis sa parution m'ont dit qu'elle était trop super, mais cela m'a rappelé qu'effectivement à l'époque je m'étais dit : "toi qui défend toujours l'originalité, tu fais un peu la pute là." Mais bon, j'avais envie d'être aimé quoi.
Après, mon objectif de subversion est plus subtil que cela :
J'avais lu Conan le Barbare et j'avais trouvé cela tellement à la fois grotesque et amusant que j'ai voulu faire pareil.
Donc ma manière à moi de subvertir (très gentiment, je l'admets), c'était plutôt de reprendre tous les codes les plus éculés de l'heroïque fantasy, et de les réutiliser de manière clownesque (raison pour laquelle les troupes du méchant sont des mimes, des clowns des automates...) Par exemple la rencontre entre l'héroïne et Toxus du genre : -je vais tuer des milliers de gens ah ah ! -Salaud de sorcier, je vais te casser la tête ! Ou alors l'accumulation de complots divins sans queue ni tête à la fin.
Mais cette aventure a le cul entre deux chaises, effectivement. J'en étais pas très satisfait, au moment où le numéro est paru par je me souviens que j'appréhendais des retours négatifs (mais on m'a juste dit que c'était sympa). Disons que c'est un pastiche clownesque très fun, et comme les règles sont simples et que je construis pas trop mal mes avh, cela donne seulement un ldvelh classique un peu décalé et très divertissant, mais à l'époque je n'avais pas plus d'ambitions que ça.

Le deuxième Monde, oui, c'est clairement la meilleur des 4. disons que Héros, ça a été un odyssée où j'ai erré de genre en genre jusqu'à trouver effectivement celui où je me sens le mieux (le fantastique contemporain).

Excuse-moi pour ma très vicieuse tentative de te chatouiller (tu as le nez fin), mais on te tisse tellement de lauriers sur ce forum, des fois je me dis le pauvre j'espère qu'il garde les pieds sur terre.
Après je m'enflamme facilement, ce sont mes origines corses qui ressortent lol.
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#19
(11/04/2016, 19:56)Sukumvit a écrit : Donc ma manière à moi de subvertir (très gentiment, je l'admets), c'était plutôt de reprendre tous les codes les plus éculés de l'heroïque fantasy, et de les réutiliser de manière clownesque (raison pour laquelle les troupes du méchant sont des mimes, des clowns des automates...) Par exemple la rencontre entre l'héroïne et Toxus du genre : -je vais tuer des milliers de gens ah ah ! -Salaud de sorcier, je vais te casser la tête ! Ou alors l'accumulation de complots divins sans queue ni tête à la fin.

J'y avais pensé, mais il y a tellement d'auteurs d'héroic fantasy qui ont utilisé à outrance tous ces clichés éculés - sans aucune gêne et de façon tout à fait sérieuse - qu'il peut être honnêtement difficile de faire la différence entre le premier degré et le second.
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#20
(11/04/2016, 19:56)Sukumvit a écrit : Excuse-moi pour ma très vicieuse tentative de te chatouiller (tu as le nez fin), mais on te tisse tellement de lauriers sur ce forum, des fois je me dis le pauvre j'espère qu'il garde les pieds sur terre.

Pour de tels propos et aveux, je demande officiellement que Sukumvit soit banni du forum, que sa connexion internet soit coupée, et qu'il soit condamné à ne plus lire d'autres LDVELH que ceux de Paul Vernon.

Sinon, puisque j'ai du courage, "Le Deuxième Monde" fait partie des AVH que j'ai lu avant de laisser lamentablement tomber les Yaz cette année. Il se trouve que j'aime beaucoup le fantastique "classique", mais que je méprise profondément l'horreur démonstrative moderne. C'était donc mal barré pour moi avec cette AVH, et pourtant... si, j'ai bien aimé. J'ai joué cette aventure il y a plusieurs mois et je fais ce feedback de mémoire, alors pardonne moi si tu y décèles quelques erreurs ou imprécisions.

Incontestablement, tu as parfaitement réussi à installer dans ton œuvre une ambiance oppressante. Le style est très efficace, on est pris par l'histoire comme c'est pas possible, on souffre et on angoisse avec le héros à chaque choix. Pour moi qui ne lit que du Hodgson et du Le Fanu, les descriptions horrifiques ont bien un petit côté vulgaire, mais bref... passons. Les PFA sont tous extrêmement travaillés et impressionnant. Bravo.

En revanche je ne suis pas convaincu par la structure de l'AVH, qui oblige à recommencer un grand nombre de fois l'aventure jusqu'à démêler tout l'écheveau de l'intrigue. Les révélations successives nous poussent à continuer, mais après un certain nombre de mort j'ai fini par trouver ça lassant. Le plus souvent, il n'y a aucun indice pour nous aider dans nos choix, si bien que j'ai dû me résoudre à les faire un peu au hasard. Je n'ai pas eu le sentiment d'avoir une vraie emprise sur mon destin, ce que j'ai trouvé assez frustrant, même si c'est probablement cette impression que tu voulais donner au lecteur. De ce point de vue c'est parfaitement réussi, mais c'est une réussite qui se fait au détriment de l'aspect ludique. Dommage.

L'histoire est très élaborée pour un récit d'horreur; les révélations sont particulièrement glaçantes, et dépassent allègrement les limites de ce que je juge habituellement acceptable pour rester dans les limites du bon goût (le suicide, les morts d'enfants... Berk!). Toutefois ce point ne doit pas être vu comme une réelle critique, puisque ce sont mes limites à moi, bien éloignées de celles de la plupart des amateurs d'horreur moderne, habitués aux pires atrocités. Donc félicitations pour la qualité de ton intrigue, à la fois complexe et subtile.

Au final, cette AVH est pour moi un excellent récit d'horreur, mais je la trouve un peu desservie par un aspect ludique mi-figue mi-raisin, quoique assez original (pour le dévoilement progressif de l'intrigue via les PFA).
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#21
(11/04/2016, 23:22)Kraken a écrit :
(11/04/2016, 19:56)Sukumvit a écrit : Excuse-moi pour ma très vicieuse tentative de te chatouiller (tu as le nez fin), mais on te tisse tellement de lauriers sur ce forum, des fois je me dis le pauvre j'espère qu'il garde les pieds sur terre.

Pour de tels propos et aveux, je demande officiellement que Sukumvit soit banni du forum, que sa connexion internet soit coupée, et qu'il soit condamné à ne plus lire d'autres LDVELH que ceux de Paul Vernon.
C'est parti ! Flèche
сыграем !
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#22
Merci Kraken, .
Je suis d'accord avec toutes tes remarques. Analyse très fine. Y compris pour les limites que tu soulignes, je les partage complètement.
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