Par-delà la Vallée de l'Ultime Répit
#13
L'aventure est conçue sur un schéma typique des LDVELH : un long voyage dans une nature hostile avec des choix de route différents qui nous font vivre des péripéties diverses, entre les rencontres débouchant sur des combats, des pièges naturels se résolvant par un test de
caractéristiques ou pire, par des PFA. Mais au-delà de ce classicisme, cette AVH se caractérise par son style très littéraire, son background recherché et la mission du héros, finalement assez inédite.
L'idée d'incarner quelqu'un chargé par sa tribu d'accomplir une expédition solitaire pour découvrir de nouvelles terres habitables m'a au début laissé dubitatif. Mais finalement, cet objectif n'est pas perdu de vue et apparaît de plus en plus crédible tant la nature que nous traversons s'avère hostile, entre les canyons arides, les forêts trop denses et la chaîne de montagne à l'horizon. Entendre le cor d'un des autres explorateurs rappelle également l'urgence de réussir cette mission. Ce n'était pas évident avec un tel postulat de départ mais cette mission est devenue réaliste.
Le background par contre est assez indigeste. Entre l'accumulation de noms propres complexes, le résumé historique d'un continent à la civilisation humaine assez floue et l'impression que l'on n'est qu'un grain de poussière sans importance parmi ces récits de hauts faits, l'introduction m'a presque ennuyé. On sent bien que tu fais preuve d'imagination et de recherches pour créer ton univers d'Oriniythia mais il aurait mieux valu apporter les informations de manière graduelle, quitte à ne livrer au départ que les renseignements nécessaires au héros pour comprendre son contexte immédiat. De même, au cours de l'aventure, il est régulièrement fait état de clins d'oeil à ce que deviendra à l'avenir ce continent sauvage. Personnellement, ça a créé une distance par rapport à ce que l'on vivait. C'est original mais ça ne m'a pas convaincu.
Ce qui m'a enfin frappé est évidemment l'écriture. Oorgan nous avait prévenus dans un post précédent et l'aventure est rédigée d'une manière presque archaïque qui convient bien à cette fresque médiévale fantastique teintée de mélancolie et d'un certain fatalisme. L'effort fourni est énorme et appréciable entre les termes d'un français vieilli, le vocabulaire inusité ou des tournures de phrase d'antan. Globalement, l'expérience est plutôt réussie car cela apporte un caractère inédit et presque inoubliable à cette aventure qui serait sinon très conventionnelle. Après, ce n'est pas un exercice facile. Pas mal d'erreurs, de fautes ou de maladresses ternissent l'effet donné. Surtout concernant le choix des mots archaïques (oncques, icelui, maints...) ou des formes de phrase à rebours ("car plainte jamais ne franchit vos lèvres"). Bien placés, utilisés dans les moments opportuns, ce
vocabulaire peut s'avérer très immersif et apporte une réelle plus-value à ton style qui se savoure alors comme une friandise. Mais à d'autres moments, ils deviennent artificiels, lourdingues et gratuits. L'équilibre est très difficile à trouver et, à moins d'avoir un ou plusieurs courageux relecteurs pour dénicher les nombreuses maladresses, ce n'est qu'avec l'expérience et le temps que tu sauras bien panacher ces expressions.
D'autre part, on a droit à de nombreuses descriptions fleuries, détaillées ou poétiques du cadre naturel, de la beauté de la sylve, du ciel céruléen ou de l'astre flamboyant. Sincèrement, certains passages m'ont presque ému, tout au moins plongé avec réussite dans la scène que je voyais comme si je m'y trouvais. Mais d'autres fois ils m'ont ennuyé car je voulais un peu d'action et ne pas m'éterniser pour la Xième fois sur un lever de lune dans le ciel assombri... Là encore tout est une
question de dosage. Quand le héros se trouve sous tension (exemple : quand il doit faire face aux rapides, à un tourbillon, à une chute de pierres ou une créature hostile), il n'a pas le temps de contempler de la même manière le paysage et le style devrait s'en ressentir avec des paragraphes plus courts, des phrases plus brèves, le choix d'un vocabulaire plus direct.
Par ailleurs, le rythme de l'aventure est plutôt calme et lent, presque contemplatif. Comme il s'agit d'un long voyage, cela rappelle un peu la Porte d'Ombre où l'on chemine longtemps sans faire beaucoup de rencontres dangereuses ou marquantes. Un peu plus d'action et moins de descriptions aurait été bienvenu à mon sens même si ça permet par contre d'avoir une aventure relativement longue pour si peu de paragraphes.
Enfin, l'aspect jeu est sympa. Les combats sont très simples, très aléatoires mais bien rythmés : pas prise de tête, assez rapides et faciles à équilibrer pour l'auteur, surtout si l'on considère que le
joueur va se mettre 9 en Habileté et 10 en Vitesse. La répartition initiale des 35 points est inutile car c'est évident que le mieux est de placer le maximum dans ces deux caractéristiques. Les quelques epas et le sommeil permettent de bien récupérer et les combats ne sont pas trop nombreux. Heureusement car ils sont souvent dangereux, voire mortels si l'on n'a pas de chance, ça augmente le réalisme de l'aventure. Mais l'aventure reste globalement facile. Je ne suis mort qu'une fois, dans
le champ de simili-lotus noirs. Une fin frustrante car dépendant d'un choix directionnel alors qu'il me semblait avoir pourtant bien suivi les indications du message afin de trouver la cabane de l'Inconnu.
Cette AVH confirme que tu ne cesses de progresser dans l'écriture. Ton potentiel est assez incroyable. Si je peux me permettre, ne brûle cependant pas les étapes en voulant trop bien faire en proposant trop de descriptions et un langage en permanence archi-soutenu car c'est au détriment du rythme et du jeu. Relis aussi bien tout ce que tu as rédigé avant de le proposer à la lecture car il y a encore beaucoup de fautes de frappe ou d'étourderie.
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RE: Par-delà la Vallée de l'Ultime Répit - par Fitz - 06/04/2012, 22:32



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