Reflexion sur les choix : le dilemme moral
#1
Pour bien finir le Week End, voici une reflexion sur la notion de choix moral et ses avantages dans un texte AVH

http://www.quefaitesvous.com/dilemme-moral.php

Enjoy
ou pas

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#2
Le sujet est très intéressant, mais également complexe. Les décisions morales sont à mon avis l'une des choses les plus difficiles à bien mettre en jeu dans un LDVH.

D'abord, je pense qu'il faut vraiment se méfier comme de la peste de la moralisation, qui risque vraiment d'agacer le lecteur. Bien se comporter dans la vraie vie est admirable, bien faire se comporter son héros dans un livre-jeu n'est qu'une manière de jouer. Si on laisse le joueur faire agir son héros de façon égoïste, voire immorale, il faut donner à ses actions des conséquences logiques, mais ne pas chercher activement à le punir.

Ensuite, je pense que certaines des valeurs citées dans l'article sont moins susceptibles que d'autres de faire de l'effet au joueur. Par exemple, la "tradition/conformité" : le joueur a peut-être conscience de la pression sociale qui pèse sur son héros, mais il ne la ressent pas réellement. Idem pour l'"hédonisme" : une description de qualité peut aider à faire apprécier au lecteur le plaisir que procure à son héros telle ou telle activité, mais ne le lui fait partager que de façon très modérée.
La "sécurité" a quant à elle un impact diminué : le joueur souhaite bien sûr que son héros survive, mais il sait que, si ce n'est pas le cas, il pourra toujours recommencer (et il ne se soucie guère des blessures que peut subir le héros, sauf dans la mesure où elles peuvent hypothéquer ses chances de réussir l'aventure).
L'"autonomie" n'est à mon avis pas une valeur qu'on peut reporter sur un personnage fictif que l'on incarne.

Les cinq autres valeurs peuvent à mon avis sincèrement motiver le joueur. A noter cependant que la valeur "réussite" sera essentiellement assimilé au fait de parvenir jusqu'à la fin de l'aventure (la meilleure fin, s'il y en a plusieurs).
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#3
En forçant le lecteur à choisir uniquement entre Charybde et Scylla, tu ne vas pas dans la bonne direction. Puisqu'il n'y a pas de bonne solution et que le lecteur est donc condamné à se tromper quoi qu'il fasse... Et puis c'est frustrant d'avoir une idée alternative et de ne pas pouvoir l'exploiter, justement pour vérifier si elle est si bonne que ça, cette autre idée, et qu'on a peut-être pas tous les éléments en main.

Je ne comprends pas l'intérêt de lire des récits dont on va finir par se rendre compte qu'à chaque fois il est impossible de se sortir des situations en trouvant la "bonne solution". Une fois ok, deux peut-être, mais après c'est fini, tout le monde n'est pas maso...

Il faut laisser des alternatives, par exemple menacer son patron d'alerter les médias (il pourra jouer la carte du "vous voulez vraiment couler la boite et perdre votre job?", mais on peut répliquer aussi qu'on risque fort de trouver les traces de la pollution et que la boite coulera quand même), tenter de le raisonner (justement en disant qu'on risque de trouver les traces de la pollution et que c'est la mort de la boîte qui menace...) ou que sais-je encore... bref, développer une intrigue complexe, où il est délicat de se sortir mais ou cela reste bien possible.

L'intérêt est de proposer plusieurs choix, avec plein de pièges certes et ce qu'on appelle des PFA, mais de laisser au moins une voie de réussite satisfaisante, très difficile à trouver si tu veux, mais qui donne au lecteur un sentiment de satisfaction, celui d'avoir démêlé un écheveau complexe. Et ainsi cela donne l'envie de lire d'autres récits pour relever un nouveau challenge! Sans challenge à relever, sans "carotte" et avec seulement des "bâtons", tes lecteurs ne voudront plus lire tes productions.

Mets-toi à la place du lecteur, tu verras bien que c'est ce qu'il faut faire (sauf si tu es maso^^)
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#4
Citation :Je ne comprends pas l'intérêt de lire des récits dont on va finir par se rendre compte qu'à chaque fois il et impossible de se sortir des situations en trouvant la "bonne solution". Une fois ok, deux peut-être, mais après c'est fini, tout le monde n'est pas maso...

L'interet n'est pas d'ecrire des recits uniquement sur ce genre de choix !
l'objectif est juste de modéliser la mise en place structurelle de tels choix. Et d'étudier ses conséquences. C'est une aide pour les auteurs, rien de plus.

Les auteurs apprécieront, j'espère.

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#5
Ah ok. On peut donc espérer des choix multiples en fins de sections.
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#6
En même temps quand on joue, on ne joue pas pour être soi-même, ni pour mener son aventure d'une manières strictement identique à ce que l'on choisirait vraiment.

Moi si je joue un assassin, je signe le postulat de départ et je pose mes choix en fonction de ce qui selon moi va m'assurer victoire et fun.

Et si à un moment donné, tu parviens à ramener le lecteur à lui-même, c'est prendre le risque de casser l'immersion. Donc c'est effectivement très complexe !

Par exemple moi j'ai détesté le jeu The Walking dead, précisément à cause de cette multitude de choix moraux de plus en plus cons et écoeurants.

Mais à contrario, j'ai particulièrement aimé la gestion de certains choix dans Mass Effect, parce qu'ils résultent d'une conséquence logique de la trame de l'aventure et non pas d'une volonté d'à tout prix insérer du gros pathos qui tâche.

Je pense notamment au troisième volet, où tu te retrouves à choisir entre aider la race des Krogans à supprimer le génophage (qui consiste à réduire leur natalité à un sur mille) ou à les en empêcher compte tenu de leur nature belliqueuse.
C'est top, parce que si d'un côté tu as eu tout le loisir de mesurer à quel point cette race est responsable de sa condition misérable et du danger qu'elle représente, d'un autre, tu as appris à mieux les comprendre et à les apprécier, à partager leur colère et leur humiliation, et tu sais que maintenir le génophage les priverait de la possibilité de ne pas reproduire de leurs erreurs et de se repentir.

J'imagine qu'il faut avoir un sacré bon background pour dégager des choix aussi intéressants et intenses !
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#7
Citation :Par exemple moi j'ai détesté le jeu The Walking dead, précisément à cause de cette multitude de choix moraux de plus en plus cons et écoeurants.

idem !!! Des ficelles grossières. J'ai détesté.

Citation :e pense notamment au troisième volet, où tu te retrouves à choisir entre aider la race des Krogans à supprimer le génophage (qui consiste à réduire leur natalité à un sur mille) ou à les en empêcher compte tenu de leur nature belliqueuse.
C'est top, parce que si d'un côté tu as eu tout le loisir de mesurer à quel point cette race est responsable de sa condition misérable et du danger qu'elle représente, d'un autre, tu as appris à mieux les comprendre et à les apprécier, à partager leur colère et leur humiliation, et tu sais que maintenir le génophage les priverait de la possibilité de ne pas reproduire de leurs erreurs et de se repentir.

j'allais dire bof, mais effectivement ce choix là était nickel

Tu notera sque dans mon article, cela correspond à jouer SECURITE: securité nationale CONTRE AUTONOMIE:indépendance
autrement dit, garantir la sécurité de l'univers en flinguant la race krogan ou leur reconnaitre le droit d'exister en toute indépendance.

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#8
(22/07/2013, 16:59)Syphil a écrit : En même temps quand on joue, on ne joue pas pour être soi-même, ni pour mener son aventure d'une manières strictement identique à ce que l'on choisirait vraiment.

Moi si je joue un assassin, je signe le postulat de départ et je pose mes choix en fonction de ce qui selon moi va m'assurer victoire et fun.

Du coup je suppose que pour "Femme fatale" toi aussi tu as essayé (ou vas essayer) d'être le plus "femme fatale" possible dans tes choix?

Pour l'exploitation des résultats je me demande vraiment ce qui est le mieux. A mon avis certains jouent d'une façon et d'autres de l'autre, et du coup on ne peut pas en tirer grand enseignement.

Mais ce n'est peut-être pas la meilleure AVH pour des choix moraux. Celle où on est le gardien (avec l'accouchement) me semble mieux coller. On peut vraiment jouer le côté soi-même, en estimant ce qui pour nous est le meilleur choix moral.
Pour Femme fatal le postulat de départ est différent, orienté dans une direction.
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#9
Citation :Mais ce n'est peut-être pas la meilleure AVH pour des choix moraux. Celle où on est le gardien (avec l'accouchement) me semble mieux coller. On peut vraiment jouer le côté soi-même, en estimant ce qui pour nous est le meilleur choix moral.
Pour Femme fatal le postulat de départ est différent, orienté dans une direction.

Tu remarqueras donc, que l'un est dans la catégorie "tests comportementaux" et l'autre "choix moraux" !

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#10
Oui.

Je trouve que le postulat des choix moraux est bien posé, on est prévenu qu'il faut faire le bon choix, qu'on a une véritable responsabilité. On est incité à faire gaffe de ne pas se tromper, donc de bien réfléchir avant d'opter pour l'un ou l'autre des choix proposés.

Pour les choix comportementaux je me dis toujours "mais pourquoi diable orienter dans un seul sens dès le départ". Là aussi il ne faudrait rien dire d'autre que "faites bien attention aux conséquences de vos choix", et ne pas dire femme fatale ou femme fragile.
C'est comme si pour les choix moraux tu mettais des titres "le sécuritaire", "l'autonome", etc. autant que les 10 branches et cloisonnait ainsi les choix en forçant à toujours adopter le même comportement.

Tu as 6 comportements de séductrice, et 10 attitudes morales. Tu mets une AVH par comportement, mais je n'ai pas eu l'impression que l'AVH "gardien" était consacrée à une seul des 10 attitudes morales...

C'est toujours ça qui me pose question. Pourquoi une focalisation dans un cas et pas dans l'autre?
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#11
Citation :C'est toujours ça qui me pose question. Pourquoi une focalisation dans un cas et pas dans l'autre?

Parce que la serie "femme" a pour volonté d'aller chercher la clientèle des tests de personnalité, tout simplement

Quant à Scpiritus Sancti, je l'ai écris avant de réflechir à la notion de choix moral.

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