[24] La Créature venue du Chaos
#1
La Créature venue du Chaos n'est pas un Défis Fantastiques comme les autres.
Lorsqu'il prend l'ouvrage pour la première fois, deux choses peuvent frapper le lecteur. Tout d'abord, l'introduction fait plus de vingt pages! De plus, à aucun moment de ces pages il n'est fait référence à VOUS, et pour cause, la deuxième chose inhabituelle est que dans ce livre VOUS êtes la créature venue du Chaos. Habitué à incarner un aventurier musclé, intelligent, héroïque, le lecteur se retrouve ici dans la peau d'un être à écailles, avec des griffes et qui a faim. Le lecteur ne sait rien de son identité, du but de son existence ou de l'endroit où il se trouve. Les pages de l'introduction vont alors permettre de trouver des repères dans ce monde inconnu.
Lorsque l'histoire commence vous êtes dans un souterrain. Survivre sera d'abord votre unique but. La progression est à tel point périlleuse que s'en est désarmant. Seule la chance, la patience et votre perspicacité vous permettront de sortir à la lumière du jour et d'en apprendre un peu plus sur vous même.
L'ambiance est terriblement sombre et violente, l'aventure dangereuse. Pour ces raisons ce n'est pas forcément un livre destiné aux plus jeunes.
Atteindre le paragraphe 460 n'est pas une tâche aisée! A moins d'une chance extraordinaire, d'innombrables tentatives seront nécessaires pour sortir du souterrain et alors seuls les lecteurs les plus tenaces parviendront à la fin du livre.
Je ne peux qu'encourager tous ceux qui ne connaissent pas ce livre à le lire! La Créature venue du Chaos est un livre dont
vous êtes le héros très original et, bien qu'il ne plaira pas à tout le monde par cette originalité même, l'histoire de cette
Créature que Vous êtes pourra en amener plus d'un à regarder les livres jeux autrement.
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#2
Bonne analyse, Yohan. Cependant, ce que je déplore dans ce livre, c'est que si on suit l'unique chemin permettant d'arriver à la fin, on passe à côtés des trois-quarts des évènements qui se passent dans les souterrains. Ce qui est vraiment dommage car c'est ce qui donne au livre une telle ambiance glauque et un sentiment de claustrophobie. Je sais pas si vous voyez où je veux en venir mais en tout cas, c'est ça qui fait que j'aime bien ce livre, le fait d'évoluer dans ces sombres souterrains.
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#3
Merci Jin!
Tu as raison, on peut avoir l'impression de laisser de côté une bonne partie de ce qui fait l'intérêt du livre lorsqu'on passe par le chemin menant à la "victoire". Bon nombre d'endroits sont des impasses mais sont pourtant dignes d'être visités.
Cependant, je pense qu'il ne faut pas juste s'en tenir au "bon" parcours! Les paragraphes menant à la perte du lecteur ont également été écrits pour être lus et il faut tellement de tentatives pour venir à bout de l'histoire qu'on est forcé de passer par bon nombre d'entre eux et de finalement connaître toute cette ambiance glauque et claustrophobe!
J'adore tellement ce livre que je pourrais n'en dire que du bien mais c'est vrai que le fait que le chemin vers le 460 ne passe pas par tous les endroits intéressants peut donner une bizarre impression. Ca ne serait pas le cas si le livre était du genre: "Gauche ou droite? Gauche? Vous mourrez." On n'aurait pas alors l'impression de rater quoi que ce soit, mais je ne pense pas que ça serait forcément mieux.
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#4
Tu as de bon goûts d'avoir adoré ce livre car il avait remporté le Grand Tournoi de l'année dernière mettant aux prises entre eux tous les LDVELH Gallimard.
On a effectivement le sentiment que Steve Jackson a beaucoup donné de sa personne pour écrire celui-là, tant au niveau de la longueur, de l'originalité du scénario, de la construction compliquée du One-True-Path et de l'atmosphère mise en place.
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#5
Ce qui m'a vraiment énervé avec ce livre, c'est le temps perdu à traduire des phrases entières. J'en ai fait une vraie indigestion: ça ne passait pas après les pâtés des Hobbits. En V.O. on avait droit à des pâtés DE Hobbits mais la censure en VF est encore passé par là (il est interdit en France d'inciter au canibalisme des Hobbits, c'est une espèce protégée).
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#6
Jin a écrit :Bonne analyse, Yohan. Cependant, ce que je déplore dans ce livre, c'est que si on suit l'unique chemin permettant d'arriver à la fin, on passe à côtés des trois-quarts des évènements qui se passent dans les souterrains. Ce qui est vraiment dommage car c'est ce qui donne au livre une telle ambiance glauque et un sentiment de claustrophobie. Je sais pas si vous voyez où je veux en venir mais en tout cas, c'est ça qui fait que j'aime bien ce livre, le fait d'évoluer dans ces sombres souterrains.

D'un autre côté, pour suivre l'unique chemin encore faut-il le trouver. Et tourner en rond dans ces souterrains est un préalable. Personnellement, j'ai fait une dizaine de tentatives et j'ai ensuite utilisé la soluce pour arriver au bout. De toute façon je savais que je pourrais jamais le finir à la loyale. Un chef d'oeuvre de complexité que ce livre. Enfant je me souviens l'avoir revendu une semaine après l'avoir acheté, totalement dépité et désabusé par la difficulté.
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#7
J'y ai passé un certain nombre de mercredi après-midis sur ce ?!$& de livre. Mais une grande satisfaction de l'avoir résolu tout seul comme un grand (et d'être mort un sacré paquet de fois et de toutes les façons possibles et imaginées par Jackson...).
Pour moi, ce bouquin est comme un très beau puzzle de 18000 pièces : à réserver aux fans de l'extrême qui ont du temps et de la motivation.
Segna, adepte de Slangg...
[Image: vampire_icone.png] La Traboule de Segna
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#8
La créature venue du chaos.....tout simplement mon livre culte. Le one-true-path est si soigneusement conçu que ça force mon admiration. Jackson a du en mettre du temps pour construire un tel dédale et si la difficulté est évidemment pénible, elle ne donne que plus de plaisir à la victoire finale, je trouve.
Après, que rajouter, si ce n'est un scénario superbe, une présentation inégalée, des paragraphes longs et riches, une ambiance fantastique et, fait rare, les chemins menants à la mort sont si développés que l'on se régale de perdre rien que pour les lire.

Bref, à lire à tout prix, éventuellement avec la solution, mais si vous recherchez plus la lecture que le jeu, comme moi, hâtez-vous!
Debout, debout cavaliers de Théoden!
Les lances seront secouées, les boucliers voleront en éclat,
Une journée de l'épée, une journée rouge avant que le soleil ne se lève !
Au galop ! au galop ! courez ! Courez à la ruine et à la fin du monde !
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#9
(05/12/2008, 20:14)Aragorn a écrit : les chemins menants à la mort sont si développés que l'on se régale de perdre rien que pour les lire.
Je crois que c'est là que se situe la qualité du livre, on a pas peur de jouer pour perdre (c'est pas le seul jackson dans ce cas)
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#10
Il y a plus difficile et vicieux que la créature du chaos : c'est le Prisonnier de Pierre Rosenthal, paru au livre de poche. Cela dit, le principe est globalement le même : un livre conçu comme un casse-tête où toutes les pistes sont des fausses pistes même si elles sont très plaisantes à vivre et à lire. Concernant la créature venue du chaos, il convient de noter que c'est dans ce livre que gallimard dévoile le mieux les consignes données à ses traducteurs pour édulcorer le texte original : the Creature of Havoc est bien plus sadique et vorace que la gentillette creature venue du chaos qui ne festoye que des petits pates que les Hobbits transportent dans leur sac au lieu de goulument se regaler de leur cadavres sanguinolents...
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#11
Mon livre préféré aussi!!!

Moi aussi, je ne compte plus les heures que j'ai passé dessus!
Le plus vicieux de tout, c'est la rencontre avec le demi-orque. Il faut non seulement aller au bon endroit, mais en plus au bon moment! Le bon vieil adage des ldveh qui veut qu'on prenne son temps pour bien explorer les villes ou les pièces ne vaut pas toujours!
Sacré Steve Jackson
Au commencement Eru, l'Unique, que dans le langage des Elfes on appelle Ilùvatar, de son esprit, créa les Ainur, et devant lui ils firent une Grande Musique.
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#12
(13/01/2009, 19:20)AlvEric a écrit : Il y a plus difficile et vicieux que la créature du chaos : c'est le Prisonnier de Pierre Rosenthal, paru au livre de poche.
Vraiment plus ardu ? Bien que je n'ai pas lu le Prisonnier, je peux difficilement croire qu'il existe un LDVELH plus retors que la Créature venue du Chaos. Je veux des preuves ! Tongue
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#13
Le postulat de départ est le plus intrigant de tous les LDVELH réunis : on ne sait ni où l'on se trouve, ni qui l'on est, ni même ce que l'on est. En fait, on ne sait rien. Paradoxalement, on a droit à des chapitres d'introduction d'une longueur inhabituelle qui traitent de géographie et d'histoire concernant une région d'Allansie où se sont déroulés pas mal de précédents Défis Fantastiques, avec même en prime des références à Zagor et Balthus. Un début très déroutant donc et ce sera au lecteur de faire le lien entre cette intro et notre aventure.
La suite va nous permettre d'acquérir une conscience, une forme d'intelligence, voire même une certaine morale. Surtout, elle va nous donner l'occasion de découvrir un environnement inconnu en se mettant à la place d'une créature ignorante. Steve Jackson fait preuve d'une réelle finesse en décrivant par exemple les objets banals d'une manière étonnante, qui "fait vrai" du point de vue de l'interprétation d'un monstre.
Mais l'originalité ne s'arrête pas là. Les conversations des êtres que l'on rencontre sont codées pour signifier que l'on ne les comprend pas, du moins au début. Les souterrains où démarre l'aventure regorgent de pièges et de monstres plus effrayants les uns que les autres et particulièrement marquants. L'atmosphère est glauque à souhait, certaines fins particulièrement horribles et les illustrations ne gâtent rien. Enfin, le scénario est très bien construit. On a l'occasion de rencontrer des personnages importants de l'histoire et la toute fin est surprenante à souhait.
Le seul point noir est l'impressionnante difficulté. Jackson est vraiment un sadique pour plonger le joueur dans un tel labyrinthe de possibilités où 99% des décisions conduisent à l'échec et une mort atroce. Il n'existe qu'un seul chemin précis, les PFA sont incroyablement nombreux et il vaut mieux avoir un score de chance maximal au départ. Même le total d'habileté ne devra pas être trop faible, car, malgré les règles spéciales qui nous donnent une chance de battre n'importe qui, de nombreux combats obligatoires nous attendent au début de l'aventure. Mais surtout, les bons choix sont contre-intuitifs et il est donc impossible de les trouver sans subir au préalable une floppée d'échecs. Par exemple, il faut se montrer agressif à certains moments où on ne l'aurait vraiment pas imaginé, éviter de fouiller certains lieux (comportement alpha du lecteur moyen de LDVELH), éviter de faire preuve de trop de ruse...
On obtient du coup l'un des livres-jeux les plus difficiles qui existent, même s'il est possible de le gagner à la loyale contrairement à La Crypte du Sorcier et d'autres. Mais on a également l'un des LDVELH les plus aboutis, les plus intelligents, les plus travaillés et les plus originaux. On sent vraiment que l'auteur y a mis toute son ardeur et sa passion, sans qu'aucun passage du livre ne soit bâclé ou sacrifié sur l'autel de la rapidité d'exécution.
Une vraie réussite. Un incontournable dans l'univers des livres-jeux.
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#14
J'ai fini ce livre il y a quelque temps, et je peux donc confirmer une bonne partie des avis partagés par ceux qui l'ont lu:
  • C'est peut-être le livre le plus dur qui existe. J'ai vraiment essayer de le finir à la loyal, mais ce livre rend fout; il a une manière de prendre le joueur constamment à contre-pied, qui fait qu'on se demande parfois s'il est possible de le terminer. J'ai par exemple parcouru l'ensemble du souterrain sans trouver la clef du code secret... Et la deuxième partie du livre est encore pire.
  • L’ambiance est fantastique, et, sans être littéraire, on se prend bien au jeu. Ce qui rend le livre diabolique! Je ne les ai pas tous lus, mais dans le genre "dungeon crawl", c'est peut-être le meilleur.
  • La fin du livre n'est pas aussi triomphale que dans la plupart des DFs, et je trouve d'ailleurs qu'elle appelle une suite d'un certain point de vue. Qu'en pensez-vous?
Ayant à la fois la version en français et en VO, j'ai pu également faire quelques comparaisons:
  • Ca a déjà été dit maintes fois, mais la traduction est souvent franchement décevante. Sans parler des hobbits francophones qui ne peuvent s'empêcher de se remplir les poches de pâtés (!), les descriptions ont été passablement édulcorées lors de la traduction.
  • J'ai l'édition Wizards Books pour la VO, et on parle des erreurs dans les DFs en français, mais j'ai la preuve qu'il en existe aussi outre manche: les règles ne sont pas correctes dans cette version. De plus, il manque la carte qui était dans la version Puffin originale. Mais bon, ça ne change pas la qualité du livre!
Voilà, très bon livre, que tout le monde devrait avoir dans sa collection -- quitte à regarder la solution pour les moins patients! Wink
«Le goût est l’ennemi de la créativité.» -- Pablo Picasso
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#15
Valentin le Désossé ? Jusque-là, je croyais que c'était une invention de Jackson. Mais, en visitant le musée d'Orsay avec ma tante, je suis tombé sur cette toile : http://fr.wikipedia.org/wiki/Valentin_le...soss%C3%A9

Alors ? Plaisanterie ou mauvaise traduction ?
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