Partie de jeu de rôle Diesel Punk
Le silence qui suit l’extinction du moteur tire le professeur Rivière de ses rêveries. Les voici arrivés. La demeure de son confrère est aussi élégante que dans son souvenir. Il essaye de se rappeler de la dernière fois qu’il est venu, en vain. Est-ce l’âge qui se joue de sa mémoire ? Ou plus simplement la somme des années accumulées qui rend de plus en plus difficile d’extraire tel ou tel moment de la trame du temps ?

Le garçon d’écurie vient à leur rencontre. Le professeur adresse un petit signe à son… domestique — même en pensée, le mot est hésitant, tant Ferdinand est devenu comme un complice au fil des ans. Ce dernier lui répond d’un hochement de tête, et le vieil homme s’extrait de la voiture tandis que Ferdinand s’affaire à aller la garer.

Le valet conduit alors le professeur Rivière jusqu’au perron, où le majordome — Franklin, se rappelle-t-il —, l’accueille. Il est alors conduit au salon et annoncé aux deux invités déjà présents. Un large sourire se dessine au milieu de sa barbe grise et broussailleuse à la vue d’Alexandre Cartier. Un petit temps de réflexion lui est toutefois nécessaire pour se rappeler du surnom de son compère… Bobo ! c’est cela. Le professeur se dirige aussitôt vers les deux hommes, étreint Alexandre d’une vigoureuse accolade et serre la main de son acolyte. Les questions fusent alors les unes après les autres en une vaine tentative de rattraper toutes les années passées, tant leur dernière rencontre lui paraît remonter à une éternité.

Ils n’ont guère le temps d’approfondir la conversation, cependant, car au bout de quelques minutes Franklin revient en annonçant deux nouveaux invités : Augustin Dupré et le docteur Martin. Une fois de plus, l’émotion saisit le vieux professeur lorsqu’il aperçoit le visage de son autre ancien camarade, et il se précipite à sa rencontre pour l’embrasser. Il marque toutefois un petit temps d’arrêt, car quelque chose lui paraît changé chez son ami, sans qu’il parvienne à déterminer ce dont il s’agit. Peut-être est-ce simplement dû au fait qu’ils ont tous un peu vieilli, ou peut-être n’est-ce que son imagination.

Il échange une poignée de main cordiale avec le jeune et brillant étudiant, qu’il connaît bien pour le croiser régulièrement dans les couloirs de l’université, et qui par un de ces étranges hasards de la vie partage l’habitation du docteur… Cette pensée lui en remémore brusquement une autre, et il s’apprête à poser à ses amis la question qui lui brûle les lèvres depuis plusieurs jours, mais il est interrompu par la remarque de Martin à propos des verres que l’un des domestiques vient de leur servir. Ce dernier revient bientôt avec un plateau chargé d’alcools légers, ce qui provoque la moue de « Doc », comme il aime à se faire appeler… La discussion reprend.

« Mon quotidien se résume à mon travail à l’université et mes sorties au cercle d’échecs », répond le professeur à une question sur sa vie actuelle. « Rien de très passionnant, je le crains. S’il n’y avait Ferdinand, je serais sans doute devenu un vieil ours solitaire et grincheux », conclut-il en riant.

Redevenant sérieux, il ajoute :

« Au fait, comment connaissez-vous mon collègue, le professeur Sochette ? J’ai été étonné de découvrir dans sa lettre que nous avions tous une connaissance en commun, sans que nous le sachions. »

La question reste en suspens car c’est le moment que choisit Franklin pour annoncer la dernière invitée, mademoiselle Lantagnac. Aussi enjouée et féminine que dans son souvenir, elle s’arrête tour à tour devant chacun, saluant les convives avec une grâce et un charme à faire fondre les glaciers. Il sourit à sa remarque sur sa tenue :

« Ah ! ma chère Primerose, je crains qu’en matière de mode, je n’ai guère évolué depuis le début du siècle ! Mais j’accepte avec plaisir de m’en remettre à votre expertise, et j’espère en profiter pour me faire vous raconter vos récents voyages. J’ai lu avec une attention toute particulière votre dernière lettre. Je regrette parfois de ne pas avoir 20 ans de moins, afin de pouvoir vous accompagner dans vos pérégrinations et voir par mes propres yeux toutes les merveilles que vous me décrivez. »

La jeune femme termine le tour des civilités avant de se poser dans un fauteuil — il est frappant de constater avec quelle aisance elle parvient à rendre élégant les gestes les plus ordinaires. Le professeur s’amuse un instant de l’attitude de Bobo, visiblement ébahi par la prestance de la demoiselle. Puis il se retourne vers ses amis de longue date, prenant garde à ne pas tourner le dos à Primerose car la question lui est également adressée :

« Je crois que je vous demandais à quelle occasion vous aviez rencontré le professeur Sochette ? »
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RE: Partie de jeu de rôle Diesel Punk - par Jehan - 15/05/2014, 16:41



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