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Version complète : L'enjeu et le moyen d'un AVH
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Je lance un nouveau sujet pour rebondir sur une critique récente qui évoquait une AVH en disant qu'il n'y avait pas d'enjeu dans l'intrigue.



Effectivement, comme dans un film hollywoodien, l'existence d'un enjeu fort et bien identifié me semble indispensable pour motiver le lecteur à lire l'histoire.




D'où ma proposition de lister les enjeux que proposent les LDVELH et les AVH, en citant à chaque fois un ou plusieurs exemples.

(j'actualise régulièrement cette liste)




A mon avis, il faut distinguer l'enjeu (ex : sauver le Mahnamund) du moyen (ex : aller dans le Durenor pour ramener le glaive de Sommer).



Etes-vous d'accord avec cette distinction ?




Ci-dessous un début de liste, à compléter si cela vous dit :





ENJEU :



- Sauver le monde / un territoire / une communauté / un groupe. Exemple : "la traversée infernale", "le combattant de l'autoroute", "la couronne des rois", « la forêt de la malédiction »



- Survivre, rentrer chez soi. Exemple : "le manoir de l'enfer", "la galaxie tragique", "l'épreuve des champions", "fairies / interlude sylvain », « le peuple maudit », « une journée à l’hosto », "le voyageur égaré", "prisme", "bonnet rouge"



- Découvrir son identité. Exemple : "la créateur du chaos", "la dernière prophétie", "labyrinthe"



- Changer de vie, améliorer son statut social ou financier (devenir riche, devenir puissant). Exemple : "le sorcier de la montagne de feu", "défis sanglants sur l'océan", « Fleurir en hiver », « Cyclades », "les drakkars", "le fils des steppes"



- Se venger. Exemple : "La vengeance du ninja, "les mercenaires du levant", « 1001 destins »



...





NB : j'ai bien conscience que certains AVH/LDVELH combinent plusieurs de ces enjeux, ce qui à mon avis est une bonne chose :

dans "le voyage du héros", le héros doit résoudre à la fois un conflit intérieur et extérieur.





MOYEN :



Effectuer un voyage



Battre un grand méchant



Trouver un objet magique ou prestigieux



Trouver une ou des personnes

Acquérir des nouvelles compétences, de nouveaux pouvoirs







...
pour les séries il faut différencier l'enjeu de la série et celui du volume.

L'enjeu du volume, même en le supposant pas particulièrement intéressant en soi, gagne de l'importance important en ce qu'il est une étape nécessaire de la série.
Après l'enjeu ça peut être de draguer une fille ou retrouver sa chaussette... moi je pense que quand on sait bien amener les situations on peut rendre à peu près n'importe quoi immersif. On peut aussi avoir des ldvelh où l'enjeu c'est de sauver le monde et pourtant on ne se sent pas concerné du tout. Pour moi l'enjeu n'est pas le premier critère, la question c'est comment on amène le lecteur à s'identifier à l'enjeu ?
(05/02/2021, 00:43)ashimbabbar a écrit : [ -> ]pour les séries il faut différencier l'enjeu de la série et celui du volume.

L'enjeu du volume, même en le supposant pas particulièrement intéressant en soi, gagne de l'importance important en ce qu'il est une étape nécessaire de la série.

Exact. C’est vrai surtout pour les séries « sorcellerie », « Astre d’or », « l’épée de légende » et « la loi du sabre », il me semble.
Cela rejoint le concept d' "arc narratif".
Mais il y a aussi beaucoup de séries où l’enjeu de chaque tome est bien distinct selon moi : "loup ardent", "loup solitaire", "quête du graal"
(sans compter toutes les collections où les tomes sont complétement indépendants (avec parfois un changement de héros) : "dragon d'or", "destins", "épouvante"...)
(05/02/2021, 07:43)gynogege a écrit : [ -> ]Après l'enjeu ça peut être de draguer une fille ou retrouver sa chaussette... moi je pense que quand on sait bien amener les situations on peut rendre à peu près n'importe quoi immersif.

Ton point de vue est intéressant.
Peux-tu l'étayer s'il te plait ?
Je ne vais pas les citer pour ne pas faire du bashing, mais les deux seules AVH que j'ai lu sur Litteraction où l'enjeu était faible ne m'ont pas du tout emballé.
Et pour au moins l'une d'entre elles, mon ressenti semblait partagé par les autres lecteurs.
Mais si tu as des exemples qui me permettrait de changer d'avis (ou de le nuancer) cela m'intéresse beaucoup !


(05/02/2021, 07:43)gynogege a écrit : [ -> ]On peut aussi avoir des ldvelh où l'enjeu c'est de sauver le monde et pourtant on ne se sent pas concerné du tout. Pour moi l'enjeu n'est pas le premier critère, la question c'est comment on amène le lecteur à s'identifier à l'enjeu ?


D'accord avec toi sur ce point. Un enjeu fort n'est pas suffisant. Tu as des exemples en tête à me citer ?
Tout le monde n'est pas d'accord sur ce point, mais si je prends Une journée à l'hôpital par exemple, moi j'ai adoré ! Et pourtant le titre reflète bien l'enjeu... Escale à Poésie est un autre exemple. Pas d'enjeu, mais c'est très fluide, très bien raconté, et on se laisse prendre.
Si je prends les Sceaux de la Destruction comme DF. Moi je l'aime bien, mais c'est souvent un de ceux qui est le plus décrié. Pourtant l'enjeu c'est d'empêcher la sorcière Morgana de rassembler douze sceaux qui lui donneraient des pouvoirs quasi-infinis. Le problème c'est que dans les trois quarts du livre justement cet enjeu n'est pas exploité.
Dans Formule 24, la demi-mini-avh (24§) intitulée les "noceurs de nuit" a comme enjeu affiché de draguer une fille.
Pour LCP - La chaussette parlante le but n'est pas de retrouver sa chaussette, mais on va quand même faire un tour dans une machine à laver!

La première est parodique, surtout pour la conclusion qui change l'image qu'on peut avoir a priori quand on lit l'objectif de départ bien machiste. La trame se veut relativement réaliste par contre.

Quand à LCP, on est tout de suite dans l'irrationnel et le loufoque. Mais la conclusion fait aussi un revirement, avec quelque chose d'une tonalité plus poignante qui rompt malgré tout avec le côté insouciant et portnawak.

Pour revenir à l'enjeu, c'est ici un enjeu de niche. Le loufoque ne parle pas à tout le monde, et même "mon" loufoque ne parlera peut-être pas à ceux qui aiment pourtant le loufoque. Comme le rire en général, chacun aura ses comiques préférés et ceux qui laisseront de marbre - qui pourtant feront rire aux éclats d'autres personnes. Mais même mon comique préféré ne me fera pas toujours rire.

C'est comme les "Your Story" de Sukumvit. Aucun enjeu, si ce n'est de profiter des bons mots et références de l'auteur, et des situations amusantes et parodiques qu'il décrit. Vraiment rien d'autre. Donc si on adhère on adore, sinon on ne comprend pas l'intérêt. On peut globalement apprécier, être sensible à certains traits d'humour et pas à d'autres, selon qu'on partage ou pas les références. C'est globalement, si on a plus souvent été amusé qu'on trouve l'AVH sympa. Et au contraire, si on a souri seulement à 2 ou 3 reprises, qu'on va trouver que c'est insipide.

Donc oui on peut apprécier une AVH "sans enjeu", simplement moins de monde l'appréciera au final, à qualité littéraire, structuration et scénarisation de l'aventure égale, qu'une AVH avec un enjeu bien défini qui embarque forcément tout le monde d'entrée de jeu, que ce soit parce que c'est un enjeu classique qui parle à tout le monde, ou au contraire parce qu'il sort des sentiers battus et éveille donc la curiosité.

C'est comme l'AVH de chasse de Sunkmanitu. J'ai beaucoup aimé son Voyage Initiatique, mais pourtant je n'ai aucune envie de lire son avh sur la chasse (je ne me souvient pas du titre, c'est un signe). C'est aussi une AVH de niche, qui sera appréciée par "son" public car j'ai toute confiance dans les capacités de l'auteur à proposer du très bon, mais qui malgré tout ne parlera pas aux autres lecteurs.

Une avh à "enjeu de niche" c'est intéressant pour le public cible, car il est souvent sevré d'AVH du même genre. Pour l'auteur il ne faut pas s'étonner si les retours restent faibles: elle ne s'adresse pas à tout le public.
En-dehors des séries telles que "L'épée de légende" ou "La saga du prêtre Jean", je dirais que l'enjeu et le moyen sont souvent extrêmement proches. Dans les aventures où l'enjeu est de préserver la paix du royaume menacée par un sorcier maléfique, le moyen est généralement d'aller trouver ledit sorcier pour lui faire sa fête. Même lorsque le scénario est un peu plus élaboré, cela ne fait pas toujours une différence majeure : par exemple, dans Le crépuscule des maîtres, la mission de Loup Solitaire est de détruire la machine qui permet aux maîtres des ténèbres de survivre en-dehors de leur royaume, mais le véritable sommet de l'aventure est la confrontation avec Gnaag de Mozgoar, le grand méchant qui nous a pourri la vie pendant les 3-4 livres précédents (une fois Gnaag éliminé, le reste de la mission est très vite expédié).


Le principal élément complémentaire de l'enjeu me semble être la motivation. Pourquoi quelles raisons le héros agit-il comme il le fait ? Qu'est-ce qui va le pousser à persévérer tout au long de l'histoire ? La motivation peut donner de l'intérêt à un enjeu faible, mais aussi - si elle est insatisfaisante - rendre ennuyeux un enjeu fort.

Prenons toutes les histoires où le héros doit aller poutrer un grand méchant pour l'empêcher d'accomplir ses plans maléfiques. Quelles sont les raisons qui poussent le héros à agir ? L'héroïsme et la soif d'aventure sont des motivations très idéalistes, qui peuvent facilement sembler déconnectées de la réalité. Certes, si le grand méchant ravage le monde, le héros et les gens auxquels il tient vont probablement être victimes de ses agissements ; on peut donc dire que le héros a un intérêt personnel à agir, mais c'est un intérêt très peu personnalisé, car il est partagé par un grand nombre de personne.

Donner une dimension personnelle à la motivation du héros est souvent efficace. Dans Le hurlement du loup-garou, le héros veut se débarrasser de la malédiction qui est en train de le changer en monstre. Dans Le collier maléfique, il veut sauver son frère. Dans Le pirate des sept mers, il veut se venger du pirate qui l'a réduit en esclavage pendant plusieurs années. À chaque fois, il s'agit en fin de compte d'affronter un grand méchant, mais le fait que le héros a une raison qui lui est propre d'en arriver là aide à se glisser dans sa peau.

Les LDVH de l'époque classique visaient les pré-adolescents, qui se laissent plus facilement entraîner par des raisonnements héroïques. Mais d'un point de vue adulte, je pense que les motivations personnelles - voire égoïstes - ont plus d'impact. Le fait de se retrouver dans une situation difficile et d'être simplement prêt à tout faire pour s'en tirer est très facile à comprendre et peut rendre très intéressants des enjeux bien moins grandioses que ce qu'on trouve dans la majorité des LDVH : on le retrouve par exemple dans des AVH telles que Un jour à l'hosto, À l'ombre des sept collines, Incarnation, etc. Les motivations personnelles et réalistes sont souvent réactives (le héros essaie de régler des problèmes engendrés par le monde extérieur), mais elles peuvent aussi être dynamiques, même si c'est plus rare.

Il faut bien sûr que la motivation ne soit pas simplement mentionnée au début, mais qu'elle soit rappelée - d'une manière ou d'une autre - au fil de l'histoire. C'est particulièrement important lorsque la motivation n'est pas personnalisée. Par exemple, dans Cœur de glace L'hiver des hommes, il n'y a rien de personnalisé dans le fait que le héros cherche à obtenir un objet qui lui permettrait de sauver le monde du désastre climatique en cours, mais l'apocalypse glaciaire est tellement omniprésente et affecte tout ce que rencontre le héros à tel point que le joueur a constamment à l'esprit l'enjeu de ses actions.
(05/02/2021, 12:57)gynogege a écrit : [ -> ]Tout le monde n'est pas d'accord sur ce point, mais si je prends Une journée à l'hôpital par exemple, moi j'ai adoré ! Et pourtant le titre reflète bien l'enjeu... Escale à Poésie est un autre exemple. Pas d'enjeu, mais c'est très fluide, très bien raconté, et on se laisse prendre.

J’ai beaucoup aimé ces deux AVH mais de mon point de vue chacune a bien en enjeu fort (pour le personnage) et identifié :
Une journée à l’hôpital = survivre à une journée dangereuse où l’on risque la mort physique (le tueur fou) ou sociale (Prison).
Escale à Poésie = reconstituer ses souvenirs et donc son identité
(05/02/2021, 13:28)tholdur a écrit : [ -> ]Dans Formule 24, la demi-mini-avh (24§) intitulée les "noceurs de nuit"  a comme enjeu affiché de draguer une fille.

Du coup j’ai lu ton AVH, ainsi que « une nuit à l’appartement » qui lui ressemble beaucoup. J’ai aimé les deux et c’est sûrement entre autre parce qu’il y a bien un enjeu. Dans les deux cas, emballer la fille n’est que le moyen. L’enjeu qui est clair et important (pour le personnage) c’est d’améliorer son statut auprès de sa bande de potes. Donc l’enjeu de la réussite sociale.

Mais ce que tu dis sur l’enjeu de niche est intéressant. On ne peut parfois pas plaire à tout le monde.

Mais la question de mon post original était :
Si on devait lister de façon macro les principaux enjeux quels seraient ils ?
Selon moi il y a : sauver un groupe, survivre, trouver son identité, se venger, améliorer son statut... vous  en voyez d’autres ?
(05/02/2021, 07:43)gynogege a écrit : [ -> ]l'enjeu n'est pas le premier critère, la question c'est comment on amène le lecteur à s'identifier à l'enjeu ?

Très juste. Outremer en arrive à la même conclusion quand il parle de motivation.  C’est fondamental. Et c’est là que se situe la mission des auteurs.
(06/02/2021, 14:12)Outremer a écrit : [ -> ]
Les LDVH de l'époque classique visaient les pré-adolescents, qui se laissent plus facilement entraîner par des raisonnements héroïques. Mais d'un point de vue adulte, je pense que les motivations personnelles - voire égoïstes - ont plus d'impact. Le fait de se retrouver dans une situation difficile et d'être simplement prêt à tout faire pour s'en tirer est très facile à comprendre et peut rendre très intéressants des enjeux bien moins grandioses que ce qu'on trouve dans la majorité des LDVH : on le retrouve par exemple dans des AVH telles que Un jour à l'hosto, À l'ombre des sept collines, Incarnation, etc. Les motivations personnelles et réalistes sont souvent réactives (le héros essaie de régler des problèmes engendrés par le monde extérieur), mais elles peuvent aussi être dynamiques, même si c'est plus rare.

Complètement. C’est en lisant « Cyclades » et « Fleurir en hiver » que je me suis dit qu’on était passé d’un enjeu du type « sauver le monde » à des enjeux beaucoup plus prosaïques du type « obtenir des avantages personnels afin d’acquérir un meilleur statut »
(06/02/2021, 14:12)Outremer a écrit : [ -> ]Il faut bien sûr que la motivation ne soit pas simplement mentionnée au début, mais qu'elle soit rappelée - d'une manière ou d'une autre - au fil de l'histoire. C'est particulièrement important lorsque la motivation n'est pas personnalisée. Par exemple, dans Cœur de glace L'hiver des hommes, il n'y a rien de personnalisé dans le fait que le héros cherche à obtenir un objet qui lui permettrait de sauver le monde du désastre climatique en cours, mais l'apocalypse glaciaire est tellement omniprésente et affecte tout ce que rencontre le héros à tel point que le joueur a constamment à l'esprit l'enjeu de ses actions.

Très important. merci de le rappeler. J’ai ce souci pour une AVH que j’ai commencée en novembre qui est peut-être trop classique car elle a un enjeu du type « sauver le monde » qui n’est pas personnalisé.
A ce titre Le Marais aux Scorpions propose des enjeux originaux : dresser une carte, trouver une plante, récupérer des amulettes...
(06/02/2021, 22:54)Fitz a écrit : [ -> ]A ce titre Le Marais aux Scorpions propose des enjeux originaux : dresser une carte, trouver une plante, récupérer des amulettes...

Là aussi, pour moi (au risque de paraître obtus) il ne s'agit que de 3 moyens différents d'atteindre un objectif (gagner de l'argent ou de la reconnaissance) autrement dit de résoudre un enjeu (améliorer son statut financier).
De mémoire, pour deux des trois commanditaires (le mauvais magicien et le neutre), une récompense en argent vous est proposée. Pour le bon magicien, il vous offre sa reconnaissance.
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