Compte-rendu des soirées jeux de plateaux
Salut,

Moi c'est Bob. Ce n'est pas mon vrai nom bien sûr, mais dans mon métier, on évite de donner son vrai nom.

Je suis pas un causeur, mais la mode est aux récits de malfrats, et si y'a moyen de gagner quelques biftons en racontant ma vie, je suis pas homme à cracher dessus. Donc, je me suis associé à un gratte-papier pour vous raconter les moments marquants de ma carrière. Tous les noms et les lieux ont été changés, parce que je tiens à ma peau, mais pour le reste, c'est rien que la vérité la plus vraie, aussi bizarre soit-elle.

Tout a commencé un sombre et froid soir d'hiver. Le patron m'avait convoqué. Je m'étais alors rendu dans sa ville de crapules, alors sous la coupe du célèbre voleur Patrick B., avais grimpé son célèbre escalier qui fait des veufs, des veuves et des orphelins. J'avais été accueilli par le sire en personne, mais également trois personnes que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam.

Y'avait d'abord cette fille là, Caillou, qui se présentait comme bibliothécaire. Pour sûr, elle passait son temps le nez dans un bouquin dont la couverture semblait avoir été dessiné par un drogué en manque, mais le nécessaire de premiers soins qui dépassait de son sac à main semblait dire qu'elle n'était pas venu là que pour parler papiers.

Ensuite venait la serveuse, encore habillée en tenue de service. Outremer. En plein délire mystique celle-là, chapelet à la main et passant son temps à marmonner des prophéties sur le sombre avenir qu'elle entrapercevait à travers les recoins du voile.

Et pour finir, la clodo. Enfin, la gamine des rues pour les politicards du correct. Skarn. Elle avait ramené sa crasse, son chat pouilleux, ses colifichets (patte de lapin et autres attrape-gogos) et avait l'odeur de quelqu'un habitué à fouiller les poubelles.

Je me demandais bien ce que le patron pouvait avoir à voir avec une telle faune. En même temps, le patron, Alendir, c'était un original aussi. Paraît qu'il avait été flic à une époque. Je pense que c'était vrai car il possédait quelques bricoles dont l'origine paraissait étatique. Paraît aussi qu'il crapulait uniquement pour payer les soins de sa femme gravement malade. Là, j'avais plus de doutes déjà.

Bref, on était chez lui. On s'était déplacés dans son bureau, pour discuter au calme. Le patron semblait nerveux.

Et puis là, ça a mal tourné.

On a été attaqués. Ça devait être une bande concurrente, même si j'en avais jamais entendu parler. Les puants je les appelais, car en effet ils puaient. Ils avaient lâché des fumigènes dans tout le bâtiment, colmaté des portes, pété des lampes, bref on y voyait que dalle et on pouvait pas se déplacer facilement.

C'est là que j'ai découvert que la bibliothécaire, bah elle était pas bigleuse. La fumée, l'obscurité, elle s'en fichait royal, elle se déplaçait comme si elle était en plein jour au milieu de la grand place. Et elle nous a guidés vers la sortie de main de maître.

Bien sûr, y'avait de l'opposition à ce qu'on se sorte de ce traquenard dans le camp d'en face. Mais le patron, s'il avait paumé son flingue, avait réussi à mettre le grappin sur une belle machette. Et il était pas d'humeur à plaisanter. L'opposition fut donc vite écartée.

Jusqu'à ce qu'on tombe sur ce gus. Il était plus grand, plus costaux, plus nerveux que les autres. Logiquement, c'était le chef.

Et franchement, au début, on faisait pas les fiers face à lui. Puis deux trucs se sont passés.

D'abord la gamine est réapparue. Elle avait un temps servi d'assistante à la bibliothécaire, transportant des trucs de droite à gauche et autres tâches de stagiaire, puis avait disparu je ne sais où. Voilà qu'elle était de retour avec sa maman.

Enfin, je suppose que c'était sa maman. Même chevelure poil de carotte, même style de vêtements éliminés, et, la grande avec une torche à la main, la petite avec une batte de baseball, elles paraissaient aussi tarées l'une que l'autre.

Ensuite, la nettoyeuse de bières tombées par terre a un instant arrêté de déblatérer sur la folie qui allait imminemment arriver pour faire... quelque chose. J'ai pas trop compris quoi. Je pense qu'elle a jeté du poison à la tête du type, mais je l'ai pas vu faire. En tout cas, il a pris cher.

Et là, ça a été le signal de la curée. Symphonie en cinq instruments. Garrot pour moi. Machette pour le patron. Batte pour la gamine. Torche pour sa maman. Encore plus de trucs bizarres pour la serveuse. Même la bibliothécaire a essayé de s'y mettre, mais, bon, ça a pas été convaincant.

Malgré ce petit avantage du nombre, ça a pas été si facile, et si le patron avait pas esquivé les coups avec la grâce d'une ballerine, ça aurait pu vite dégénérer.

Mais bon, l'essentiel, c'est qu'on lui a fait la peau.

Après ça, y'a une engueulade entre le patron et la rousse (mère), et puis finalement, même si ça lui a mis la larme à l'œil, il l'a laissé mettre le feu à sa propre baraque pour se débarrasser des dernières enflures qui s'étaient cachées dedans.

Mais c'était pourtant pas la dernière fois qu'on allait entendre parler d'eux.
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RE: Compte-rendu des soirées jeux de plateaux - par Skarn - 29/11/2016, 14:40



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