11/06/2019, 12:48
Premier paragraphe de ma mini-AVH "Ici sont les Dragons", en espérant qu'il vous donnera envie de lire la suite!
« C’est une vraie catastrophe, » soupire Yann Lecuvier, l’un des cinq scientifiques que vous transportez à bord du Belle de Nuit.
Vous laissez votre regard errer au-dessus du pont. Le soleil est déjà près de se coucher, mais sa lumière est encore assez forte pour ne rien vous cacher du spectacle désolant que vous offrent les eaux : une étendue presque ininterrompue de déchets en tout genre, allant du bidon d’huile au filet de pêche, en passant par des emballages en aluminium et autres résidus divers, le tout mêlé à l’épaisse croûte d’algues brunes qui fait la caractéristique de la Mer des Sargasses.
« Le septième continent... » répondez-vous avec une consternation résignée. « Un monde de plastique. »
Yann secoue la tête.
« Comment a-t-on pu en arriver là, sérieusement ? Regarde les algues, jamais elles n’ont été aussi épaisses. La faute aux rejets organiques du Brésil et des États-Unis. Les relevés ont montré qu’elles forment par endroit une couche de plusieurs mètres d’épaisseur ! »
Vous acquiescez d’un mouvement du menton.
« Si ça continue, il ne sera bientôt plus possible de naviguer. »
« Oui, et c’est justement pour ça que des missions comme la nôtre sont si importantes. Il faut faire comprendre aux gens ce qui est en train de se jouer. »
« J’espère que vous y parviendrez, » faites-vous en affichant une moue sceptique. « Allez, je vais me coucher. Je prends mon quart à deux heures du matin. »
« Très bien, bonne nuit alors. »
« Bonne nuit. »
***
« Lieutenant ! Lieutenant ! Réveillez-vous ! »
Une main tremblante vous secoue l’épaule. Émergeant brutalement du sommeil, vous vous redressez sur votre couchette. Un marin se tient à vos côtés, l’air anxieux.
« Qu’y a-t-il ? » lui demandez-vous avec nervosité.
« Quelque chose ne va pas. Le capitaine... La cabine de commandement ne répond plus. Je crois que nous sommes attaqués. Des pirates... »
« Des pirates, au cœur de l’Atlantique ? C’est impossible ! » vous exclamez-vous en vous levant – vous vous étiez couché tout habillé en prévision de votre quart nocturne.
Vous enfilez rapidement vos bottes, puis vous ouvrez la porte de votre cabine et sortez, suivi par l’homme d’équipage. La coursive est plongée dans l’obscurité.
« Pourquoi fait-il si noir ? »
« Je crois que le générateur a sauté. »
« C’est pas vrai ! Mais qu’est-ce qui se passe sur ce rafiot ? »
Vous vous précipitez sur l’escalier qui mène à l’extérieur. Une petite pluie fine et glaçante vous accueille, vous faisant frissonner. Les ténèbres sont presque complètes, seule la lune diffuse une vague clarté à travers le voile des nuages. Vous apercevez alors une forme humaine étendue sur le pont.
« Mais c’est... »
Un cri de douleur et d’épouvante vous fait vous retourner. Le marin qui vous accompagnait contemple fixement son ventre, les yeux dilatés d’horreur. Trois longues pointes de métal noir émergent de sa chemise ensanglantée. Et dans son dos...
Ce n’est pas possible ! Vous devez faire un cauchemar !
Vous prenez la fuite en direction de la passerelle qui mène au poste de pilotage. La radio, vite ! Prévenir les autorités... Contacter les Bermudes...
Une forme vive, sombre et luisante jaillit hors de l’obscurité. Elle vous percute avec force. Propulsé violemment sur le côté, vous réalisez avec effroi que vous êtes sur le point de basculer par-dessus le garde-fou. Vous tentez de vous retenir à la rambarde, mais une main froide et humide vous empêche de l’agripper tandis qu’une autre vous pousse vers l’extérieur – en direction de l’océan.
Un océan synonyme de mort par noyade, puisque vous n’ignorez pas que vous êtes à plusieurs centaines de kilomètres des côtes les plus proches.
Vous poussez un hurlement de terreur en glissant le long de la coque. Le choc contre la surface de la mer est brutal. Vous pénétrez dans l’eau limoneuse la tête première. Les algues s’écartent puis se rabattent sur vous comme les tentacules d’une pieuvre monstrueuse. Vous vous débattez contre les filaments visqueux, essayez désespérément de regagner l’air libre... Hélas, il fait si sombre que vous êtes incapable de distinguer le haut du bas ; tous vos efforts ne conduisent qu’à vous enfoncer un peu plus vers les abysses. L’oxygène commence à vous manquer, la tête vous tourne... Et vous perdez connaissance.
Rendez-vous au 1.
« C’est une vraie catastrophe, » soupire Yann Lecuvier, l’un des cinq scientifiques que vous transportez à bord du Belle de Nuit.
Vous laissez votre regard errer au-dessus du pont. Le soleil est déjà près de se coucher, mais sa lumière est encore assez forte pour ne rien vous cacher du spectacle désolant que vous offrent les eaux : une étendue presque ininterrompue de déchets en tout genre, allant du bidon d’huile au filet de pêche, en passant par des emballages en aluminium et autres résidus divers, le tout mêlé à l’épaisse croûte d’algues brunes qui fait la caractéristique de la Mer des Sargasses.
« Le septième continent... » répondez-vous avec une consternation résignée. « Un monde de plastique. »
Yann secoue la tête.
« Comment a-t-on pu en arriver là, sérieusement ? Regarde les algues, jamais elles n’ont été aussi épaisses. La faute aux rejets organiques du Brésil et des États-Unis. Les relevés ont montré qu’elles forment par endroit une couche de plusieurs mètres d’épaisseur ! »
Vous acquiescez d’un mouvement du menton.
« Si ça continue, il ne sera bientôt plus possible de naviguer. »
« Oui, et c’est justement pour ça que des missions comme la nôtre sont si importantes. Il faut faire comprendre aux gens ce qui est en train de se jouer. »
« J’espère que vous y parviendrez, » faites-vous en affichant une moue sceptique. « Allez, je vais me coucher. Je prends mon quart à deux heures du matin. »
« Très bien, bonne nuit alors. »
« Bonne nuit. »
***
« Lieutenant ! Lieutenant ! Réveillez-vous ! »
Une main tremblante vous secoue l’épaule. Émergeant brutalement du sommeil, vous vous redressez sur votre couchette. Un marin se tient à vos côtés, l’air anxieux.
« Qu’y a-t-il ? » lui demandez-vous avec nervosité.
« Quelque chose ne va pas. Le capitaine... La cabine de commandement ne répond plus. Je crois que nous sommes attaqués. Des pirates... »
« Des pirates, au cœur de l’Atlantique ? C’est impossible ! » vous exclamez-vous en vous levant – vous vous étiez couché tout habillé en prévision de votre quart nocturne.
Vous enfilez rapidement vos bottes, puis vous ouvrez la porte de votre cabine et sortez, suivi par l’homme d’équipage. La coursive est plongée dans l’obscurité.
« Pourquoi fait-il si noir ? »
« Je crois que le générateur a sauté. »
« C’est pas vrai ! Mais qu’est-ce qui se passe sur ce rafiot ? »
Vous vous précipitez sur l’escalier qui mène à l’extérieur. Une petite pluie fine et glaçante vous accueille, vous faisant frissonner. Les ténèbres sont presque complètes, seule la lune diffuse une vague clarté à travers le voile des nuages. Vous apercevez alors une forme humaine étendue sur le pont.
« Mais c’est... »
Un cri de douleur et d’épouvante vous fait vous retourner. Le marin qui vous accompagnait contemple fixement son ventre, les yeux dilatés d’horreur. Trois longues pointes de métal noir émergent de sa chemise ensanglantée. Et dans son dos...
Ce n’est pas possible ! Vous devez faire un cauchemar !
Vous prenez la fuite en direction de la passerelle qui mène au poste de pilotage. La radio, vite ! Prévenir les autorités... Contacter les Bermudes...
Une forme vive, sombre et luisante jaillit hors de l’obscurité. Elle vous percute avec force. Propulsé violemment sur le côté, vous réalisez avec effroi que vous êtes sur le point de basculer par-dessus le garde-fou. Vous tentez de vous retenir à la rambarde, mais une main froide et humide vous empêche de l’agripper tandis qu’une autre vous pousse vers l’extérieur – en direction de l’océan.
Un océan synonyme de mort par noyade, puisque vous n’ignorez pas que vous êtes à plusieurs centaines de kilomètres des côtes les plus proches.
Vous poussez un hurlement de terreur en glissant le long de la coque. Le choc contre la surface de la mer est brutal. Vous pénétrez dans l’eau limoneuse la tête première. Les algues s’écartent puis se rabattent sur vous comme les tentacules d’une pieuvre monstrueuse. Vous vous débattez contre les filaments visqueux, essayez désespérément de regagner l’air libre... Hélas, il fait si sombre que vous êtes incapable de distinguer le haut du bas ; tous vos efforts ne conduisent qu’à vous enfoncer un peu plus vers les abysses. L’oxygène commence à vous manquer, la tête vous tourne... Et vous perdez connaissance.
Rendez-vous au 1.