[La Saga du Prêtre Jean] Les Mystères de Babylone
#1
Conservé dans un bloc de glace (!), Le Prêtre Jean traverse les siècles en état de cryogénie pour échouer sur la rive de l'Euphrate à l'époque du roi Nabuchodonosor. Son enveloppe va bientôt fondre mais à quel moment? Ceci est déterminé aléatoirement et l'évènement donne lieu à quelques situations cocasses lorsque les Babyloniens découvrent cet étranger dégoulinant. Suhsan, l'homme connaissant la route de Shangri-La, a laissé l'information en un endroit bien caché mais il met à l'épreuve le Prêtre Jean qui doit sillonner la cité pour récupérer des indices. On se retrouve donc plongé dans une aventure d'exploration très peu linéaire qui va nous permettre de faire du tourisme dans une ville étonnante d'opulence mais où la magie et l'hédonisme côtoient la laideur et la décadence.
En fait, ce sont trois quartiers bien distincts que l'on va arpenter dans notre quête de renseignements. Les célèbres jardins suspendus dont la visite est un peu trop courte et facile à mon goût, une "ville basse" qui représente les bas-fonds de Babylone, à la population effrayante qui se révèle d'une hostilité rare, et un quartier des jeux plein de rires et d'or mais où la mort guette l'imprudent sans que celui-ci ne s'y attende. Ce 4ème tome tranche singulièrement d'atmosphère avec les précédents... et je crois bien qu'il s'agit de mon préféré. La merveilleuse jouabilité des 3 premiers s'efface devant l'intérêt de l'histoire et des diverses rencontres, où l'on fait bien plus usage de la parole que de son épée. Exit les multiples potions et parchemins que l'on prenait plaisir à utiliser pour se sortir des dangers, quasiment disparus les humanoïdes typés "Donjons et Dragons", le réalisme est ici mis en avant, même si heureusement les monstres et les sortilèges ne sont jamais très loin. Nos adversaires ne sont plus des trolls, des hommes-lézards ni des gnomes mais des brigands ou des maris jaloux... L'effort est particulièrement mis sur la description de la cité, de ses habitants, de leur culture, un peu à l'instar du début de l'Oeil du Sphinx mais ici sur toute la durée de l'histoire. Le style est parfois lapidaire avec des phrases trop courtes et qui s'enchaînent sans rythme (Headline et Monrocq sont cette fois les seuls auteurs). C'est le seul reproche que je peux faire à ce magnifique LDVELH. Mais d'autres passages sont bien mieux écrits, sans hâte et avec le souci d'instaurer une réelle atmosphère, de bien faire entrer le lecteur dans les rues sèches et poussiéreuses de Babylone, au milieu du tourbillon de couleurs qu'offrent les coutumes vestimentaires et l'architecture de cette civilisation. Surtout, les auteurs démontrent une fois de plus leur très forte imagination en proposant des pièges ou des rencontres qui mélangent délicieusement effet de surprise et humour macabre. A cet égard, les attractions du quartier des jeux sont formidables, en particulier la roue de la fortune et le jeu de quilles (à donner des frissons). Je ne vais peut-être pas me faire des amis mais les rencontres et les pièges de cette Babylone sont nettement mieux décrits et plus captivants que ceux d'une certaine Kharé.
La nature de prêtre du héros a souvent été oubliée dans le début de la saga. Ici, chaque décision de Jean est passée à travers le prisme de son esprit chevaleresque et de sa morale chrétienne, ce qui donne lieu parfois à des dialogues truculents quand il explique à une jeune mendiante pourquoi l'argent n'est pas si important ou lorsqu'il doit réagir face aux très nombreuses demoiselles en détresse qui parsèment la ville. Les moeurs des Babyloniennes sont d'ailleurs plutôt légères et le passage chez Nanah-Dirat est à ce propos vraiment bien décrit. Il donne l'occasion de découvrir deux PFA à ne pas rater (surtout celui où l'on voit avant de mourir notre meurtrier violer sur une table la femme que l'on désirait défendre).
Le ton général est à la fois plus mâture et plus humoristique que dans les autres LDVELH. Concernant la difficulté, elle est très bien dosée si l'on n'oublie pas de se servir de notre pouvoir de charisme. L'habituel combat final est même moins ardu que dans les épisodes précédents ce qui laisse une chance raisonnable de l'emporter avec une force minimale de 14. Mais une fois de plus, les faibles caracs ne pardonnent pas.
Je trouve enfin dommage que dans cette série, il ne semble pas prévu de conserver l'équipement acquis dans les tomes précédents. Tout est prévu pour que l'on recommence avec l'équipement prévu au départ dans les règles, en dépit de la logique.
Répondre
#2
Je ne comprends décidément pas pourquoi les auteurs ont jugé nécessaire de faire voyager leur héros dans le temps. Il me semble qu'en soi, retracer le voyage du Prêtre Jean vers Shangri-La était déjà une idée suffisamment originale et prometteuse. Neutre
Répondre
#3
D'après le synopsis des tomes 5 à 8 prévus, le héros ne voyage en effet plus dans le temps à partir de Babylone. A la fin du 4, il se décide pour partir vers l'Inde. Ensuite l'attendent à priori des aventures au Tibet et en Chine. Mais plus dans le passé, en effet.

Un Prêtre Jean pendant la guerre de 14-18 aurait pu être drôle pourtant.
Répondre
#4
C'est aussi mon tome préféré de la série. Une rare occasion de se glisser dans Babylone, éclipsée sans cesse par l'Egypte pour les ouvrages disponibles (ldevlh ou hors ldvelh) historiques.
J'ai en effet souvenir d'une PFA pas désagrable du tout pour notre "Prêtre" Jean dans cette Babylone décadente. Après quelques recherches théologiques dans d'obscures bibliothèques, je vous soumets mon interprétation pour redorer le blason du Prêtre Jean et lui éviter l'excommunication :
en effet, puisque le Prêtre Jean a remonté le temps, je considère qu'il n'a pas (encore) prononcé ses voeux ... il peut donc pêcher comme il veut.

Plus sérieusement, pour ceux qui souhaiteraient continuer à découvrir cette cité, je vous recommande le volume "Au temps de Babylone/des Babyloniens" dans la série "La Vie privée des Hommes". Ce sont des livres illustrés façon et format BD retraçant vie et moeurs des civilisations. Vous les connaissez sûrement, ils ont aidé bon nombre de collégiens et lycéens à se documenter. Ces livres, rouges dans les années 80, ont été réédités en jaune puis argent (au passage, les rééditions sont de plus en plus moches, comme quoi nos ldevlh ne sont pas des cas isolés).
Répondre
#5
Quatrième opus de la Saga… Et quel opus ! Mon préféré !
Notre Prêtre Jean commence donc l’aventure dans la dangereuse cité de Babylone.
Notre but : trouver trois sages, chacun nous donnant un indice pour trouver une précieuse tablette qui nous donnerait des informations sur les lieux des prochaines aventures.
Donc nous voilà parti, chaque sage ayant sa particularité (l’un est sourd, l’autre aveugle et le troisième muet) et vivant dans un lieu différent.
Je le répète, ce volume est vraiment bon, avec d’excellents moment à passer (le Ministre déguisé, Nana-Dirat, les jeux du quartier des jeux…).
J’ai vraiment eu plaisir à visiter cette cité.
Seule point négatif : la fin.
Les illustrations sont bonnes, la difficulté est modéré, attention quand même à certains PFA.
Au final, un très bon opus.

Intérêt : 17,5/20

Rapha
~ "Dépasser la souffrance et gagner le respect" ~
Répondre
#6
à noter que si les noms des PNJ sont pour la plupart des gags ( Raf-Nadaihr, Bykh… ) ou faits à plaisir, quelques-uns ont des racines babyloniennes
• Souhsan <- - - - la cité de Shoushan ( Suse ), alors capitale de l'Élam, un royaume vassal de Babylone ( la moitié orientale de l'Élam, elle, était divisée en petits royaume vassaux du royaume de Perse lui-même vassal de l'empire mède ); la population y est très mêlée entre Élamites et Mésopotamiens
• Barsip <- - - - la cité de Borsippa, proche de Babylone et géographiquement et religieusement puisque le dieu principal y était Nabou fils et scribe du dieu Mardouk
On peut présumer que ces deux mages sont originaires de ces cités et qu'on les connaît à Babylone par des surnoms qui y font référence.
• Nana-Dirat: il faudrait vérifier pour 'Dirat', mais Nana originellement une déesse de plein droit est à l'époque qui nous occupe devenu un aspect d'Ishtar
[ EDIT: à moins qu'il ne s'agisse d'une cntraction de Nanaïa, une déesse mineure associée à Ishtar dans la ville d'Ourouk mais distincte d'elle ? ]
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#7
je viens ENFIN de découvrir où Headline a pris Nana-Dirat: dans Un Privé à Babylone de Richard Brautigan. Le 'héros' un privé raté en 1942 s'imagine à l'occasion en super-privé dans la Babylone de 596 B.C. et Nana-Dirat est sa secrétaire, "une merveilleuse femme aux cheveux noirs, au corps de liane, dont les seins lui mettent les sens en feu". Et à défaut de savoir taper à la machine elle doit savoir tracer des caractères cunéiformes sur des tablettes d'argile… ( dans la vraie vie, sa secrétaire l'a laissé tomber parce qu'il embrassait mal )

Voilà, maintenant vous savez Mrgreen
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#8
lol, quel farceur ce doug !
Répondre
#9
sacré lui.

Mais je ferai mieux encoreOut
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#10
Le précédent livre ne m'avait guère emballé, mais celui-ci est heureusement on ne peut plus différent !

J'aime bien les cadres urbains et celui-ci n'est pas mal du tout (je n'affirmerais pas qu'il est très exact d'un point de vue historique, mais ne pinaillons pas). Il y a un grand nombre de rencontres non-hostiles (et quelquefois très très amicales), ce qui est sympathique.

Il y a plusieurs passages humoristiques réussis (comme la tête en plâtre ou le discours que l'on peut tenir à la gamine qui nous demande de l'argent).

Les cartes divinatoires sont une idée intéressante, mais mettre 2 PFA sur 11 cartes parmi lesquelles on choisit complètement au hasard est tout de même abusif !

Les différentes parties de l'aventure ont une longueur et un développement appréciables... sauf la fin, qui est curieusement brève et abrupte.
Répondre
#11
2 PFA +10/36 chances d'un troisième; ça nous laisse presque 4 chances sur 5, c'est très correct pour du Headline  Mrgreen
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
Répondre
#12
Sans aucun doute le meilleur opus de la saga pour moi, malgré un gros défaut sur lequel je reviendrai.

Nous voici donc à Babylone, fabuleuse cité, à la recherche d'un énième magicien/prêtre/érudit qui aurait eu la bonne idée de connaître le chemin menant à Shangri-La. Un sage qui a eu malheureusement aussi la mauvaise idée de mourir… Alors qu'on hésite entre s'ouvrir les veines ou profiter du soleil et faire un peu de tourisme, on apprend que trois autres sages peuvent nous donner chacun un renseignement pour trouver quand-même l'information qu'on est venu chercher.
C'est donc parti pour une chasse à l'homme au sage et là, c'est que du bon : trois sages, chacun vivant dans un quartier différent, chacun affligé d'un handicap, sourd, muet, aveugle (non, pas les trois en un, le pauvre… Et si c'était le cas, bonne chance pour lui soutirer le renseignement…). On a donc une exploration de la cité, des rencontres avec de nombreux personnages et moult péripéties. On ne s'ennuie pas un instant, les trois quartiers sont bien spécifiques et différents, quartier mal famé, quartier des jeux et les fameux jardins suspendus. Tout en restant plus adulte que dans la plupart des LDVH, le ton n'est pas exempt d'une certaine touche d'humour parfois, qui fait sourire ici et là. Dommage que la fin soit un peu bâclée, surtout avec un lieu aussi emblématique que la Tour de Babel.

Le gros problème, c'est que la Babylone proposée ici n'a pas grand-chose de babylonien ou mésopotamien… Et surtout dans les illustrations intérieures. Si la couverture est magnifique (et nous apprend que le Prêtre Jean est gaucher, particularité déjà démontrée dans les illustrations de L'œil du Sphinx), pour les illustrations, Terpant a clairement confondu Babylone avec la Bagdad des 1001 nuits… On croise même un messager venu de Bagdad d'ailleurs. Sauf que "la lune de l'univers" comme on la surnommait (par opposition à Byzance qui en était le soleil) n'existait pas à l'époque de Babylone… Côté texte, si on a des noms à consonance "babylonienne", les descriptions ne suivent pas et au final, cette aventure pourrait presque se dérouler dans n'importe quelle cité désertique.
Bon, rien de dramatique là dedans et ça ne gâche en rien le plaisir de l'aventure et je pense que le lectorat visé de l'époque s'en foutait royalement (si tant est qu'il ait remarqué quoi que ce soit). Mais c'est un peu dommage je trouve.
Anywhere out of the world
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 2 visiteur(s)