Loup*Ardent: gagner en jouabilité?
#14
Citation :La réalité, c'est que jusqu'à la 2e Guerre mondiale, les maladies faisaient plus de morts que les blessures à la guerre.
Au moyen-âge aussi.

Dans la réalité, les combats à l'arme blanche sont également très très courts. En général, si l'un des deux est sensiblement meilleur que l'autre, il est pratiquement intouchable. Même à niveau équivalent, tu as très souvent, le plus rapide touche l'autre, et une seule touche lui permet de mettre l'autre hors de combat. Après, est ce qu'il est mort sur le coup, qu'il a une blessure dont il peut guérir presque naturellement avec un moins de repos, ou qu'il agonise pendant des semaines, c'est très variable, mais une chose est certaine, il est en trop piteuse état (douleur, état de choc, éventuellement os brisés...) pour continuer le combat. Sans compter qu'il risque de rester à terre et de faire le mort, de peur d'être achevé.
Au plus long, tu as un qui frappe, l'autre fait une parade et une contrattaque, et l'emporte. Les contrattaques de la contrattaque sont très très très rares, les contrattaques de la contrattaque de la contrattaque encore plus, et ainsi de suite. La plupart du temps, en un ou deux coups, c'est réglé. Enfin là je me base sur des combats à la "demi épée", c'est à dire deux adversaires plus ou moins en armure complète, plus ou moins de même niveau, qui se battent à l'épée longue, bâtarde ou à deux mains, en ayant une main sur la poignée, et l'autre main plus mobile (poignée, bas du plat de la lame, voire même poignée de l'adversaire), comme c'est pratiqué par les chevaliers et les paysans à une période très avancée (voire la fin) du moyen-âge.
Pour des personnages en armure légère à moyenne avec une épée (ou une hache) et un bouclier, comme au début du moyen-âge, j'imagine que ça peut se prolonger un peu plus si l'un des deux arrive à bloquer plusieurs coups avec son bouclier. (Mais ça doit laisser de sacrés bleus sur l'avant-bras ! )

Citation :La réalité, c'est que quand tu te tape sur les doigts avec un marteau, c'est même pas une blessure, et pourtant tu es incapable de faire quoi que ce soit pendant au moins 1 min.
Mais ça c'est parce que notre système nerveux n'est pas habitué, dans la vie de tous les jours d'aujourd'hui, à être sollicité par autant de douleur. Un chevalier qui s'est entraîné toute sa vie, qui prend des coups depuis qu'il a sept ans, est nettement plus habitué à résister à la douleur. On dit souvent qu'un chevalier pouvait prendre plusieurs coups de bâtons en pleine bataille, sans que ça le ralentisse vraiment, alors qu'un seul des mêmes coups aurait mis à terre un paysan - et vu la difficulté de la vie de l'époque, les paysans devaient être de solides gaillards. Vous me direz, ils avaient sans doute une mauvaise alimentation, d'où difficulté de développer des muscles, mais rien qu'à voir les mineurs du 19ème siècle, on voit qu'ils étaient en moyenne plus petits que nous, mais bien plus larges d'épaule. Les générations se sont vachement affinées...
Aujourd'hui, on n'a plus de chevaliers, mais on a les forces spéciales. Les mecs du GIGN ont probablement bien plus de résistance à la douleur que le geek moyen (ou que le trouffion encore boutonneux de 18 ans qu'on envoie se faire massacrer pendant les guerres mondiales). Prendre des coups fait d'ailleurs partie de l'entraînement au krav-maga.

Après, pour un jeu, tout dépend quel type de combat tu veux émuler. Même si la vraisemblance, pour ne pas interrompre l'immersion du lecteur, est préférable, la réalité n'est pas forcément le meilleur choix.

Donc tu peux faire
-comme la réalité avec des combats très très brefs et très mortels, et toujours périlleux même pour quelqu'un d'entraîné (mais en général, en combat loyal, un mec sans entraînement n'a aucune chance de survie face à un professionnel... heureusement, dans le chaos d'une bataille, le combat est rarement loyal)
-comme dans les films et certains comics, où les coups contondants (coups de poings, coups de pieds, mobiliers, ustensiles en métal, voire mêmes chutes) portent beaucoup plus facilement mais n'ont presque jamais d'effets à long terme. Souvent le mec perd juste son souffle ou tombe à terre 2 secondes, et se relève sans séquelles, ou parfois il est assommé plusieurs heures mais il se réveille en parfaite santé. Par contre les armes tranchantes et les balles d'armes à feu ne touchent presque jamais, par contre, quand ça touche, ça tue généralement en un seul coup, en particulier les sbires et les figurants. Les personnages importants ont tendance à être blessés à l'épaule, à être ko de douleur pendant 5 secondes, puis à continuer à se battre comme s'ils étaient en pleine forme. Contrairement à la réalité, quelqu'un qui prend une balle dans la tête est généralement mort (en vrai c'est plus de l'ordre de 50%, tout type de blessure par balle à la tête confondu, y compris les rebonds, les éclats, les fusils, les armes d'assaut...). Aussi, si un personnage est à quelques mètres de la boule de feu de l'explosion qui détruit un bâtiment, il est gentiment porté plus loin, comme une plume par le vent, avec un léger risque de mourir en se heurtant à un obstacle s'il est un personnage secondaire... au lieu d'avoir ses os brisés et ses organes déchirés par l'onde de choc comme dans la réalité.
-comme les jeux vidéos (en particulier les RPG et les FPS, c'est moins le cas pour les jeux d'infiltration), où les personnages se font trancher de haut en bas à l'arme blanche, prennent des tirs par balle multiples en pleine poitrine, des coups de hache en pleine tête, se font brûlés par des jets magiques de flammes suffisamment longtemps et à une chaleur suffisante pour avoir des brulures au 3ème voire 4ème degré, sont transformés en statue de glace (à quelle stade normalement tous tes tissus sont morts), ont des grenades qui explosent à leurs pieds, etc... Et avec tout ça, juste ils perdent des points de vie en restant totalement fonctionnels (pas d'os brisés, pas d'articulation explosée, pas d'hémorragie rapidement mortelle, même pas la moindre cicatrice), ils s'éteignent ou se dégèlent tous seuls, et il leur faut bien subir ça une dizaine de fois à la suite pour mourir... Sauf s'ils ont un kit de soins entre temps, en quel cas, ils ont juste à marcher dessus et ils sont à nouveau en pleine forme près à re-subir autant de dégâts. (Ça c'est pour les FPS, mais dans les RPG japonais, une bonne nuit de sommeil à l'auberge a souvent le même effet... Parfois ça peut même soigner la mort...)
-ou bien comme dans les films et romans de cape et d'épée spécialement, où même si un seul coup d'épée qui porte tue généralement l'adversaire (il arrive parfois qu'on donne juste une estafilade), le combat dure des minutes entières, pendant lesquelles les deux adversaires ne cessent de se faire des menaces, des attaques, des parades, des contre-attaques, des feintes et des contre-feintes. Je pense au combat de D'Artagnan contre Athos dans "Les Trois Mousquetaires, vingt ans après", ou au très célèbre duel d'Errol Flynn contre Basil Rathbone dans "Les Aventures de Robin des Bois" (http://www.youtube.com/watch?v=L10fR31jC1w).

Personnellement, en jeu de rôle et en AVH, j'ai une préférence pour la 2ème solution (la vraisemblance "cinéma hollywoodien"). Sauf si je veux émuler un genre "de cape et d'épée", justement (un de mes projets d'AVH), où je prends la dernière solution.
En grandissant (vieillissant ?) j'ai de plus en plus de mal avec la 3ème solution, sauf en imaginant que les points de vie sont des points de "chance" et que le héros évite in extremis des blessures réelles (donc en convertissant en 2ème solution).

Je note que contrairement à ce que je pensais, les combats à l'épée de "Conan le Barbare" 1 et 2 sont relativement réalistes. Conan ne téléphone presque jamais ses coups (quand il le fait, il est généralement en armure ou à cheval face à un adversaire avec des armes plus primitives), il donne des attaques simples et directes, plus rapidement que son adversaire, et c'est comme ça qu'il gagne. Dans Kalidor/Sonia la Rousse, il arrive aux héros de frapper deux coups : une fois pour briser la garde (et envoyer balader l'épée adverse loin sur le côté) et une fois pour tuer avant que l'adversaire ait pu protéger à nouveau sa poitrine. Technique qui ne fonctionne pas contre la méchante reine, d'ailleurs.

Et je suis en train de lire les lettres du conquistador Hernan Cortès au roi d'Espagne pendant la conquête du Mexique... Et apparemment, un conquistador en cuirasse d'acier, avec une épée, peut se battre des heures entières contre des Mexicains/Aztèques à moitié nus armés de lances et de frondes, (parfois d'épées d'obsidienne capables de trancher un cheval en deux), et en tuer un certain nombre sans lui-même recevoir des blessures sérieuses.
Ou alors, ils ont vraiment eu un bol monstrueux...
(Par honnêteté, j'ajoute qu'ils ont le soutien d'arbalètes, d'armes à feu à un seul coup, d'artillerie, et d'énormément d'alliés indiens à leurs côtés. Mais ça n'explique pas comment une dizaine de cavaliers peuvent charger au milieu de centaines de guerriers mexicains et survivre avec très rarement des morts ou des blessés. De plus, de leur côté, les Mexicains jettent des pierres et tirent à l'arc depuis des hautes plateformes fortifiées ou des barricades.)

Voilà, un petit aperçu de mes recherches sur la "réalité du combat", qui pourrait être utile à un peu tout le monde...
Mr. Shadow

Dieu est mort ! Vraiment mort !
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RE: Loup*Ardent: gagner en jouabilité? - par Lyzi Shadow - 27/07/2014, 20:32



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