Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski
#1
Je trouve pas mal de bouquins ces temps-ci, c’est Noël Mrgreen donc pourquoi ne pas parler d’un d’entre eux.

En l’espèce, Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski
C’est un roman intéressant qui se déroule dans le même univers méd-fan que son recueil de nouvelles Janua Vera. Les nouvelles qui composent ce dernier ( situées à différentes époques ) sont très inégales mais elles fournissent un bon background pour ce monde ( lisez celle sur le culte du Desséché ); c’est aussi là qu’apparaît le ‘héros’ du roman, le tueur professionnel Benvenuto Gesufal, de la cité de Ciudalia - lisez Venise en plus heroic fantasy

Don Benvenuto est plus qu’un simpe coupe-jarret: il a longtemps servi dans l’armée et on le voit se charger de délicates négociations diplomatiques. Mais en face de son patron le très habile et très ambitieux sénateur Leonide Ducatore ou de l’associé de celui-ci le nécromancien Sassanos, il ne fait tragiquement pas le poids; il n’est qu’un subalterne, une pièce sur leurs échiquiers ( car ils n’ont pas tout à fait les mêmes intérêts )

Il y a des intrigues politiques à triple détente, des combats, de la magie, des elfes vétérans d’une bataille qui a eu lieu il y a des siècles et qui en portent encore les marques. Il y a une tentative de faire exister un personnage qui est une tentative réussie; Jaworski sait écrire un roman.

L’histoire est racontée à la première personne sans rien de romantique ou d’épique, sans aucune tentative de cacher la brutalité ou le sordide - que ce soit dans le style ou les situations. Ça peut très bien ne pas plaire. Je donne deux citations pour que vous vous fassiez une idée
“ Les gosses martyrisés des bas quartiers, c’était vous ?
- Bien sûr que non, me rétorqua-t-il sèchement. Pour qui me prenez-vous ? Ce serait trop imprudent de prélever des victimes en ville.”
winner
“ Je ne lui offris pas une seconde chance; tirant un de mes couteaux, je l’enfourchai comme une putain, je le trouai de coups répétés et rageurs, jusqu’à ce qu’il ne bouge plus et que je sois poisseux de sang.”
" Ashimbabbar m'a donné une dague et une épée et m'a dit
: Transperces-en ton corps; elles furent forgées pour toi."
Poème d'Enheduanna
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#2
Le début du roman qui donne tout de suite le ton :

"Je n'ai jamais aimé la mer. Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n'ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c'est plus gras, c'est plus trouble et plus limoneux que le pot d'aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c'est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l'ivresse. Je n'ai jamais aimé la mer, et ce n'était pas près de s'arranger."

Même si je ne suis pas très sensible au destin du personnage principal, Benvenuto, trop crapule pour moi, je dois admettre que ça faisait longtemps que je n'avais pas pris une telle claque niveau style d'écriture ! C'est envoutant, épique... Magistral,  osons même le mot. En bref, ça remet bien à sa place de petit scribouillard. Les descriptions inspirées, le souffle épique qui se dégage de chaque page, la richesse du vocabulaire et le travail de l'auteur pour rendre tout cela crédible sont réellement impressionnant.

Ça fait un moment que se gros pavé prenait la poussière dans ma bibliothèque sans que je trouve le temps de m'y consacrer. Hé bien, au terme de ma lecture, je reste admiratif devant cette œuvre captivante qui invite au voyage et aux intrigues. 

Chapeau bas comme dirait l'autre.
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#3
Je me rends compte que j'ai lu ce livre, il y a quelques années déjà. J'avais totalement accroché au style mais moins à l'intrigue (dans ma mémoire cela démarre sur les chapeaux de roue mais ensuite s’essouffle un peu). Je ne l'ai pas sous la main, il faudrait que je le relise pour donner un véritable avis.
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#4
Oui Tholdur, j'ai le même ressenti que toi sur l'histoire. C'est effectivement le style qui est de haute volée.
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#5
J'ai lu cet énorme bouquin, il y a de cela trois-quatre ans et je dois dire que c'est de la super fantasy, sans aucune hésitation. A faire lire d'urgence autour de soi Big Grin
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