[17] Rendez-vous avec la M.O.R.T.
#1
Une fois encore, Steve Jackson propose un LDVELH qui sort des sentiers battus mais celui-ci ne m'a pas vraiment convaincu.
Le speech de départ est indéniablement original : incarner un Superhéros et toute l'aventure est un hommage assumé aux Comics. Seule les séries Superpouvoirs et des trois Superhéros de Hachette ont versé un peu plus tard dans le même genre. On a droit à tous les poncifs du genre et c'est là que le bât commence à blesser. Supervilains aux tenues ou apparences excentriques, problèmes existentiels du héros qui ne peut pas révéler sa véritable identité et qui a donc des problèmes avec son employeur, redresseur de torts en tous genres qui se fait appeler comme un toutou par la police et qui met un point d'honneur à ne pas tuer ses ennemis, etc... C'est un hommage donc ça peut paraître normal mais ça manque de surprise, tout a un goût de déjà-vu.
Le rythme de l'aventure est également particulier. Les choix sont seulement de se rendre à tel ou tel endroit de la ville (l'aventure est exclusivement urbaine), de choisir sa mission du moment mais, une fois sur place, tout dépend de notre superpouvoir (parmi les quatre possibles du début). Il n'existe que très peu de choix "tactiques". Comme le choix des missions est hasardeux et que dans de nombreuses situations précises, seuls un ou deux superpouvoirs sont vraiment utiles selon le cas, on subit souvent avec frustration des échecs sans avoir l'impression d'avoir pourtant commis une erreur. Ce faible nombre de décisions à prendre s'explique par l'abondance de rencontres possibles et d'ennemis à combattre dans la cité de Titan. Cette multiplicité des dangers et de personnages est plaisante, surtout pour les relectures, mais au détriment de la profondeur de ces rencontres qui ne tiennent chacune que sur trois ou quatre paragraphes successifs. Heureusement que ces derniers sont quand même plus longs que ceux de Luke Sharp dont les bouquins ont le même défaut.
L'ambiance m'a moyennement plu. Une aventure se déroulant à notre époque (bon, les années 80 avec leur côté désormais kitsch...) change agréablement. Le ton général est plutôt humoristique avec des clins d'oeil appuyés au passé récent (Michael Jackson, les Dents de la Mer, Kennedy et même le Sorcier de la Montagne de Feu) ainsi que des situations embarrassantes pour le héros vis-à-vis de son patron ou du grand public qui réclame des autographes. Entre deux malfrats capturés, notre personnage prend plaisir à se détendre en faisant des achats ou en allant voir sa vieille tante. C'est limite second degré. D'un autre côté, beaucoup de civils peuvent perdre la ville de manière atroce si l'on échoue dans nos missions et l'organisation M.O.R.T. avec son big boss est vraiment un fléau très difficile à neutraliser. Donc ce n'est ni sérieux ni franchement comique, un peu comme les vrais Comics en somme...
Par contre, le challenge est à la hauteur et plutôt prenant. Il existe plusieurs manières de trouver la réunion finale de la M.O.R.T. (autant que de superpouvoirs disponibles) mais c'est difficile car les codes chiffrés (quand vous serez à tel endroit, soustrayez X du paragraphe en cours, etc...) sont très nombreux et le texte ne nous indique pas toujours quand les utiliser. Sachant qu'il faut plusieurs éléments essentiels pour trouver la fameuse réunion, ce sont quatre OTP proposés au sein de la même aventure. L'intelligence du lecteur est donc un peu sollicitée, il faut être attentif. Mais comme les choix de missions sont hasardeux, seule l'expérience de nombreux échecs permet de récupérer à coup sûr les bons indices et de rencontrer les vilains "correspondant" au superpouvoir que l'on a choisi. En clair, une même rencontre est utile si l'on a par exemple le Souffle d'Energie et inutile (voire mortelle) si l'on a un des trois autres pouvoirs. A titre personnel, il m'a fallu plus d'une dizaine de lectures pour atteindre le dernier paragraphe et grâce à la Superforce. Ce pouvoir semble être d'ailleurs le plus pratique, déjà parce qu'il donne une Habileté de 13 (même s'il doit être possible de gagner avec des caracs minimales) mais parce que les indices afférents sont plus faciles à dénicher que pour les autres pouvoirs. Il existe un système de points de réussite selon les actions héroïques accomplies (j'ai terminé avec 27) mais c'est du bonus, très secondaire car ça n'aide pas à atteindre la victoire finale.
On pourrait penser que, puisque je ne suis pas un fan des Comics, ça n'aide pas à apprécier l'ambiance de ce LDVELH. Pourtant j'aime un peu les Marvel et ce qui me fascine le plus dans cet univers, ce sont les profils psychologiques des méchants qui ont tous des motivations singulières, des problèmes remontant à leur enfance ; bref les vilains sont des personnages biens détaillés dans les Comics, détestables ou parfois attachants mais qui ne laissent pas indifférents. Rien de tout ça ici, les méchants défilent comme des canards en plastique à la pêche à la ligne mais aucun n'attire vraiment l'attention. Leur rôle dans l'histoire et leur descriptions sont très superficiels.
Reste les illustrations, très nombreuses et vraiment bien pensées puisque elles sont sous forme de mini-BD (encore l'hommage aux Marvel). Réussies de surcroît. Elles participent à donner un peu d'âme et une certaine atmosphère à cette aventure que le scénario échevelé et sans réel fil conducteur ne parvient pas à lui seul à créer.

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#2
J'ai moyennement aimé ce livre. Tout d'abord parce que je le trouve vraiment très dur (je n'ai d'ailleurs jamais réussi à le terminer) et ensuite parce que je ne suis franchement pas fan de comic's de super-héros... tout ça pour dire que ce livre ne fait du coup pas partie de mes livres préférés.
L'ambiance est bonne mais le challenge est trop élevé pour moi (je ne suis pas quelqu'un de très patient). Ce qui ne m'empêchera pas de le relire à nouveau.
Soit-dit en passant, très bonne critique, Fitz.
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#3
Pour ceux qui sont bloqués dans ce livre, j'avais posté un topic "SOS" avec des solutions sans spoilers.

http://rdv1.dnsalias.net/forum/thread-451.html?highlight=SOS

Lorsqu'on débute le livre, il est conseillé de commencer avec la superforce, le pouvoir le plus facile.

Ce livre est plus un hommage aux DC Comics d'avant les années 80 qu'aux Marvel Comics. C'est pour ça que l'absence de psychologie te paraît étrange, Fitz.
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#4
Euh... Pourtant Spidey ça commence en 1962-1963... Donc dans les années 80, il avait déjà une vingtaine d'années. (Et il est même pas le premier héros Marvel...). Donc la psychologie du superhéros qui a un train-train quotidien et qui doit payer le loyer, que Spidey a "inventé", c'était déjà pas mal un lieu commun, je pense...
Mais c'est vrai que la Superforce et les A.M.I.S. sont des références claires à Superman et Batman, donc plutôt DC... (À part que Batman n'a pas de super-pouvoir, alors que le Justicier de "Rendez-vous avec la M.O.R.T. est un mutant d'expériences chimiques quel que soit le pouvoir choisi. Même pour sa ceinture à gadgets, son pouvoir c'est d'avoir le génie pour les inventer...)
Mr. Shadow

Dieu est mort ! Vraiment mort !
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#5
J'ai beaucoup aimé ce livre, découvert assez récemment, pour son originalité, l'univers comics et sa grande rejouabilité. Il est difficile, mais faire des relectures est moins pénible qu'avec un "crypte du sorcier"
Quand Redd passe, les moustiques trépassent.
Retrouvez mes JDRa sur jdr-ans.net : ANS (jeu St Seiya), JRDB (Dragon Ball), Gotei13 (Bleach), Shonan High School (lycéens) et d'autres encore.
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#6
J'ai bien aimé, moi qui suis plutôt médiéval fantastique.
Le style, les lieux et illustrations renforcent le tout pour créer 1 univers le temps d'un ldvelh unique en son genre.
Son GRAND défaut est qu'il est interminable! Pas moyen de le finir même pour un joueur averti. Le plus dur, à mon avis, est de trouver la date et l'heure de la réunion (27 à 9H).
Les points forts sont: l'originalité
les possibilités
Les points faibles sont: Les indices nombreux et durs à trouver.
En résumé un bon livre pour les amateurs du genre ou pour ceux qui aiment collecter des indices, objets et tralala. Pour les joueurs "old-school" comme moi, c'est moin bien.
Intérêt: 6/10.
Difficulté: 8/10.
N'est pas mort ce qui à jamais dort. Et en d'étranges éternités peut mourir même la mort.
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#7
Si tu coinces dans ce livre, voici une aide garantie sans spoilers, qui devrait pouvoir t'aguiller :

http://rdv1.dnsalias.net/forum/thread-451.html?highlight=sos
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#8
Si je dois reconnaître l'habileté de la construction, je trouve l'ambiance complètement nulle, un ramassis de clichés délavés des histoires de super-héros sans la moindre originalité avec les adversaires qui surgissent sans raison et qu'on oublie dès qu'on leur a mis un pain dans la face. Le super-pouvoir de ce livre est de m'ennuyer infailliblement…
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#9
Moi c'est le contraire!
J'aimais beaucoup pouvoir affronter des "super-méchants" à la pelle, que je trouvais dans l'ensemble intéressants.
Par contre au niveau structure, seul le hasard décide qu'on trouve les bons éléments pour réussir à gagner, et il existe aussi des PFA injustes si on n'a pas le bon pouvoir (en fait si on gagnait ça mettrait tout le schéma prévu par l'auteur par terre, donc il emploie la solution de facilité: faire mourir le joueur).
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#10
Acheté par curiosité, lu par dépit, cette histoire s'adresse avant tout à un public très jeune et donc indulgent. Or je ne suis ni l'un ni l'autre.
Au détour de choix parfois vraiment ridicules, les combats s'enchaînent sans originalité contre des adversaires sans charisme, sans impact apparent sur la suite de l'histoire.

A mon sens, le sujet de départ permet de développer des trames intéressantes, pour un public plus adulte. Là, c'est tout le contraire : plus on lit, moins on a envie de lire. Finalement, le vrai titre aurait pu être : "rendez-vous avec l'e.n.n.u.i" (énième nanar nullissime ubuesque et inintéressant).
Ainsi passe la gloire du monde
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#11
En même temps, ces livres s'adressent, en principe, à un jeune public, donc fallait pas s'attendre à autre jour.

Heureusement qu'il y a des Jonathan Green et des Stephen Hand pour réhausser tout ça.
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